19 avril 2020

Acide sulfurique - Amélie Nothomb

 

« Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle. » 


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Cette lecture m'a été dictée par Anne, du blog Des mots et des notes, qui récidive avec la 7ème édition du mois belge. Pour mois, ce sera une première. Une semaine de vacances confinée à la maison laisse du temps pour la lecture et c'est tant mieux. Sauf que des auteurs belges... je m'en rends compte en farfouillant dans ma PAL Babelio, je n'en ai quasiment pas. En regardant les livres déjà lu dans le récapitulatif proposé par Anne, je me suis souvenue de la Jolie libraire dans la lumière, de Franck Andriat, que j'avais beaucoup aimé. C'était d'ailleurs Argali qui me l'avait offert lors d'un swap il y a... bien longtemps ! C'était un très bon choix.

Mais à part cela, il faut bien reconnaître que ma bibliothèque est plutôt franchouillarde. Heureusement, il y a Amélie Nothomb : tellement prolifique qu'on ne peut pas ne pas avoir acheté un jour l'un de ses livres. Même moi qui pourtant ne suis pas fan. Acide sulfurique, c'est l'un des 10 livres que mon cher et tendre à apporté dans ses bagages lorsque nous avons emménagé ensemble (j'exagère à peine). L'occasion est trop belle pour le faire sortir de ma PAL !

J'ai donc commencé ma lecture hier soir pour la finir ce matin… et ce titre ne changera pas mon point de vue sur l'auteur. J'en suis à chaque fois désolée car j'ai pourtant eu l'occasion de beaucoup aimer ce qu'elle faisait. C'était le cas pour Ni d'Eve ni d'Adam, que j'avais adoré, mais aussi pour Stupeur et tremblements. Mais depuis… c'est le calme plat. Et Acide sulfurique n'y changera rien.

L'idée était pourtant bonne : une émission de téléréalité pousse le thème du confinement à son paroxysme puisque les téléspectateurs assistent à la vraie vie d'un camp de concentration. Avec de vrais Kapos et des vrais morts. Extrême sans doute, mais en même temps, au train où vont les choses, on y arrivera peut-être un jour. Quoi qu'il en soit, je trouvais ce point de départ intéressant. Le problème, c'est que cette idée n'est que le prétexte à une lecture superficielle de notre société du tout médiatique, entre les journalistes qui passent leur temps à remplir des émissions avec du vide (cf cette triste période de confinement qui révèle la vacuité du journalisme contemporain), toutes ses voix qui mettent des évènements ou comportements anecdotiques et méprisables sur le devant de la scène à force d'en parler à longueur de journée, les téléspectateurs qui critiquent les émissions devant lesquelles ils s'abrutissent des soirées entières, jusqu'à ceux qui n'ont pas de télé et se précipitent chez leurs voisins pour regarder la désignation des derniers condamnés à mort. Plus on s'offusque et plus les audiences explosent. On se croirait aux jeux du cirque.

Le sommet de l'hypocrisie fut atteint par ceux qui n'avaient pas la télévision, s'invitaient chez leurs voisins pour regarder « Concentration » et s'indignaient : - Quand je vois ça, je suis content de ne pas avoir la télévision !

Tout cela est très juste, mais on le sait déjà. Et qu'apporte ce livre ? Pas grand chose de mon point de vue. L'auteure reste trop à la superficie des évènements. Comment peut-on évoquer les camps de concentration, même à ce point médiatisés, sans que l'on perçoive une infime part d'humanité. Oui, l'Homme est un loup pour l'Homme. Mais tous les récits de survivants transmettent de l'émotion. Or il n'y en a pas dans ce roman. Les personnages centraux du récits sont très froids et distants. Même Pannonique pourtant confrontée chaque jour à la mort, nous semble inaccessible. Comme si l'auteure n'était pas capable d'empathie pour ses personnages, comme si elle ne pouvait pas se mettre dans leur peau.

Comme souvent avec Amélie Nothomb, je regrette qu'elle ne prenne pas plus de temps pour écrire ses livres : sortir un tous les deux ou trois ans lui permettrait peut-être d'aller au bout de ses idées, d'approfondir chaque scène, d'y mettre de l'émotion et pas uniquement des mots. Cela lui permettrait aussi peut-être d'écrire avec des caractères un peu plus petits, qui ne donnent pas l'impression d'avoir été grossis pour donner de l'épaisseur au livre. Dommage. C'est peut-être un livre pour susciter le débat et la réflexion chez les plus jeunes... Ce serait très bien.

Ce n'est pas encore ce livre qui me réconciliera avec l'auteur. Il me reste un livre d'elle que je viens de ressortir pour Le mois belge, Le sabotage amoureux… Je reviendrai vous en parler.

Heureusement pour l'auteure, beaucoup de lecteurs ont aussi aimé ce livre. Pour vous faire une idée, je vous invite à aller lire billets de La petite marchande de prose, All time reading ou de Des livres des livres.

Acide sulfurique - Amélie Nothomb
Albin Michel - 2005 - 192 pages



1ère lecture du Mois Belge

1ère sortie de PAL de l'année !





6 commentaires:

  1. Tout pareil, je trouve qu'elle a des idées intéressantes, des premières pages déchirantes de beauté et puis... ça s'effiloche. La dernière fois que j'ai essayé c'était avec un roman plus autobiographique, La nostalgie heureuse. Je crois qu'on ne m'y reprendra plus. Sur les camps de concentration en téléréalité, j'ai lu une nouvelle de Thomas Gunzig très percutante.

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    1. J'ai aussi souvent ce sentiment de m'être faite avoir… Mais à l'occasion, je retente ma chance : pour le plaisir de retrouver sa verve des certains récits autobiographiques. Je note Thomas Gunzig, que je ne connais pas.

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  2. j'en ai lu qqs uns, une préférence pour la métaphysique des tubes, je n'ai pas lu celui-là

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    1. A l'occasion, si le hasard met ce livre sur mon chemin ;-)

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  3. Tu ne me donnes pas tellement envie de lui redonner sa chance ! ;)

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