01 décembre 2017

Dans les forêts de Sibérie - Sylvain Tesson

Cela fait une éternité que ce livre, qui m'a été prêté, traîne dans ma bibliothèque. Comme la personne qui me l'a prêté avait formulé quelques réserves, j'ai tardé à m'y plonger. C'est le blogoclub qui le fait aujourd'hui sortir de ma PAL (et qui va me permettre de le rendre à sa propriétaire). La lecture de ce carnet d'ermitage de Sylvain Tesson, exilé, seul, pendant 6 mois en Sibérie, dans une cabane sur la rive du lac Baïkal, m'a laissée partagée. Je me suis lassée de ce récit quotidien d'une vie au fond des bois où rien ne se passe... mais j'ai néanmoins quitté avec regret cet univers de solitude et cette nature grandiose.

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson.
Éditions Gallimard, coll. Blanche, 1er septembre 2011, 269 pages.



Présentation de l'éditeur :

Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché d'être heureux.
Je crois y être parvenu.
Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie.
Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.

Ma lecture : 

D'accord, j'ai fini par m'ennuyer... vers la page 170. Mais je n'ai pas pour autant relâché le rythme de ma lecture. Je ne suis pas bien sûre que le fait de retranscrire systématiquement les pensées que l'auteur a couché sur son carnet au cours de ces 6 mois, au jour le jour... ait apporté grand-chose au récit. Si nous avions "sauté" quelques jours, nous aurions évité quelques redondances, que ce soit dans les réflexions de l'auteur ou le récit de ses périples dans la montagne alentour, ou de ses dégustations quotidiennes de vodka (à croire que ces 6 mois ont été financés par un consortium de producteurs de vodka). Au cours des 100 dernières pages, j'ai lu parfois un peu vite certains moments durant lesquels l'auteur médite, intégrant ses lectures à sa vision de la nature qui l'entoure. Je me suis également très vite agacée de la place donnée à la boisson... sans que cela nous apporte grand chose.

Reste cependant que cette expérience me fait rêver. J'envie ces heures passées, seul et immobile, au milieu de nulle part, entouré d'une nature majestueuse et conquérante. J'envie cet isolement, loin de tout et de tous, entouré de livres, entre la plus grande réserve d'eau douce au monde et les réserves naturelles qui l'entourent. Je ne me suis pas lassée de ces paysages, de ces évocations de la nature. J'ai également été passionnée par les rencontres avec ses "voisins" russes chargés de garder la réserve (les distances de voisinage étant là-bas toutes relatives). Je suis séduite par les caractères trempés, solitaires et si exubérants qui semblent réunir ces hommes. Heureux de s'assommer ensemble à coup de vodka mais jamais fâchés de regagner la solitude de leurs cabanes. Quant au lac Baïkal, il est le héro de ce récit, celui qui donne la vie et qui permet la vie, celui qui donne à manger et par lequel arrivent les amis, pour un après-midi ou pour une nuit. C'est la force des lieux qui m'a fait m'accrocher à ce livre, et qui m'a fait quitter ces pages à regret.

Lac Baïkal, Sibérie, prisonnier des glaces

A côté de cette découverte d'une nature magique, Sylvain Tesson met son lecteur face aux contradictions et aux enjeux de son temps : comment prendre le temps de vivre tout en cherchant à en faire toujours plus, comment prendre son temps pour vivre mieux tout en cédant aux sirènes de la (sur)consommation... Qui est aujourd'hui capable de s'arrêter, de passer ne serait-ce qu'une heure à regarder son jardin, la nature changeante dans la course du soleil, sans regretter ensuite ce "temps perdu" ? Pas moi, même si je considère aussi un après-midi de suractivité comme un après-midi de perdu... On image bien comment un tel caractère peut se sentir déconnecté dans un environnement urbain, totalement saturé en murs, routes, voitures et gaz d'échappement, vélos et motos, en êtres humains, en bruits, en odeurs, en mouvements... Comment retourner vivre à Paris après avoir vécu une telle expérience ? Pourquoi revenir d'ailleurs...

Je ne sais pas si je relirai Sylvain Tesson mais, même si j'ai pu trouver le temps parfois un peu long, j'ai aimé être projetée dans cet univers si démesuré et si envoûtant. J'ai vu qu'un film s'était inspiré de cette expérience, réalisé en 2016 par Safy Nebbou, avec Raphaël Personnaz et Evgueni Sidikhine. Je me laisserai bien tenter, même si l'histoire est bien différente, notamment pour découvrir les paysages. Un reportage a été aussi été réalisé par l'auteur, mais celui-ci me tente moins : je préfère garder les images du livre et ne pas revoir deux fois la même chose.

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8 commentaires:

  1. Je n'avais pas vu ton lien dans les pages de Florence et d'Amandine. Donc je suis passée à côté de ton billet. Tu as les mêmes restrictions que moi,tu as raison le livre est inégal et l'on ne sent pas toujours portée par l'écriture. Par contre, tu manifestes plus d'enthousiasme que moi pour la vie dans un tel univers; c'est sûr que c'est magnifique mais y vivre est autre chose !

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  2. C'est en effet un endroit très envoûtant. J'ai lu beaucoup de livres consacrés à la Sibérie, au lac Baïkal et au Transsibérien, mais de là à y vivre...En tant que citadins, on peut toutefois apprécier de tels moments de solitude pendant les vacances, en fonction de l'endroit où l'on va bien sûr. C'est pour cela qu'en été, je préfère la montagne, et il m'est arrivé de passer des après-midis entières à lire sur mon balcon, en levant les yeux de temps en temps pour contempler la montagne. Dans ces moments-là, on se dit qu'il n'y a rien de mieux sur terre...!

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    1. C'est certain : je suis fan de la montagne également (été comme hiver d'ailleurs), mais toujours là où il y a le moins de monde possible. Des vacances sur le bord du Baïkal, seule, avec des bouquins... ça fait quand même rêver ;-)

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  3. J'en ai lu un de cet auteur. Je pense que c'est celui-là...
    Bonne semaine.

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  4. Bonjour Itzamna, je découvre tes pages aujourd'hui ( ainsi qu'une divinité Maya ). J'avais lu aussi ce récit, et, comme toi, je m'en suis lassée, les répétitions, les platitudes, m'accrochant aux lieux... J'avais lu par la suite " Sibérie ma chérie " présenté comme un carnet moleskine, qui m'avait beaucoup plus, plus par les photographies et les peintures.

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  5. Je n'ai lu que celui-ci de S. Tesson, l'ai très brièvement croisé lors d'une remise de prix qu'il a fuie -il n'était pas le lauréat, ceci expliquant sans doute son départ rapide- et je n'ai pas aimé ce bouquin, je pense arrêter là avec lui

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  6. Un univers que j'avais bien aimé, également.

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