Dans un lotissement de province, un homme tente de surmonter la mort de sa femme et d'élever seul leurs deux enfants. Retranché derrière ses cannisses, il observe ses voisins : un couple et leur petite fille. Une famille unie, en bonne santé, qui vit avec insouciance et légèreté dans un pavillon semblable au sien. Des gens heureux. Pourquoi eux et pas lui ? A quoi ça tient, le bonheur ? A presque rien. A un fil. A l'emplacement d'une maison. A un numéro sur la façade. Peut-être. Ce qui est sûr, c'est qu'une simple rue, parfois, sépare la raison de la folie. Il suffit de la traverser pour que tout bascule. Avec Cannisses, l'auteur nous entraîne, doucement mais inéluctablement, dans le récit de la douleur ordinaire. Et de l'horreur absolue.
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Un ton détaché et tout en simplicité pour une histoire sombre et terrifiante.
L'auteur nous fait entrer dans le cerveau perturbé d'un homme endeuillé, père de deux jeunes garçons, qui voudrait remonter le temps, et effacer ce mauvais choix qu'il pense avoir fait en ne choisissant pas la bonne maison, dans ce lotissement tout neuf d'une petite ville de province. Un récit simple, une logique efficace dans un cerveau malade, qui nous fait basculer dans l'horreur.
"Maintenant que j'y songe, la chatte Guimauve elle s'est fait écraser dans les tous premiers jours de notre arrivée. Ça ne faisait pas une semaine qu'on avait emménagé ici. On aurait dû comprendre que c'était un signe. Une sorte d'avertissement. Je m'en veux, c'est moi qui aurais dû y penser. En face, ce n'était pas encore vendu. Ce n'était pas trop tard pour changer. On n'avait pas déballé la moitié des cartons. Il suffisait de traverser la rue pour inverser le sort. C'est moi qui serais allé déposer un petit mot dans sa boîte aux lettres à lui. Ses condoléances, ça me fait une belle jambe. Dire qu'il suffisait de traverser."
Une nouvelle qui nous plonge de manière feutrée et imperceptible au cœur de l'horreur.
Un billet court pour ne pas en dire trop sur ces 84 pages à dévorer au coin du feu. Vous ne regarderez plus jamais vos voisins de la même manière !
Sûr que si tu es en lotissement, tu fais plus attention quand tu rentres chez toi après avoir lu ce livre. Marcus Malte sait faire monter la tension
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