22 avril 2020

Le sabotage amoureux - Amélie Nothomb

 

Saviez-vous qu'un pays communiste, c'est un pays où il y a des ventilateurs? Que de 1972 à 1975, une guerre mondiale a fait rage dans la cité-ghetto de San Li Tun, à Pékin ? Qu'un vélo est en réalité un cheval ? Que passé la puberté, tout le reste n'est qu'un épilogue? Vous l'apprendrez et bien d'autres choses encore dans ce roman inclassable, épique et drôle, fantastique et tragique, qui nous conte aussi une histoire d'amour authentique, absolu, celui qui peut naître dans un cœur de sept ans. Un sabotage amoureux : sabotage, comme sous les sabots d'un cheval qui est un vélo… Avec ce roman, son deuxième livre, Amélie Nothomb s'est imposée comme un des noms les plus prometteurs de la jeune génération littéraire.

*****

Retour aux sources avec cette seconde lecture de Amélie Nothomb dans le cadre du Mois Belge proposé par Anne & Mina. Comme indiqué dans mon précédent billet, il m'a fallu faire avec ce que ma bibliothèque contenait d'auteurs belges en cette période de confinement... et c'est finalement bien peu (j'espère pouvoir me réapprovisionner pour la 8ème édition de ce rendez-vous désormais incontournable). Bref, je ne suis pas grande fan de Amélie Nothomb et ce roman trônait dans ma PAL depuis déjà plusieurs années. Après avoir lu Acide Sulfurique, je misais beaucoup sur cette nouvelle lecture pour réviser mon jugement sur les écrits de Mme Nothomb.

Je ne suis pas déçue : ce que j'apprécie chez Amélie Nothomb, ce sont ses écrits sur son enfance et sur son expérience d'enfant expatriée, en Asie notamment. Ces romans relèvent de ce que l'on appelle l'autofiction, où elle se met en scène avec fougue et humour, s'attache avec talent à mettre en lumière les confrontations culturelles entre une petite fille européenne et la vie dans des pays asiatiques. J'avais adoré Ni d'Eve ni d'Adam et Stupeur et tremblements. J'ai également pris plaisir à me plonger dans ce Sabotage amoureux qui débute avec fracas !

Amélie Nothomb excelle dans cette capacité à évoquer des sujets sérieux et parfois graves, avec un humour mordant et une grande vivacité d'esprit et d'écriture. J'ai adoré me placer dans la tête de cette petite fille de 7 ans qui débarque en Chine, après avoir vécu ces premières années au Japon. Le choc culturel est violent et l'auteur nous le traduit dans une langue recherchée et travaillée, sans jamais rien ôter à la naïveté ou à la fraîcheur de l'enfance. Ni à la violence non plus d'ailleurs. Et ça j'aime beaucoup.
Au grand galop de mon cheval, je paradais parmi les ventilateurs. J'avais sept ans. Rien n'était plus agréable que d'avoir trop d'air dans le cerveau.

On retrouve dans cet extrait la fougue de la plume d'Amélie Nothomb, sa truculence et son humour incisif à la fois. J'aime aussi le regard de l'auteur sur son caractère égocentrique de petite fille, son côté hautain et prétentieux. Le fait qu'elle le présente à travers les mots ou la pensée d'une petite fille qui a une grande force de caractère et des opinions très arrêtées me la rend attachante… ce que je ne supporterais très certainement pas d'un personnage adulte. Sa capacité à prendre du recul et à présenter les évènements avec humour, contribue à cet attachement.
Je savais lire depuis mes quatre ans, écrire depuis mes cinq ans, et je laçais mes souliers toute seule depuis la préhistoire. Je n'avais donc plus rien à apprendre.

Sur le fond du récit, enfin, et la découverte de l'amour par cette petite fille de 7 ans auprès d'une enfant modèle de 6 ans, là, par contre, je serais moins enthousiaste. J'ai aimé la manière qu'a l'auteur de nous décrire les états d'âme de cette petite fille qui se pâme pour une petite voisine qui lui semble intouchable et qui est prête à tous les sacrifices pour s'en faire aimer également. Mais j'ai fini par trouver cela un peu long. De la même manière, les récits de guerre de mondiale au milieu de la cité où résident, enfermés, de nombreux expatriés, m'ont lassés. Et pourtant, les enfants font preuve d'une grande imagination pour trouver de nouveaux châtiments à infliger à leurs ennemis ! Mais sur ces deux aspects, j'ai trouvé que l'auteur se répétait et j'avais hâte de finir ma lecture. Ce qui n'est jamais bon, surtout pour un récit de 123 pages seulement.
Je me souviens très bien du jour où j'ai appris que j'allais vivre en Chine. J'avais à peine cinq ans, mais j'avais déjà compris l'essentiel, à savoir que j'allais pouvoir me vanter.

Je renoue cependant avec le plaisir de lire Amélie Nothomb et me dis qu'il me reste quelques unes de ses autofictions à découvrir. Pour un prochain Mois Belge peut-être.


Le sabotage amoureux - Amélie Nothomb
Lu en livre de Poche - 1ère parution 1993 - 123 pages



2ème lecture du Mois Belge 2020

Et 2ème sortie de PAL !




8 commentaires:

  1. Ta lecture est quand même en demi-teinte ? Je ne me souviens pas d'avoir lu ce titre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En effet : j'ai beaucoup aimé me replonger dans cet univers vif et plein d'humour… Mais j'ai fini par m'ennuyer. Je n'en ai pas d'autres de Mme Nothomb dans ma bibliothèque. Ce sera tout pour ce mois-ci ;-)

      Supprimer
  2. Bon, Nothomb, ce sera pour plus tard...

    RépondreSupprimer
  3. J'avais bien aimé ce titre, à l'époque où je lisais tout ce que sortais cette auteure (ça remonte à ... hum... au moins deux décennies !!) dont j'aimais le ton étrange, le vocabulaire inédit (je lisais ses romans, quand c'était possible, avec un dico à portée de main)... ça s'est gâté à partir d'Antechrista, de mémoire. Son écriture a perdu son charme à mes yeux, et je crois que je m'étais lassée d'avoir l'impression de lire toujours plus ou moins la même histoire. Mais je garde malgré tout un souvenir très attendri de toutes les lectures faites jusque-là ! Et merci pour ce billet très complet !

    RépondreSupprimer
  4. Je retiens de ton billet qu'elle est plus intéressante en autofiction ! ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour cet esprit de synthèse !!! ;-)
      Oui en effet, c'est là que je la préfère.

      Supprimer