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23 décembre 2021

Le rapport chinois - Pierre Darkanian

      


Une rumeur circule dans les cercles de pouvoir. Elle concerne un épais dossier intitulé Le Rapport Chinois. On dit que sa lecture rend fou. Pour certains, ce rapport à quelque chose à voir avec les cartels de la drogue. Pour d’autres il s’agit du manifeste d’un complot mondial. Quelques-uns en parlent comme d’un texte visionnaire.
On s’accorde en tout cas sur l’identité de son rédacteur : Tugdual Laugier. Mais là-aussi le mystère reste entier… Est-ce le nom d’un imposteur surdoué, d’un prophète ou d’un parfait imbécile ?
Quand la société des Hommes devient une farce, la vérité a besoin d’un bouffon. Le premier roman de Pierre Darkanian est une corde de funambule tendue entre le vide de l’existence et l’absurdité du monde moderne. On y danse, trébuche et progresse derrière Tugdual, aussi inoubliable que Falstaff ou Ignatius Reilly, d’une falaise à l’autre, d’un rire féroce à une troublante mélancolie.

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Quel étrange ouvrage que ce premier roman de Pierre Darkanian ! Lecture commune du prochain Comité des lecteurs, il était aussi conseillé par la libraire lors de la présentation de la rentrée littéraire. Un roman farfelu, satirique sur fond de scandales financiers et qui traite de la vacuité de certains métiers, de l'absurdité du capitalisme... Un roman très drôle...

21 décembre 2021

La femme gelée - Annie Ernaux

    
  
Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un "cadre", mère de deux enfants. Elle habite un appartement agréable. Pourtant, c'est une femme gelée. C'est-à-dire que, comme des milliers d'autres femmes, elle a senti l'élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d'enseignante. Tout ce que l'on dit être la condition "normale" d'une femme.

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Il m'a fallu beaucoup de temps pour en venir à lire Annie Ernaux. Et pourtant mes lectures tournant autour du thème de la condition des femmes m'y ont souvent renvoyé. J'ai commencé avec La femme gelée qu'il m'a pourtant fallu longtemps à apprivoiser. J'ai relu les premières pages de nombreuses fois pendant 2 ou 3 semaines... avant de finir par abandonner.

28 novembre 2021

Le festin des hyènes - Fabienne Juhel


Comme chaque matin depuis que la Terre supporte ce vieux continent noir de soleil, balafré de pistes poussiéreuses et bordées d'épineux, les femmes sont de corvée d'eau. Elia avec les autres, elle qui voudrait aller à l'école comme ses frères. Mais ce jour- là, les singes hurleurs, les barbicans et les pygargues vocifères accompagnent ses premiers pas hors du village, couvrant de leurs cris la musique creuse des bidons accrochés aux flancs de l'âne. Elia n'y prête pas attention. Peut-être devrait-elle. Peut-être leur ramage veut-il la mettre en garde. Car depuis que son premier sang menstruel a coulé, à son insu son sort en a été jeté. Elle sera, Elia, soumise au Kusasa fumbi, ce rite sexuel selon lequel les vierges sont déflorées par des hommes que l'on appelle les hyènes. Après La Chaise numéro 14, avec ce roman situé au Malawi, Fabienne Juhel interroge une nouvelle fois les rapports de force au sein d'une communauté et la figure du paria. Mais elle fait vivre aussi par la force de sa poétique si singulière un territoire riche d'espèces panchroniques, où l'homme n'est jamais bien loin de ses prédateurs, le monde même où s'est forgée l'humanité.

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24 novembre 2021

Sans famille - Hector Malot

     

Le chien Capi et le singe Joli-Cœur, la brave mère Barberin et le signor Vitalis à la longue barbe blanche, Lise la petite muette, Mattia le jeune musicien, sans oublier bien sûr le courageux Remi, l’enfant trouvé… Autant de personnages si attachants qu’on ne les oublie plus quand on a fait leur connaissance, et que les générations successives découvrent avec le même bonheur. Publié en 1878, Sans famille est devenu un classique de la littérature de jeunesse. Mais il n’y a pas d’âge pour se laisser captiver par l’extraordinaire don de conteur d’Hector Malot, et émouvoir par sa tendresse envers les humbles ; ni pour apprécier le talent avec lequel il tente de rendre le pittoresque et la réalité des milieux traversés par Rémi.

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05 novembre 2021

Milwaukee Blues - Louis-Philippe Dalembert

  

Depuis qu’il a composé le nine one one, le gérant pakistanais de la supérette de Franklin Heights, un quartier au nord de Milwaukee, ne dort plus : ses cauchemars sont habités de visages noirs hurlant « Je ne peux plus respirer ». Jamais il n’aurait dû appeler le numéro d’urgence pour un billet de banque suspect. Mais il est trop tard, et les médias du monde entier ne cessent de lui rappeler la mort effroyable de son client de passage, étouffé par le genou d’un policier.
Le meurtre de George Floyd en mai 2020 a inspiré à Louis-Philippe Dalembert l’écriture de cet ample et bouleversant roman. Mais c’est la vie de son héros, une figure imaginaire prénommée Emmett – comme Emmett Till, un adolescent assassiné par des racistes du Sud en 1955 –, qu’il va mettre en scène, la vie d’un gamin des ghettos noirs que son talent pour le football américain promettait à un riche avenir.
Son ancienne institutrice et ses amis d’enfance se souviennent d’un bon petit élevé seul par une mère très pieuse, et qui filait droit, tout à sa passion pour le ballon ovale. Plus tard, son coach à l’université où il a obtenu une bourse, de même que sa fiancée de l’époque, sont frappés par le manque d’assurance de ce grand garçon timide, pourtant devenu la star du campus. Tout lui sourit, jusqu’à un accident qui l’immobilise quelques mois… Son coach, qui le traite comme un fils, lui conseille de redoubler, mais Emmett préfère tenter la Draft, la sélection par une franchise professionnelle. L’échec fait alors basculer son destin, et c’est un homme voué à collectionner les petits boulots, toujours harassé, qui des années plus tard reviendra dans sa ville natale, jusqu’au drame sur lequel s’ouvre le roman.
La force de ce livre, c’est de brosser de façon poignante et tendre le portrait d’un homme ordinaire que sa mort terrifiante a sorti du lot. Avec la verve et l’humour qui lui sont coutumiers, l’écrivain nous le rend aimable et familier, tout en affirmant, par la voix de Ma Robinson, l’ex-gardienne de prison devenue pasteure, sa foi dans une humanité meilleure.

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31 octobre 2021

Cinq semaines en ballon - Jules Verne

     

Tenter de traverser l'Afrique d'est en ouest par la voie des airs, prétendre survoler dans sa plus grande largeur le dangereux continent noir à bord d'une fragile nacelle livrée à tous les caprices des vents, c'était, au temps de Jules Verne, une entreprise d'une audace incroyable. Comme on peut s'y attendre, les cinq semaines qu'il faudra au docteur Fergusson et à ses deux compagnons pour y parvenir seront pleines d'imprévu et de péripéties.
Ce roman passionnera ceux qui s'intéressent aux débuts de l'aéronautique et, en général, tous ceux qui aiment l'humour et la verve des "Voyages extraordinaires" dont Cinq Semaines en ballon ouvrait la série. Paru en décembre 1862, il eut un succès foudroyant, en France, d'abord, puis dans le monde.

27 août 2021

Le sphinx des glaces - Jules Verne

    

Jeorling attend avec impatience la goélette l'Halbrane dont on lui a vanté les qualités et surtout celles du capitaine, Len Guy. Il a en effet décidé de rentrer chez lui, au Connecticut, après des mois passés aux îles de la Désolation. L'Halbrane arrive enfin... mais le capitaine Len Guy commence par refuser tout net de le prendre comme passager, puis, brusquement, la veille du départ, il change d'avis ! A bord, Len Guy finit par dévoiler à Jeorling les raisons de son revirement : c'est parce qu'il est américain, du Connecticut, et qu'ainsi il est possible qu'il ait connu la famille d'Arthur Gordon Pym... Arthur Gordon Pym ! le héros dont Edgar Poe a raconté les surprenantes aventures à travers la mer Antarctique ! Jeorling croit rêver... Le roman d'Edgar Poe pourrait-il être autre chose qu'une fiction, une œuvre d'imagination du plus prodigieux des écrivains américains ? Les événements qui surviennent alors vont démontrer à Jeorling que le capitaine Len Guy a bien tout son bon sens, et l'entraîner dans les plus merveilleuses et terribles aventures...
Le Sphinx des glaces, suite inattendue des Aventures d'Arthur Gordon Pym, est l'un des derniers grands romans de Jules Verne.

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25 août 2021

L'échelle des Jacob - Gilles Jacob

     

« Je me suis rappelé le jour où nous avions dîné tous ensemble et où mon père avait allumé son cigare à la fin du repas. Ma mère nous a rejoints au salon et a pensé à haute voix : « On est là tous les quatre… les choses qu’on a vécues… » Silencieux, le regard perdu, tous deux souriaient à demi. Oui, la famille avait survécu. »
C’était avant Bardot et les starlettes, avant que Spielberg, Coppola ou Jarmusch ne débarquent sur la Croisette, avant les batailles pour la palme et les très riches heures du Festival de Cannes. C’était à la fin du XIXème siècle, dans une ferme en Lorraine. Un certain Auguste Jacob, mon grand-père, décidait de monter à Paris. Ainsi commençait l’histoire des miens - mon histoire. Avec ses heures de gloire -mon père André, héros de la Première guerre ; le cousin François, Compagnon de la Libération et prix Nobel- et ses heures sombres -l’Occupation, l’exode, un dramatique secret.
En racontant l’ascension d’un modeste paysan qui aura fondé, contre vents et marées, guerres et déportation, une dynastie, j’ai voulu raconter un peu plus qu’une affaire de famille. Une histoire française prise dans la tourmente du siècle et les tourments intimes.

20 avril 2021

J'aurais pu devenir millionnaire, J'ai choisi d'être vagabond - Alexis Jenni

  

" C'est l'homme le plus libre que j'ai jamais rencontré ", disait de lui Theodore Roosevelt.

Né en Écosse, débarqué à dix ans aux États-Unis, installé dans la région des Grands Lacs, il travaille sans relâche dans la ferme familiale, mais lève parfois la tête pour s'émerveiller de la nature environnante. Le soir, il invente des machines qu'il présente en ville, dont ce réveil qui le sort automatiquement du lit à l'heure du lever. Très vite, John Muir rejette cette existence de forçat et décide de vivre en autonomie dans la nature. Il quitte le Wisconsin et sillonne le pays à pied jusqu'en Floride, puis rejoint la Californie. Dès lors, il ne cessera de parcourir le monde. Figure mythique aux États-Unis, créateur du parc national de Yosemite, John Muir s'interrogea sur le sens de la vie dans la nouvelle société industrielle et industrieuse et y répondit tout simplement par son mode de vie.

19 février 2021

Chavirer - Lola Lafon

  


1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d’obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c’est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d’autres collégiennes.
2019. Un fichier de photos est retrouvé sur le net, la police lance un appel à témoins à celles qui ont été victimes de la Fondation. Devenue danseuse, notamment sur les plateaux de Drucker dans les années 1990, Cléo comprend qu’un passé qui ne passe pas est revenu la chercher, et qu’il est temps d’affronter son double fardeau de victime et de coupable.
Chavirer suit les diverses étapes du destin de Cléo à travers le regard de ceux qui l’ont connue tandis que son personnage se diffracte et se recompose à l’envi, à l’image de nos identités mutantes et des mystères qui les gouvernent.
Revisitant les systèmes de prédation à l’aune de la fracture sociale et raciale, Lola Lafon propose ici une ardente méditation sur les impasses du pardon, tout en rendant hommage au monde de la variété populaire où le sourire est contractuel et les faux cils obligatoires, entre corps érotisé et corps souffrant, magie de la scène et coulisses des douleurs.

03 février 2021

Voyage au centre de la Terre - Jules Verne

     
 
[...] Alors une invincible épouvante s'empara de mon cerveau et ne le quitta plus. J'avais le sentiment d'une catastrophe prochaine, et telle que la plus audacieuse imagination n'aurait pu la concevoir. Une idée, d'abord vague, incertaine, se changeait en certitude dans mon esprit. Je la repoussai, mais elle revint avec obstination. Je n'osais la formuler. Cependant, quelques observations involontaires déterminèrent ma conviction. À la lueur douteuse de la torche, je remarquai des mouvements désordonnés dans les couches granitiques ; un phénomène allait évidemment se produire, dans lequel l'électricité jouait un rôle ; puis cette chaleur excessive, cette eau bouillante !.... Je voulus observer la boussole. Elle était affolée ! [...] (extrait)
Suite à la découverte d'un manuscrit codé décrivant le moyen de parvenir au centre de la Terre, le jeune Axel est entraîné par son oncle, savant minéralogiste, dans l'une des plus étranges expéditions imaginées par Jules Verne.

30 janvier 2021

Les lettres d'Esther - Cécile Pivot

   

À la mort de son père, Esther, libraire du nord de la France, décide d’ouvrir un atelier d’écriture épistolaire, en souvenir de la correspondance qu’ils entretenaient tous les deux. Cinq personnes répondent à son annonce : Jeanne, 70 ans, dont la colère contre les dérives de la société actuelle reste toujours aussi vive ; Juliette et Nicolas, un couple démuni et désuni face à une sévère dépression post-partum ; Jean, un businessman cynique qui ne trouve plus de sens à sa vie ; Samuel, un adolescent rongé par la culpabilité qui ne parvient pas à faire le deuil de son frère, mort d’un cancer. 

Tous aspirent à bien autre chose qu’à apprendre à écrire, et au fil des lettres, des solitudes sont rompues, des liens se renouent, des cœurs s’ouvrent, des reprochent s’estompent, des mots/maux trop longtemps tus sont enfin écrits, des peurs et des chagrins sont exorcisés. ​

Ces correspondances croisées seront une véritable leçon de vie dont chaque participant ressortira profondément transformé, prêt à s’ouvrir au bonheur et à la réconciliation, qu’ils se trouvent dans une cabine téléphonique au fin fond du Japon, dans la douceur d’une brioche ou dans les yeux d’un bébé.​ Un roman épistolaire pétri d’humanité et d’amour de la vie​.

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Nouvelle lecture de la rentrée littéraire 2020 proposée par le Comité de lecteurs de la bibliothèque auquel je participe, parallèlement au Club de lecture de la librairie que je fréquente. Sur les 6 titres de la sélection pour le rendez-vous de janvier, il me semble que celui-ci est le seul qui ne soit pas un premier roman.

Ce récit à un petit côté désuet et romantique, faisant revivre pour notre plus grand bonheur le temps des correspondances épistolaires, celui d'avant internet et WhatsApp. J'ai adoré le principe de ce roman : en réponse à la proposition d'une libraire lilloise, 5 inconnus sont invités à échanger des lettres. Ils doivent se choisir chacun deux correspondants et écrire en répondant aux consignes de la libraire. Les participants étant en nombre impair, la libraire doit également se prêter au jeu.

Se livrer par écrit lorsqu'on ne se connaît pas n'est pas un exercice facile. Mais chacun va finir par nouer des relations sincères avec ses correspondants. A travers ces lettres, plus ou moins longues, le lecteur partage non seulement la vie de ces 6 protagonistes qui se racontent avec plus ou moins de profondeur selon leur tempérament, mais on découvre aussi leurs caractères à travers leurs mots, leurs réactions aux courriers des autres, leur compassion ou leur agacement parfois. Chacun des six écrivains en herbe se dévoile petit à petit. Tous évoluent grâce à ses échanges qui finalement engagent peu dans la mesure où ils ne se connaissent pas, mais qui leur apportent beaucoup.

Les sujets abordés touchent à l'intime : l'éloignement d'une mère et de sa fille, l'absence d'un père qui n'était pas fait pour la vie de famille, le deuil d'un frère et la souffrance de ceux qui restent... et puis bien sûr la dépression du post partum, qui m'a beaucoup touchée tant ce sentiment est éloigné de l'enchantement qu'à été pour moi la naissance de ma fille. Quelle souffrance pour cette mère qui n'entre pas dans les codes de la maternité heureuse qu'impose notre société ! Quelle incompréhension et incrédulité pour le père de l'enfant. L'idée de participer à cet atelier vient de la psychologue de la jeune femme pour qui la correspondance doit leur permettre de se retrouver et de se parler. J'ai trouvé cette idée tellement originale et sensible.

Malgré ces sujets douloureux et forts, j'ai trouvé ce livre un peu facile ou superficiel. J'ai trouvé qu'il manque un peu d'épaisseur et de densité. Néanmoins, j'ai aimé cette atmosphère douce et un peu éthérée, ce côté un peu suranné des échanges épistolaires. J'ai apprécié la sincérité des personnages dans leurs échanges, leur capacité d'écoute et d'empathie. J'avais commencé à écrire ce billet en pensant le faire paraître dans le challenge Feel Good de Soukee. Finalement il n'y sera pas, mais je pense qu'il répond bien aux critères du genre : c'est une histoire originale, qui fait du bien et donne une vision positive et optimiste de la vie et des gens. Un récit léger et accessible. Mais ce classement ne doit pas faire oublier l'originalité de la construction et du parti pris littéraire.

Une belle histoire qui vous donne envie de reprendre la plume et le papier et d'échanger des lettres.

Les lettres d'Esther - Cécile Pivot

Editions Calman-Levy - août 2020 - 320 pages


D'autres avis chez Mumu dans le bocage, Les livres d'Eve ou encore Collection de livres.




08 janvier 2021

Entre fauves - Colin Niel

  

Martin est garde au parc national des Pyrénées. Il travaille notamment au suivi des derniers ours. Mais depuis un an et demi, on n’a plus trouvé la moindre trace de Cannellito, le seul plantigrade avec un peu de sang pyrénéen qui fréquentait encore ces forêts, pas d’empreinte de tout l’hiver, aucun poil sur les centaines d’arbres observés. Martin en est chaque jour plus convaincu : les chasseurs auront eu la peau de l’animal. L’histoire des hommes, n’est-ce pas celle du massacre de la faune sauvage ? Alors, lorsqu’il tombe sur un cliché montrant une jeune femme devant la dépouille d’un lion, arc de chasse en main, il est déterminé à la retrouver et la livrer en pâture à l’opinion publique. Même si d’elle, il ne connaît qu’un pseudonyme sur les réseaux sociaux : Leg Holas. Et rien de ce qui s’est joué, quelques semaines plus tôt, en Afrique.

Entre chasse au fauve et chasse à l’homme, vallée d’Aspe dans les Pyrénées enneigées et désert du Kaokoland en Namibie, Colin Niel tisse une intrigue cruelle où aucun chasseur n’est jamais sûr de sa proie.

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Colin Niel a réussi un magistral tour de force avec ce nouveau livre : celui d'avoir réussi à me captiver et me passionner avec une chasse aux fauves en Afrique, au cœur en Namibie, dans le Kaokoland. Comme beaucoup je pense, je suis sensibilisée à la protection de l'environnement, à la défense des espèces, animales et végétales, qui disparaissent pourtant par milliers depuis ces dernières années. Je m'intéresse au devenir de la planète et me soucie du bien être animal. Je mange bio, je limite ma consommation de viande, j'essaye de faire attention aux poissons que je consomme, je privilégie le local et responsable... Je trie, je recycle, j'achète et vrac et je fais ma lessive. Comme beaucoup aussi, malgré tout, j'ai mes contradictions quand il s'agit de traverser la France en voiture pour aller randonner dans les Pyrénées, quand j'aspire à pouvoir retourner en Angleterre ou en Norvège, quand j'accroche mes guirlandes électriques pour Noël à l'extérieur de la maison... Mais j'essaye de faire au mieux.

Je suis surtout horrifiée quand je tombe sur ces photos de gens richissimes qui traversent la planète en avion ou en 4/4 pour aller chasser le lion ou la gazelle et se pavanent sur Facebook avec les photos de leurs trophées. Je me révolte face au trafic d'animaux ou à l'élevage intensif. Je défends a priori la réintroduction des ours en montagne, même si je comprends très bien les craintes des éleveurs. En bref, je me suis forgée des points de vue, qui parfois sont tranchés, d'autres moins affirmés.

Et là, Colin Niel fait tout voler en éclats, avec une maîtrise et un talent qui se confirme de livre en livre. J'ai adoré suivre Apolline en Namibie, en quête du trophée ultime qu'est le roi des animaux, le lion, Charles dans le récit. Ce roman est l'histoire de cette traque, d'une chasse au cœur des paysages authentiques et préservés de l'Afrique. On est parfois aux côtés de la jeune femme, parfois dans l'esprit du lion. Et on suit les pistes, on cherche les traces. On s'approche et on rencontre les fauves bien plus que lors de nos visites au zoo. Apolline est une passionnée, de la nature, d'authenticité, elle a le goût de l'effort... et de la chasse aussi.

De l'autre côté, il y a Martin, garde expérimenté dans le parc national des Pyrénées, qui défend la présence des animaux, l'ours y compris. Martin qui s'enflamme et dépasse les limites dans sa lutte contre les chasseurs et les éleveurs qui voudraient bien voir disparaître cette menace de leurs montagnes. Martin fait partie d'un groupe qui débusque les chasseurs sur internet et les jette en pâture à la vindicte populaire. Il tombe, on s'en doute, sur la photo d'Apolline. Et c'est de ces récits parallèles dont il est question ici.

"La vérité, c’est que sur cette Terre que l’homme n’aurait jamais fini d’abîmer, il existait plus de lions en peluche que de lions vivants. Et c’est certain, un jour on en parlerait comme d’un animal du passé."


Comment vous dire à quel point j'ai été éblouie par ce roman ? Très certainement parce qu'il a réussi à bousculer mes convictions. Je n'ai sans doute pas changé d'avis... mais avoir partagé ces moments intenses, en Afrique ou dans les Pyrénées, transforme forcément. Je me suis fait violence au début, pour essayer de ne pas juger, de ne pas m'exaspérer ou me révolter contre ce qui me semblait un parti-pris pro-chasse. Et puis j'ai fini par lâcher prise et me laisser emporter par le récit. Ce roman est intense par la tension qui naît de la chasse, et qui monte au fur et à mesure que les chasseurs se rapprochent de leurs proies. Si, dans la première partie du récit, on découvre des univers exotiques, des personnages aux caractères bien trempés, des quotidiens, dans les montagnes ou la savane, on bascule ensuite dans le roman noir qui happe le lecteur et l'emporte, en apnée, jusqu'à la dernière page. J'ai englouti le dernier tiers de ce roman de 350 pages d'une traite. Pour un final... époustouflant et très malin !

J'ai découvert Colin Niel grâce à la Librairie Lise&moi qui l'avait invité à présenter ses romans. J'avais été passionnée par son discours sur ses récits qui se déroulent en Guyane. Il nous fait découvrir un pays, un univers, des personnages, en plongeant au plus profond des réalités. Ma sensibilité de "sociologue" se passionne par ces approches. J'avais lu Ce qui reste en forêt qui m'avait enthousiasmée. Mais j'ai découvert Colin Niel avec Seules les bêtes, qui navigue cette fois entre le massif central et l'Afrique, et qui fut un réel coup de cœur. L'auteur a ce talent de réussir à nous attirer et nous plonger dans des univers si lointains, si surprenants ; il sait attiser notre curiosité.

Bref, je vais en rester là... mais ne passez pas à côté de cet auteur. Ni de ce roman, particulièrement riche et qui suscite aussi la réflexion.

Entre fauves - Colin Niel
Editions du Rouergue - septembre 2020 - 336 pages


Vous pouvez aussi découvrir l'interview de l'auteur sur Babelio et découvrir les avis de Mots pour mots, Tant qu'il y aura des livres, ou des livres de k79.




12 décembre 2020

Le monde du vivant - Florent Marchet


Cet été-là, Solène a quatorze ans et déteste son père, Jérôme. Celui-ci a décidé d'installer sa petite famille loin d'Orléans, dans une ferme biologique où les corvées n'arrêtent jamais. C'est la fin du collège et le début du sentiment amoureux. Solène découvre la sexualité, sa légèreté, ses bouderies, ses audaces. Elle aimerait vivre, et a l'impression que le monde entier l'en empêche. Enfin, surtout son père. Alors que les moissons approchent, un accident survient ; l'équilibre familial est chamboulé. En ce mois de juillet, la vie s'embrase. Florent Marchet joue sur les émotions de chacun, la solitude de l'existence, sa beauté aussi. Une forme de suspens saisit cette campagne où il fait trop chaud, où les corps sont trop moites, où les gestes sont maladroits et où les malentendus vont croissant, jusqu'au finale. Un premier roman qui regarde le monde contemporain droit dans les yeux.

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Le Club de lecteurs de la bibliothèque nous propose de nouveau un premier roman de cette rentrée littéraire 2020. Il s'agit là encore d'un récit sur le bouleversement, la révolution au sein de la famille. Après un passage dans le clan mafieux italien de Je suis la bête, direction la campagne française où une famille tente de donner un nouveau sens à sa vie en se rapprochant de la nature.

Ce roman réuni deux grands sujets. D'abord celui du drame écologique qui se joue et de notre nécessaire prise de conscience quant à notre mode de vie et de consommation. Jérôme, ancien ingénieur, a décidé de changer de vie, de quitter la ville pour rejoindre la campagne et se lancer dans l'agriculture biologique. Comme pour de nombreux néo-ruraux, vient alors le moment de faire face à la réalité du monde, de confronter ses rêves d'une vie plus saine, ses convictions écologiques d'une vie plus rustique et décroissante… à la réalité du quotidien, de la charge de travail. Vient le temps des compromis entre une agriculture exigeante et le nécessaire équilibre financier. Autour de Jérôme, les agriculteurs conventionnels détruisent la nature dont ils espèrent quand même tirer profits et s'enfoncent toujours plus dans la misère et l'endettement. La ferme de Jérôme garde la tête hors de l'eau mais au détriment de la pureté du projet. Le caractère de Jérôme en pâti, il peste et grogne après tout le monde, en veut à la terre entière des difficultés qu'il rencontre.

La seconde histoire est celle de Solène, jeune collégienne de 15 ans pour qui les vacances d'été approchent. Elle regrette la ville, ses amis, les virées shopping avec sa mère, peste après ce petit frère qui a détourné d'elle un peu de l'attention de ses parents. Très bonne élève, elle cherche à s'intégrer aux groupes qui se préparent à fêter la fin de l'année scolaire, quitte à franchir les limites qu'elle s'était elle-même fixées. Et puis bien sûr, elle rencontre l'amour auprès de Baptiste, jeune garçon de sa classe. Solène aussi a envie de renverser la table, bouleverser son quotidien et le prendre en main, gagner son indépendance et vivre ses propres expériences.

C'est dans cette ambiance électrique qu'arrive Théo, doux rêveur, wwoofeur formé à la permaculture et l'agroforesterie, aux conditions de développement d'un mode de vie durable, bricoleur astucieux qui répare le toit de la grange et installe la clôture tant attendue. Théo est le petit grain de sable qui fini par tout faire exploser, mettant les uns et les autres face à leurs contradictions et leurs ambitions déçues, révélant la passion et la colère qui bouillonnent chez Jérôme comme chez sa fille, Solène.

J'ai beaucoup aimé ce récit qui témoigne de l'impatience d'une époque et d'un âge, l'adolescence. Chacun réalise qu'il va falloir quitter le confort de l'enfance, d'une vie protégée pour vivre sa vie et expériences, abandonner le mode de vie qui est le nôtre aujourd'hui, fait de surconsommation et d'une perte de sens. Mais avant d'atteindre l'âge adulte des certitudes et de l'assurance, il faut traverser bien des déceptions, des peurs et des vexations. Théo est celui qui semble avoir atteint l'âge adulte, fait ses expériences d'adolescent, avoir acquis une maturité et se couler sans regrets ni agressivité dans ce nouveau monde, offrant de son temps contre le logis et le couvert, pour partager son expérience et poursuivre sa formation.
"Théo oublie que ceux qui seraient prêts à accepter la révolution écologique ne sont pas nombreux, y compris au sortir d’une pandémie. Jérôme l’affirme souvent lors de ses interminables débats avec Marion : les pauvres veulent désormais jouer aux riches. Même en France, ils ne manifesteront jamais pour un changement radical de société. S’ils bloquent le pays, ce sera pour réclamer plus de consommation, plus de McDo, de centres commerciaux et d’écrans 4 K . Sans le savoir, ils manifesteront pour ce monde ultra-libéral, pour le droit à en être, à faire partie de l’élite qui se gave, qui profite, qui dépense sans compter, qui gaspille des ressources à l’infini dans un monde fini."
Ce récit montre bien que le chemin de la transformation ne se fait pas sans heurts ni obstacles. A la fin cependant, on peut se demander si l'être humain est assez sage pour parvenir à changer le monde et perdre ses vieux réflexes de domination et de toute puissance... C'est aussi un récit qui parle de nous, d'une adolescence passée, plus ou moins lointaine, qui n'a pas toujours été facile et qui laisse des traces ; il nous parle d'un monde qu'on se prend à rêver, à idéaliser, mais pour lequel on n'est pas prêts à faire des sacrifices. Il nous parle de cet équilibre instable entre les ambitions, les petites rebellions et le confort qui nous engourdi. C'est un peu ça aussi l'adolescence... Un premier roman très réussi, très riche en réflexions sur le monde qui est aujourd'hui le nôtre.

Le monde du vivant - Florent Marchet
Stock (La Bleue) – 288 pages ; Parution le 19 août 2020

Pour compléter cet avis, je vous invite à découvrir ceux des Livres d'Eve, Ma voix au chapitre, ou des Pages de Sam.






07 décembre 2020

La fièvre - Sébastien Spitzer


Memphis, juillet 1878. En pleine rue, pris d’un mal fulgurant, un homme s’écroule et meurt. Il est la première victime d’une étrange maladie, qui va faire des milliers de morts en quelques jours.
Anne Cook tient la maison close la plus luxueuse de la ville et l’homme qui vient de mourir sortait de son établissement. Keathing dirige le journal local. Raciste, proche du Ku Klux Klan, il découvre la fièvre qui sème la terreur et le chaos dans Memphis. Raphael T. Brown est un ancien esclave, qui se bat depuis des années pour que ses habitants reconnaissent son statut d’homme libre. Quand les premiers pillards débarquent, c’est lui qui, le premier, va prendre les armes et défendre cette ville qui ne voulait pas de lui.
Trois personnages exceptionnels. Trois destins révélés par une même tragédie.

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J'ai découvert cet auteur avec le fameux Ces rêves que l'on piétine, un récit que j'avais beaucoup aimé, un premier roman qui m'avait émue. Je n'ai donc pas hésité à la sortie de ce second roman à la rentrée 2020. D'autant que la 4ème de couverture annonçait à nouveau l'inscription du roman dans un contexte historique particulièrement fort, à la fin de la Guerre de Sécession dans un état du sud de l'Amérique, le Tennessee. Si la guerre est finie, les mentalités prendront plus de temps à changer et le roman témoigne des tensions encore vives entre les deux clans, unionistes et sudistes.

Dans ce roman, Sébastien Spitzer nous fait découvrir un épisode particulièrement marquant de cette période dans la ville de Memphis, une épidémie de fièvre jaune qui a dévasté la région au cours des années 1870. Récit troublant aussi pour le lecteur, en cette période de pandémie mondialisée et de confinements préventifs. A la fin du récit, l'auteur revient sur la génèse de ce roman, né de l'extrait d'un concert donné par Elvis à Las Vegas en 1969. A peine son roman terminé, l'auteur découvre avec le monde entier ce nouveau virus venu d'Asie qui nous tient sous cloche depuis déjà 9 mois. Lire ce texte en ce moment est donc particulièrement troublant.

"L'histoire fait des rimes tristes avec les faibles, elle tisse des tragédies dans les têtes imbéciles pour déjouer le quotidien, prendre le banal de court. C'est toujours la même chose. A chaque fois, ces gamines se font prendre, corps et fric."

La fièvre nous parle de l'Amérique de la fin du XVIIIème siècle, qui se remet difficilement de la fracture Nord Sud, qui affranchit ses esclaves et voit naître le Ku Klux Klan ; une Amérique où la Presse devient puissante, où les maisons closes réunissent la misère et le pouvoir dans des chambres où tout est permis. La fièvre, c'est l'histoire d'Anne Cook, de Keating et de T.Brown, mais aussi celle d'Emmy.

"Il y a eu tant de morts. Des centaines ! Des milliers, paraît-il ! Soit. Des milliers ! Ces chiffres ne veulent rien dire. Des milliers, ça fait combien de Sonia ? Comment s'appelaient-ils, tous ces gens ? Des chiffres sans noms ne font pas des morts."

Ce roman balaye de très nombreux thèmes, très riches et documentés. Mais il diffuse peu d'émotions et d'empathie. Cela reste une lecture facile qui nous emporte dans une histoire intéressante, grâce au goût pour l'Histoire de Sébastien Spitzer, et son talent de narrateur.

Je vous invite à découvrir les critiques de Kitty la mouette, Collection de livres ou Alex Mot à mots.


La fièvre - Sébastien Spitzer
Albin Michel, 19 août 2020, 320 pages



1ère lecture RL 2020



29 novembre 2020

Cannisses - Marcus Malte

 

Dans un lotissement de province, un homme tente de surmonter la mort de sa femme et d'élever seul leurs deux enfants. Retranché derrière ses cannisses, il observe ses voisins : un couple et leur petite fille. Une famille unie, en bonne santé, qui vit avec insouciance et légèreté dans un pavillon semblable au sien. Des gens heureux. Pourquoi eux et pas lui ? A quoi ça tient, le bonheur ? A presque rien. A un fil. A l'emplacement d'une maison. A un numéro sur la façade. Peut-être. Ce qui est sûr, c'est qu'une simple rue, parfois, sépare la raison de la folie. Il suffit de la traverser pour que tout bascule. Avec Cannisses, l'auteur nous entraîne, doucement mais inéluctablement, dans le récit de la douleur ordinaire. Et de l'horreur absolue.

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Un ton détaché et tout en simplicité pour une histoire sombre et terrifiante.

L'auteur nous fait entrer dans le cerveau perturbé d'un homme endeuillé, père de deux jeunes garçons, qui voudrait remonter le temps, et effacer ce mauvais choix qu'il pense avoir fait en ne choisissant pas la bonne maison, dans ce lotissement tout neuf d'une petite ville de province. Un récit simple, une logique efficace dans un cerveau malade, qui nous fait basculer dans l'horreur.
"Maintenant que j'y songe, la chatte Guimauve elle s'est fait écraser dans les tous premiers jours de notre arrivée. Ça ne faisait pas une semaine qu'on avait emménagé ici. On aurait dû comprendre que c'était un signe. Une sorte d'avertissement. Je m'en veux, c'est moi qui aurais dû y penser. En face, ce n'était pas encore vendu. Ce n'était pas trop tard pour changer. On n'avait pas déballé la moitié des cartons. Il suffisait de traverser la rue pour inverser le sort. C'est moi qui serais allé déposer un petit mot dans sa boîte aux lettres à lui. Ses condoléances, ça me fait une belle jambe. Dire qu'il suffisait de traverser."

Une nouvelle qui nous plonge de manière feutrée et imperceptible au cœur de l'horreur.
Un billet court pour ne pas en dire trop sur ces 84 pages à dévorer au coin du feu. Vous ne regarderez plus jamais vos voisins de la même manière ! 

D'autres avis chez Lyvres et EmOtionS.





03 août 2020

Le tour du monde en 80 jours - Jules Verne



Phileas Fogg, gentleman anglais, parie avec les membres de son club qu'il fera le tour de la terre en 80 jours. Et, aussitôt, le voilà parti, accompagné de son domestique Jean, un Parisien, dit Passepartout. Il devra être revenu à Londres, pour gagner, le samedi 21 décembre 1872 à 20 heures 45 minutes ! Soupçonné d'être l'audacieux voleur de la Banque d'Angleterre, Phileas Fogg va être filé tout au long de ses pérégrinations par le détective Fix qui ne peut cependant pas l'arrêter, le mandat d'amener arrivant toujours trop tard... Les pays traversés, les multiples aventures, les stratagèmes employés pour contourner les nombreux obstacles, l'activité débordante de Phileas Fogg pour lutter contre le temps en ne se départant jamais de son flegme tout britannique, les personnalités de Passepartout et de l'obstiné Fix, font du Tour du monde en 80 jours un merveilleux roman, l'un des meilleurs de Jules Verne, dont le succès considérable ne s'est jamais démenti depuis sa parution, en 1873.

13 mai 2020

Se taire - Mazarine Pingeot

 

Avec pour seule expérience ses vingt ans et son talent de photographe, Mathilde est envoyée par un grand magazine chez une sommité du monde politique, récemment couronnée du prix Nobel de la paix. Quand l'homme, à la stature et à la personnalité imposantes, s'approche d'elle avec de tout autres intentions que celle de poser devant son appareil, Mathilde est tétanisée, incapable de réagir. Des années plus tard, une nouvelle épreuve la renvoie à cet épisode de son passé, exigeant d'elle qu'elle apprenne une fois pour toutes à dire non.
Dans ce roman sombre et puissant, tendu comme un thriller, Mazarine Pingeot continue d'explorer les thèmes qui lui sont chers : le poids du secret, le scandale, l'opposition entre les valeurs familiales et individuelles... En mettant en miroir deux instantanés de la vie d'une femme contrainte au silence par son éducation et son milieu, elle démonte les mécanismes psychologiques de répétition et de domination, en même temps qu'elle construit une intrigue passionnante.

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22 mars 2020

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon - Jean-Paul Dubois

 

Cela fait deux ans que Paul Hansen purge sa peine dans la prison provinciale de Montréal. Il y partage une cellule avec Horton, un Hells Angel incarcéré pour meurtre.

Retour en arrière: Hansen est superintendant a L'Excelsior, une résidence où il déploie ses talents de concierge, de gardien, de factotum, et – plus encore – de réparateur des âmes et consolateur des affligés. Lorsqu'il n'est pas occupé à venir en aide aux habitants de L'Excelsior ou à entretenir les bâtiments, il rejoint Winona, sa compagne. Aux commandes de son aéroplane, elle l'emmène en plein ciel, au-dessus des nuages. Mais bientôt tout change. Un nouveau gérant arrive à L'Excelsior, des conflits éclatent. Et l'inévitable se produit.

Une église ensablée dans les dunes d'une plage, une mine d'amiante à ciel ouvert, les méandres d'un fleuve couleur argent, les ondes sonores d'un orgue composent les paysages variés où se déroule ce roman.

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