01 avril 2018

Douces déroutes - Yanick Lahens

Pour le choix de cette lecture, j'ai fait confiance, une fois n'est pas coutume, à la maison d'édition. Je garde une bonne impression de mes dernières lectures chez Sabine Wespieser. A bien y regarder, elles ne furent pourtant pas nombreuses. Elles n'ont pas non plus été des coups de cœur, mais je garde notamment un excellent souvenir de L'odeur du minotaure, premier roman de Marion Richez paru en 2014. Dans Douces déroutes, paru en janvier, Yanick Lahens nous transporte en Haïti, au cœur du Chaudron à Port au Prince, où chacun cherche à tracer sa route, entre les violences, la misère, la poésie et l'espoir également. Chacun des personnages donne à voir une facette du pays qui apparaît alors bien complexe.

Douces déroutes de Yanick Lahens.
Éditions Sabine Wespieser, janvier 2018, 164 pages.


Présentation de l'éditeur :

À Port-au-Prince, la violence n’est jamais totale. Elle trouve son pendant dans une « douceur  suraiguë », douceur qui submerge Francis, un journaliste français, un soir au Korosòl Resto-Bar, quand s’élève la voix cassée et profonde de la chanteuse, Brune.
Le père de Brune, le juge Berthier, a été assassiné, coupable d’être resté intègre dans la ville où tout s’achète. À l’annonce de la mort de ce père qui lui a appris à « ne jamais souiller son regard », la raison de sa fille a manqué basculer. Six mois après cette disparition, tout son être refuse encore de consentir à la résignation.
Son oncle Pierre n’a pas non plus renoncé à élucider ce crime toujours impuni. Après de longues années passées à l’étranger, où ses parents l’avaient envoyé très jeune – l’homosexualité n’était pas bien vue dans la petite bourgeoisie –, il vit reclus dans sa maison, heureux de rassembler ses amis autour de sa table les samedis.
Aux côtés de Brune et de Pierre ; d’Ézéchiel, le poète déterminé à échapper à son quartier misérable ; de Nerline, militante des droits des femmes ; de Waner, non-violent convaincu ; de Ronny l’Américain, chez lui en Haïti comme dans une seconde patrie, et de Francis, Yanick Lahens nous entraîne dans une intrigue haletante. Au rythme d’une écriture rapide, électrique, syncopée, comme nourrissant sa puissance des entrailles de la ville, elle dévoile peu à peu, avec une bouleversante tendresse, l’intimité de chacun. Tout en douceur, elle les accompagne vers l’inévitable déroute de leur condition d’êtres humains. Russell Banks l’affirme dans sa préface à l’édition américaine de Bain de lune : «Ce qui est indéniablement vrai des personnages de Lahens l’est indéniablement pour chacun d’entre nous.»


Ma lecture :

Port au Prince - Haïti

Ce récit de Yanick Lahens semble être à l'image du pays dont elle parle, et qui est aussi le sien, Haïti. J'ai refermé ce livre il n'y a que quelques jours et j'ai pourtant bien du mal à vous en parler. Les rencontres sont nombreuses dans ce livre, l'auteure nous invitant à découvrir Haïti à travers ceux qui créent son identité. Et le visage de ce bout d'île dans la mer des Caraïbes est pluriel. Les jeunes gens que Yanick Lahens nous présente entrent tout juste dans l'âge adulte et cherchent la voie qui sera la leur. Certains veulent vivre leurs rêves et transformer le monde qui les entoure, d'autres n'ont pas cette ambition et cherchent surtout à ne pas s'enfoncer plus encore dans la misère. D'autres, enfin, ont trouvé le moyen de profiter de cet univers de pauvreté et de violence pour s'enrichir et faire régner la terreur.

Dans cet environnement vacillant, les jeunes gens cherchent un peu de stabilité et de sécurité auprès de Pierre, le beau-frère du juge Berthier assassiné. Celui-ci leur apporte des points de repère, l'occasion de parler et de débattre, de manger aussi, quand le quotidien n'apporte pas toujours les calories suffisantes. A travers les personnages du roman, l'auteur nous fait découvrir l'intimité d'un pays, oscillant entre l'espoir et la violence, entre la beauté et la misère.

Mais je suis déçue de ne pas avoir plus apprécié ma lecture. J'aurais voulu me laisser transporter au cœur du Chaudron, ressentir les vibrations et les angoisses des nuits haïtiennes. J'aurais voulu pleurer avec Brune, me révolter avec Ézéchiel. J'aurais aimé rencontrer vraiment Nerline, Waner et Ronny dont je n'ai même pas perçu les traits de caractère annoncés en quatrième de couverture. Je les ai croisés à l'occasion de soirée chez Pierre ou dans un bar de Port au Prince, mais je ne connais rien d'eux.

J'ai le sentiment d'être restée en dehors du récit. Une pointe de fatalité dans le récit m'a donné la sensation d'être une spectatrice trop lointaine. Je n'ai pas eu d'émotions à la lecture de cette histoire. J'en suis navrée parce que j'aurais aimé que ce livre me donne l'occasion de mieux connaître le pays de Mme Lahens. Dommage. Cette lecture me donne cependant envie de découvrir d'autres auteurs haïtiens, tels que Dany Laferrière, que je n'ai encore jamais lu, ou Lyonel Trouillot, dont La belle amour humaine trône sur ma table de chevet depuis déjà quelques années (sic !), mais que je n'ai même pas encore enregistré dans ma PAL !

Je garde également un excellent souvenir du récit de Evelyne Trouillot, Absence sans frontières, qui se passe également à Haïti. A découvrir.

J'ai trouvé peu de billets sur ce titre de la rentrée littéraire hiver 2018, mais je vous invite à lire celui de Domi C lire. Pour ma part, je vais de ce pas découvrir la critique de Miss Bouquinaix, qui vient de publier son billet (les grands esprits se rencontrent !).


3ème lecture





3 commentaires:

  1. Je ne connais pas et je pense que je peux passer mon tour sur ce coup-là.
    Merci pour ton retour dans mon challenge et bonne semaine.

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  2. Ca arrive, et c'est toujours désolant.

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  3. c'est dommage, mais il y a tant d'autres bons livres !
    Merci de ta participation :)
    Une Comète

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