27 octobre 2018

La vraie vie - Adeline Dieudonné

Voici ma 6ème lecture de cette rentrée littéraire : le challenge 1% littéraire est donc rempli. Et de belle manière avec ce premier roman d'Adeline Dieudonné, jeune auteure belge qui a obtenu avec La vraie vie le prix du roman FNAC 2018. J'aborde toujours avec prudence une lecture qui recueille ainsi tous les suffrages. Ma lecture précédente, Asta, m'a rappelé que nous n'avons pas toujours les mêmes points de vue (et heureusement).  Pour La vraie vie, je me suis rangée à l'avis général : je l'ai englouti en une soirée, ne souhaitant pas abandonner la jeune narratrice à son sort si tragique avant de connaître le dénouement.
La vraie vie - Adeline Dieudonné.
Éditions L'iconoclaste, août 2018, 270 pages.



Présentation de l'éditeur :

Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère est transparente, amibe craintive, soumise à ses humeurs.

Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l’arrivée du marchand de glaces. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant.


Ma lecture :

La vraie vie est le récit de la résilience, le témoignage de cette capacité qu'ont les enfants à rebondir et à se construire un avenir heureux malgré une histoire bien mal engagée. Un récit souriant et lumineux, au cœur d'une famille dysfonctionnelle. C'est ce que j'ai apprécié dans ce texte : malgré un contexte qui aurait pu être totalement déprimant, entre un père violent, une mère inexistante qui subit cette violence et un frère qui finit par sombrer, le récit reste léger, optimiste, souriant et attendrissant. On s'attache très vite à cette enfant qui semble surnager, seule, dans cette maison terrifiante. Portée par la magie de ses rêves, par une énergie folle et sa volonté indéfectible de redonner le sourire à son petit frère, Gilles, traumatisé par cet accident qui survient au début du livre, elle se construit un univers en marge de cette famille oppressante. Pleine d'imagination, elle parvient à faire vivre ses rêves et à se construire un avenir lumineux.

Jamais l'auteure ne tombe dans le tragique et le pathologique (et pourtant, il y aurait vraiment de quoi). Elle nous donne toujours de l'espoir, grâce à ces rencontres qu'elle dispose sur le chemin de la petite fille devenue une adolescente passionnée. Il y a d'abord la voisine, Monica, qui dispense un peu de magie dans ce quotidien si sombre, puis le professeur qui détecte les facultés et l'appétit vorace de sa jeune élève et la confie à un ami tout aussi passionné qui saura accompagner son apprentissage. Il y a enfin le voisin, le Champion, chez qui elle va faire du baby-sitting et qui fait naître en elle les premiers émois de l'adolescence. Tous trois sont des rencontres providentielles qui lui permettront d'entrevoir un autre avenir que celui auquel sa famille, et plus particulièrement son père, la destinait.

L'incroyable énergie de cette jeune fille est perceptible à chaque page de ce roman. Une volonté et une malice infaillibles qui lui permettront de s'échapper d'abord du quotidien, puis de l'avenir que son père traçait pour elle. La chasse organisée par le père et ses amis en pleine nuit, à laquelle sont conviés les enfants, est de ce point de vue bouleversante. Un grand moment de ce récit que cette chasse initiatique. Terrifiante.

Il y a dans ce roman un petit air de fable, un soupçon de magie, qui permettent d'aborder ce drame avec distance et légèreté. Un combat dans lequel on s'engage, en apnée, pour ne le lâcher qu'une fois la dernière page tournée. Un superbe premier roman.


"Je refusais d’être une proie ou une victime, mais je voulais rester vivante. Vraiment vivante. Avec des émotions. J’ai fait un effort pour pleurer, je sentais que c’était nécessaire, un réflexe de survie. Je donnais de grands coups de pioche pour dégager ma source intérieure. Je n’ai pas eu besoin de creuser longtemps. Les larmes ont jailli en un déluge salé sur mon oreiller."


"Cette bête-là voulait manger mon père. Et tous ceux qui me voulaient du mal. Cette bête m'interdisait de pleurer. Elle a poussé un long rugissement qui a dépecé les ténèbres. C'était fini. Je n'étais pas une proie. Ni un prédateur. J'étais moi et j'étais indestructible." 


Et comme je ne suis pas la seule à avoir aimé ce roman, je vous invite à aller lire d'autres avis chez Page après page, Argali, Hérisson ou Jostein.


     



6 commentaires:

  1. Ce roman qu'on voit absolument partout, parfois je me dis que je le lirai pour me faire ma propre opinion, parfois, je me dis que je ne le lirai pas parce qu'on en parle trop et que j'ai peur d'être déçue. Bref ! On verra bien...

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    1. En général, je fuis ces romans que tout le monde encense. Cette fois-ci, il était à lire dans le cadre du Comité de lecteurs de la bibliothèque, alors je m'y suis mise, et j'ai bien fait !

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  2. je pense que je finirai par le lire aussi!

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    1. Il ne faisait pas partie des premiers dans ma wish-list, mais finalement, j'ai bien fait de me laisser tenter. Un premier roman réussi.

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  3. Un livre dont on parle beaucoup, mais qui m'a laissé de glace. Je ne lui trouve pas beaucoup de qualités...
    Bonne semaine.

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    1. Il en faut pour tout le monde ;-) Bonne semaine de lectures !

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