À la mort de son père, Esther, libraire du nord de la France, décide d’ouvrir un atelier d’écriture épistolaire, en souvenir de la correspondance qu’ils entretenaient tous les deux. Cinq personnes répondent à son annonce : Jeanne, 70 ans, dont la colère contre les dérives de la société actuelle reste toujours aussi vive ; Juliette et Nicolas, un couple démuni et désuni face à une sévère dépression post-partum ; Jean, un businessman cynique qui ne trouve plus de sens à sa vie ; Samuel, un adolescent rongé par la culpabilité qui ne parvient pas à faire le deuil de son frère, mort d’un cancer.
Tous aspirent à bien autre chose qu’à apprendre à écrire, et au fil des lettres, des solitudes sont rompues, des liens se renouent, des cœurs s’ouvrent, des reprochent s’estompent, des mots/maux trop longtemps tus sont enfin écrits, des peurs et des chagrins sont exorcisés.
Ces correspondances croisées seront une véritable leçon de vie dont chaque participant ressortira profondément transformé, prêt à s’ouvrir au bonheur et à la réconciliation, qu’ils se trouvent dans une cabine téléphonique au fin fond du Japon, dans la douceur d’une brioche ou dans les yeux d’un bébé. Un roman épistolaire pétri d’humanité et d’amour de la vie.
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Nouvelle lecture de la rentrée littéraire 2020 proposée par le Comité de lecteurs de la bibliothèque auquel je participe, parallèlement au Club de lecture de la librairie que je fréquente. Sur les 6 titres de la sélection pour le rendez-vous de janvier, il me semble que celui-ci est le seul qui ne soit pas un premier roman.
Ce récit à un petit côté désuet et romantique, faisant revivre pour notre plus grand bonheur le temps des correspondances épistolaires, celui d'avant internet et WhatsApp. J'ai adoré le principe de ce roman : en réponse à la proposition d'une libraire lilloise, 5 inconnus sont invités à échanger des lettres. Ils doivent se choisir chacun deux correspondants et écrire en répondant aux consignes de la libraire. Les participants étant en nombre impair, la libraire doit également se prêter au jeu.
Se livrer par écrit lorsqu'on ne se connaît pas n'est pas un exercice facile. Mais chacun va finir par nouer des relations sincères avec ses correspondants. A travers ces lettres, plus ou moins longues, le lecteur partage non seulement la vie de ces 6 protagonistes qui se racontent avec plus ou moins de profondeur selon leur tempérament, mais on découvre aussi leurs caractères à travers leurs mots, leurs réactions aux courriers des autres, leur compassion ou leur agacement parfois. Chacun des six écrivains en herbe se dévoile petit à petit. Tous évoluent grâce à ses échanges qui finalement engagent peu dans la mesure où ils ne se connaissent pas, mais qui leur apportent beaucoup.
Les sujets abordés touchent à l'intime : l'éloignement d'une mère et de sa fille, l'absence d'un père qui n'était pas fait pour la vie de famille, le deuil d'un frère et la souffrance de ceux qui restent... et puis bien sûr la dépression du post partum, qui m'a beaucoup touchée tant ce sentiment est éloigné de l'enchantement qu'à été pour moi la naissance de ma fille. Quelle souffrance pour cette mère qui n'entre pas dans les codes de la maternité heureuse qu'impose notre société ! Quelle incompréhension et incrédulité pour le père de l'enfant. L'idée de participer à cet atelier vient de la psychologue de la jeune femme pour qui la correspondance doit leur permettre de se retrouver et de se parler. J'ai trouvé cette idée tellement originale et sensible.
Malgré ces sujets douloureux et forts, j'ai trouvé ce livre un peu facile ou superficiel. J'ai trouvé qu'il manque un peu d'épaisseur et de densité. Néanmoins, j'ai aimé cette atmosphère douce et un peu éthérée, ce côté un peu suranné des échanges épistolaires. J'ai apprécié la sincérité des personnages dans leurs échanges, leur capacité d'écoute et d'empathie. J'avais commencé à écrire ce billet en pensant le faire paraître dans le challenge Feel Good de Soukee. Finalement il n'y sera pas, mais je pense qu'il répond bien aux critères du genre : c'est une histoire originale, qui fait du bien et donne une vision positive et optimiste de la vie et des gens. Un récit léger et accessible. Mais ce classement ne doit pas faire oublier l'originalité de la construction et du parti pris littéraire.
Une belle histoire qui vous donne envie de reprendre la plume et le papier et d'échanger des lettres.
Les lettres d'Esther - Cécile Pivot
Editions Calman-Levy - août 2020 - 320 pages
D'autres avis chez Mumu dans le bocage, Les livres d'Eve ou encore Collection de livres.
Félicitations pour ce beau récit. Comme tous les retours de lecture réussis, vous donnez envie de le lire. J'apprécie aussi votre authenticité et la sincérité du lecteur que vous êtes.
RépondreSupprimerJe compte m'abonner à votre blog. Bravo
Vanessa, blogueuse litterature vivant en Côte d'Ivoire.
Merci pour votre gentil message. Au plaisir.
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