J'ai découvert Carole Martinez il y a un an avec Le cœur cousu. Ce fut une magnifique lecture, une belle rencontre avec Frasquita et Soledad, une mère et sa fille, évoluant dans un monde empli de croyances et de fables, au cœur de l'Espagne du début du XIXème siècle. Cette proximité entre le quotidien, difficile, des femmes et leur environnement, onirique, entre contes et superstition, créait une alchimie envoûtante qui m'a totalement séduite.
J'ai retrouvé avec La terre qui penche cette même atmosphère qui m'a fait me souvenir que, plus jeune, j'appréciais la Fantasy dès lors qu'elle m'offrait un savoureux mélange de fantastique, de magie, de moyen-âge et de poésie. Un genre à retrouver peut-être...
La terre qui penche de Carole Martinez.
Éditions Gallimard, 20 août 2015. 368 pages.
Présentation de l'éditeur :
Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli
par-delà la mort ! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié
de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait
pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits
alternent.
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.
Ma lecture :
Les Très riches heures du Comte de Berry - avril |
Carole Martinez nous décrit également des caractères masculins particulièrement forts et autoritaires. Mais ils finissent tous, ou presque, par laisser paraître une certaine faiblesse, pour leur maîtresse ou leurs enfants, leur cheval ou leurs amis. Ces portraits font une grande part de la richesse de ce roman.
"Pourtant quand, oubliant la violence et l'aigreur, je repense à la beauté de ces chants, lancés dans le silence du ciel, que je revois cette vallée follement hérissée de croix et de vignes, cette rivière profonde au mitan du grand lit, quand je me souviens de ce monde penché qui réjouissait mes sens, de la bonté d'Aymon, de la lumière d’Éloi à cheval sur son toit, de l'amour de haute-Pierre pour son fils, il me semble que dieu existe vraiment et que, parfois, il se fait hommes." (La terre qui penche - Carole Martinez - Ed. Gallimard - page 208)
Mais s'il n'y avait que cela, nous resterions dans un roman réaliste, façonné par son contexte historique, avec comme toile de fond, la guerre de cent ans, la peste qui décima l'Europe, ou encore les violences anti juives qui traversèrent la France. A ce propos, le passage où Carole Martinez évoque cette fureur à l'encontre des juifs m'est paru d'une si troublante actualité : nul doute, selon moi, que l'auteure aura ici voulu faire passer des messages !
Entrelacé à ce récit précisément inscrit dans l'Histoire, Carole Martinez nous plonge dans un conte ensorcelant, mêlant les superstitions du temps avec les légendes intemporelles, le monde des vivants avec celui des morts, dans un dialogue entre la petite Blanche et sa vieille âme, plusieurs siècles plus tard. L'auteure distille ainsi dans son récit les croyances populaires entourant les menstrues des femmes ou la personne du bourreau. Elle nous fait voyager perpétuellement entre les vivants et les morts. Elle nous fait (re)découvrir cette créature fantastique qu'est la vouivre, cette femme aux longs cheveux verts, nue, vivant dans la rivière et protégeant un énorme rubis. Ne faisant qu'une avec la Loue, cette rivière majestueuse, et magique, de Franche Comté.
La Loue - Franche Comté |
Le récit, onirique et terriblement poétique, de l'histoire de Blanche, nous entraîne avec bonheur dans cette littérature du merveilleux que j'adore. Un titre à ne pas manquer si vous aimez ces univers, mais aussi si vous aimez l'Histoire et la poésie.
"A tes côtés, je m'émerveille.
Blottie dans mon ombre, tu partages ma couche.
Tu dors, ô mon enfance,
Et, pour l'éternité, dans la tombe, je veille."
(La terre qui penche - Carole Martinez - Ed. Gallimard - page 18)
Le Domaine des murmures m'attend toujours sur une étagère de ma bibliothèque... et il m'attendra encore un peu, craignant, comme toujours, de me lasser de ces moments que j'adore.
Je l'ai commandé pour les matches littéraires de Priceminister mais ne l'ai pas reçu à ce jour. Dommage!
RépondreSupprimerBonne semaine.
Oh, moi je viens de voir que j'avais demandé La variante chilienne (toujours pas reçu non plus)... mais je l'ai déjà acheté et lu... j'avais complètement oublié... Trop bête.
RépondreSupprimerUne auteure avec laquelle je n'accroche pas.
RépondreSupprimerJ'ai préféré Le coeur cousu et Du domaine des murmures.
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