Memphis, juillet 1878. En pleine rue, pris d’un mal fulgurant, un homme s’écroule et meurt. Il est la première victime d’une étrange maladie, qui va faire des milliers de morts en quelques jours.
Anne Cook tient la maison close la plus luxueuse de la ville et l’homme qui vient de mourir sortait de son établissement. Keathing dirige le journal local. Raciste, proche du Ku Klux Klan, il découvre la fièvre qui sème la terreur et le chaos dans Memphis. Raphael T. Brown est un ancien esclave, qui se bat depuis des années pour que ses habitants reconnaissent son statut d’homme libre. Quand les premiers pillards débarquent, c’est lui qui, le premier, va prendre les armes et défendre cette ville qui ne voulait pas de lui.
Trois personnages exceptionnels. Trois destins révélés par une même tragédie.
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J'ai découvert cet auteur avec le fameux Ces rêves que l'on piétine, un récit que j'avais beaucoup aimé, un premier roman qui m'avait émue. Je n'ai donc pas hésité à la sortie de ce second roman à la rentrée 2020. D'autant que la 4ème de couverture annonçait à nouveau l'inscription du roman dans un contexte historique particulièrement fort, à la fin de la Guerre de Sécession dans un état du sud de l'Amérique, le Tennessee. Si la guerre est finie, les mentalités prendront plus de temps à changer et le roman témoigne des tensions encore vives entre les deux clans, unionistes et sudistes.
Dans ce roman, Sébastien Spitzer nous fait découvrir un épisode particulièrement marquant de cette période dans la ville de Memphis, une épidémie de fièvre jaune qui a dévasté la région au cours des années 1870. Récit troublant aussi pour le lecteur, en cette période de pandémie mondialisée et de confinements préventifs. A la fin du récit, l'auteur revient sur la génèse de ce roman, né de l'extrait d'un concert donné par Elvis à Las Vegas en 1969. A peine son roman terminé, l'auteur découvre avec le monde entier ce nouveau virus venu d'Asie qui nous tient sous cloche depuis déjà 9 mois. Lire ce texte en ce moment est donc particulièrement troublant.
"L'histoire fait des rimes tristes avec les faibles, elle tisse des tragédies dans les têtes imbéciles pour déjouer le quotidien, prendre le banal de court. C'est toujours la même chose. A chaque fois, ces gamines se font prendre, corps et fric."
La fièvre nous parle de l'Amérique de la fin du XVIIIème siècle, qui se remet difficilement de la fracture Nord Sud, qui affranchit ses esclaves et voit naître le Ku Klux Klan ; une Amérique où la Presse devient puissante, où les maisons closes réunissent la misère et le pouvoir dans des chambres où tout est permis. La fièvre, c'est l'histoire d'Anne Cook, de Keating et de T.Brown, mais aussi celle d'Emmy.
"Il y a eu tant de morts. Des centaines ! Des milliers, paraît-il ! Soit. Des milliers ! Ces chiffres ne veulent rien dire. Des milliers, ça fait combien de Sonia ? Comment s'appelaient-ils, tous ces gens ? Des chiffres sans noms ne font pas des morts."
Ce roman balaye de très nombreux thèmes, très riches et documentés. Mais il diffuse peu d'émotions et d'empathie. Cela reste une lecture facile qui nous emporte dans une histoire intéressante, grâce au goût pour l'Histoire de Sébastien Spitzer, et son talent de narrateur.
Je vous invite à découvrir les critiques de Kitty la mouette, Collection de livres ou Alex Mot à mots.
La fièvre - Sébastien Spitzer
Albin Michel, 19 août 2020, 320 pages
1ère lecture RL 2020 |
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