Quand j'ai vu que Pierre Raufast revenait pour cette rentrée littéraire, je savais qu'il rejoindrait vite ma PAL. Je l'ai découvert l'an dernier avec un récit jubilatoire d'une construction surprenante, accompagné d'un titre intriguant, La fractale des raviolis. Dans ce premier roman, Pierre Raufast nous entraînait de récit en récit, proposant des histoires
et des mondes n'ayant que peu, ou pas, de liens entre eux, hormis le
petit détail qui permet de faire la transition. La lecture de ce texte était agréable, divertissante et il m'en reste un agréable sentiment de plaisir.
C'est donc avec enthousiasme que je retrouve Pierre Raufast dans ce second roman, dont le titre m'avait interpelée.
La variante chilienne de Pierre Raufast.
Alma Éditeur, 20 août 2015. 260 pages.
Présentation de l'éditeur :
Il était une fois un homme qui rangeait ses souvenirs dans des bocaux.
Des liens d'amitié se tissent au fur et à mesure que Florin extrait des
bocaux ses petits cailloux. À Margaux, l'adolescente éprise de poésie et
à Pascal le philosophe perplexe, l'homme aux cailloux raconte.
L'histoire du village noyé de pluie pendant des années. Celle du potier
qui voulait retrouver la voix de Clovis dans un vase. Celle de la
piscine transformée en potager. Celle de la cueillette aux noix par
hélicoptère. Celle des fossoyeurs truands...
Ma lecture :
J'ai retrouvé avec plaisir le style de Pierre Raufast dans cette nouvelle compilation d'histoires qui nous plonge dans les souvenirs pimentés de Florin, un sexagénaire rassemblant ses souvenirs dans une multitude de bocaux. Là encore, Pierre Raufast nous propose une idée originale et plaisante : Florin, suite à accident à l'âge de 13 ans, perd sa mémoire à long terme. Pour essayer de contrarier ce destin, Florin ruse en reliant chacun de ses souvenirs importants à un caillou soigneusement rangé dans un bocal daté de l'année. En ressortant les cailloux de ces bocaux, il fait surgir des souvenirs autrement égaré, et il emporte Pascal, professeur, et Margaux, sa jeune élève, dans un tourbillon d'histoires plus incroyables les unes que les autres. Au point que l'on peut se demander si la méthode de Florin ne serait pas quelque peu défaillante... Mais peu importe, ces moments contés sont purs délices et le lecteur comme Pascal et Margaux en raffole.
Mais là où La fractale des raviolis était "uniquement" cette succession de récits dans une construction nous faisant partir d'un point A pour y revenir après être passé par tout un tas d'histoires, La variante chilienne est aussi l'histoire de personnages. Il y a Florin d'abord, original et tellement unique avec cette mémoire en bocaux. Attendrissant aussi, par le lien qu'il a noué avec Pascal, ce professeur de philo égaré en pleine campagne pour écrire et, surtout, pour éloigner la jeune Margaux, son élève, d'esprits mal intentionnés. Tous deux ont aussi une histoire à raconter, celle qui les ont conduit à s'isoler, mais aussi la leur, personnelle et particulière. C'est cette attache à la réalité qui contribue à l'épaisseur de ce texte, toujours aussi léger et plaisant à lire. Nous passons d'une histoire à l'autre, mais ces trois personnages sont le fil rouge qui nous guide au long du livre. Ils sont rassurants pour le lecteur qui les accompagne dans ces nombreux souvenirs.
"Je me plais bien dans ce gîte. Je trouve ces murs en pierre réconfortants. J'aime cette odeur de bois fumé qui transpire de toutes les pièces. C'est calme. C'est serein. Le soir, avant de m'endormir, j'écoute dans mon lit. J'imagine cette vie intense à quelques mètres de moi, juste derrière le mur. Le vent, les feuilles, les insectes, les animaux : toute cette vie grouillant qui se fiche bien des hommes et de leurs soucis. On dirait une grande dans invisible et secrète. Cela me procure un délicieux vertige. J'aimerais glisser de leur côté et me fondre dans cette insouciance des choses." (La variante chilienne, Pierre Raufast, Alma Éditeur, page 171)
L'écriture est fluide, plus tendre et poétique que dans La fractale..., l'auteur nous rendant ses personnages attachants. On les suit au cours des deux mois de vacances estivales et nous les accompagnons dans leur évolution, leur transformation. Un plaisir pour un texte délicat, plein d'humour et de générosité. Je lirai avec bonheur le prochain livre de M. Raufast.
Quant au titre, je n'ai pas trouvé dans ce roman ce à quoi je m'attendais, mais peu importe. Je pensais en effet découvrir ici une nouvelle variante, chilienne, d'une ouverture quelconque du jeu d'échecs... Point d'échecs dans ce texte, mais beaucoup de variantes ! Je suis cependant contente de lire que l'auteur avait peut-être aussi cette idée en tête, quand il répond à la librairie Saint Christophe de Lesneven, que Pascal "réagit comme un joueur d’échecs qui mémorise toutes les parties jouées afin de ne pas être pris au dépourvu".
D'autres avis chez (notamment) Miss Bouquinaix, Jérôme (D'une berge à l'autre), Alex (Mot à mots), Jostein et Noukette.
Celui-là me fait très envie, mais je n'ai pas encore pris le temps de m'y plonger ! ça ne saurait tarder, tu donnes envie !
RépondreSupprimerContente d'avoir réussi à faire passer mon enthousiasme.
SupprimerPas encore lu son premier avec lequel je dois d'abord débuter la découverte de l'auteur
RépondreSupprimerComme toi, j'ai préféré celui-ci.
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