25 avril 2020

Comme les amours - Javier Marias

  

Chaque matin, dans le café où elle prend son petit déjeuner, l'éditrice madrilène María Dolz observe un couple qui, par sa complicité et sa gaieté, irradie d'un tel bonheur qu'elle attend avec impatience, jour après jour, le moment d'assister en secret à ce spectacle rare et réconfortant. Or, l'été passe et, à la rentrée suivante, le couple n'est plus là. María apprend alors qu'un malheur est arrivé. Le mari, Miguel Desvern, riche héritier d'une compagnie de production cinématographique, a été sauvagement assassiné dans la rue par un déséquilibré. Très émue, elle décide de sortir de son anonymat et d'entrer en contact avec sa femme, Luisa, qui est devenue un être fragile, comme anesthésié par la tragédie. Dans l'entourage de Luisa, María rencontre Javier Díaz-Varela, le meilleur ami de Miguel, et elle comprend vite que les liens que cet homme tisse avec la jeune veuve ne sont pas sans ambiguïté. Bien au contraire : cette relation jette une ombre troublante sur le passé du couple, sur la disparition de Miguel, sur l'avenir de Luisa et même sur celui de María.

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Comme les amours était ma quatrième lecture pour le club de lecteurs de la bibliothèque Libre Cour, qui devait se réunir le 7 avril dernier. Dans la liste qui comptait 6 romans d'auteurs espagnols vivants, j'ai déjà lu Une mère, d'Alejandro Paloma (il y a longtemps), un texte qui m'avait déçue, Les soldats de Salamine, de Javier Cercas, qui ne m'avait pas plus emballée que ça, puis Le puits, de Ivan Repila, que j'ai par contre beaucoup apprécié. Je continue donc ma découverte de la littérature espagnole contemporaine avec cet auteur très reconnu (mais dont je n'avais jamais entendu parler...) et ayant reçu de nombreux prix. Pour Comme les amours, Javier Marias a reçu les éloges de la presse et a été sacré en Espagne livre de l'année 2011.

Tout cela, je le découvre aujourd'hui, en rédigeant ce billet. Parce qu'il ne me serait pas venu à l'esprit, m'appuyant sur ma propre lecture, que ce roman puisse enthousiasmer à ce point les lecteurs. Mais peut-être ne suis-je pas allée assez loin... Je me suis pourtant bien accrochée (je déteste abandonner une lecture) mais après 15 jours sur ma table de chevet, j'ai dû m'y résoudre et le rendre pour les autres membres du club de lecteurs puissent le découvrir à leur tour.

Je ne sais plus à quelle page j'ai abandonné ma lecture, mais j'ai certainement dû m'accrocher une petite centaine de pages. L'histoire, tout d'abord, m'est parue peu réaliste. On rencontre une femme, éditrice madrilène, à une terrasse de café, épiant un couple voisin qui a ses habitudes dans ce même café. Attachée à ce rituel, Maria Dolz se rendra chaque matin à cette terrasse sur le chemin du travail et contemplera le couple si heureux et bien assorti. Puis le couple disparait et Maria en est totalement déstabilisée. Elle finit par apprendre le meurtre du mari, dont elle apprend alors le nom, Miguel Desvern. L'épouse, elle reviendra à la terrasse du café où Maria finira par oser l'aborder. Immédiatement, la veuve, Luisa, l'invite chez elle et partage ses états d'âmes dans de longs monologues. Maria finit par disparaître dans cet univers intime, pas plus visible qu'une plante verte.

Si encore cet intérêt pour le couple, cette rencontre avec Luisa, avaient quelque chose de poétique, d'une rêverie, de léger et ardent à la fois... Mais non, ce ne sont que des faits, si peu réalistes. Et le tout servi par les réflexions et supputations sans fin de Maria, les discours non moins interminables de Luisa et des digressions à n'en plus finir. L'histoire n'avance pas, mais on se perd au fil des pages.

Durant le temps que je les vis, je ne sus qui ils étaient ni quelles étaient leurs occupations bien qu'il s'agît sans aucun doute de gens qui avaient les moyens. Peut-être pas très riches, mais assurément aisés. Je veux dire que s'ils avaient été très riches, ils n'auraient pas conduits en personne leurs enfants à l'école, comme j'étais sûre qu'ils le faisaient avant leur pause à la cafétéria, probablement à l'école Estilo, tout proche, bien qu'il y en ait plusieurs dans le secteur, des pavillons d'El Viso réhabilités, ou des villas, comme on disait autrefois, je suis moi-même allée dans l'une d'elles à la maternelle, dans la rue Oquendo, pas très éloignée ; ils n'auraient pas pris non plus leur petit déjeuner presque chaque jour dans cet établissement de quartier, et ne se seraient pas rendus chacun à son travail aux environ de neuf heures, lui un peu avant, elle un peu après cette heure, selon les confirmations des serveurs quand je fis mon enquête, ainsi que celles d'une collègue de la maison d'édition avec laquelle je commentai plus tard l'évènement macabre.


Cette phrase est caractéristique de ce que l'on peut trouver dans ce roman : des phrases longues à n'en plus finir, qui distillent une somme inimaginable de détails dont on se demande où est l'intérêt, des digressions centrées sur le quotidien bien peu passionnant de Maria...

Bref, je ne vais pas m'étendre : ce livre (au moins les pages que j'ai pu en lire) m'a terriblement ennuyée et a fini par me tomber des mains. Abandonné sans regrets (enfin, on regrette toujours d'abandonner une lecture, imaginant que la révélation aurait pu se trouver à la page suivante). Je n'ai pas eu le plaisir d'en discuter avec les autres membres du club de lecteurs car le confinement nous en a privé. Mais je serai curieuse de pouvoir en discuter avec eux, et avec les lecteurs qui auront aimé ce récit.

Rappelons-nous que ce roman a été sacré en Espagne roman de l'année 2011... Aussi, pour avoir d'autres points de vue, je vous invite à découvrir les billets de Les mots de la fin, En lisant en voyageant, Des livres des livres ou de Mots pour mots. Comme quoi, il faut savoir s'accrocher parfois...

Comme les amours - Javier Marias
Editions Gallimard - août 2013 - 372 pages



3ème lecture du Comité de lecteurs


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