Comme souvent dans mes choix de lecture, c'est la couverture qui m'a tentée ici. Le mélange entre un intérieur début du siècle avec cette chemise blanche destinée à assurer les convenances, et ce corps féminin très contemporain enveloppé dans un drap rouge plein de promesses, m'intriguait. Le récit d'une rencontre entre deux mondes, celui des aristocrates et celui des domestiques, au début du XXème siècle, comme annoncé en quatrième de couverture, me plaisait également. J'ai donc plongé avec bonheur dans cette journée unique dans l'année des domestiques, celle où ils sont libérés de leurs obligations à l'égard de leurs patrons pour aller visiter leur famille.
Le dimanche des mères de Graham Swift.
Éditions Gallimard, coll. du Monde entier, 12 janvier 2017, 144 pages.
Présentation de l'éditeur :
Angleterre, 30 mars 1924. Comme chaque année, les aristocrates donnent congé à leurs domestiques pour qu’ils aillent rendre visite à leur mère le temps d’un dimanche. Jane, la jeune femme de chambre des Niven, est orpheline et se trouve donc désœuvrée. Va-t-elle passer la journée à lire ? Va-t-elle parcourir la campagne à bicyclette en cette magnifique journée ? Jusqu’à ce que Paul Sheringham, un jeune homme de bonne famille et son amant de longue date, lui propose de le retrouver dans sa demeure désertée. Tous deux goûtent pour la dernière fois à leurs rendez-vous secrets, car Paul doit épouser la riche héritière Emma Hobday. Pour la première – et dernière – fois, Jane découvre la chambre de son amant ainsi que le reste de la maison. Elle la parcourt, nue, tandis que Paul part rejoindre sa fiancée. Ce dimanche des mères 1924 changera à jamais le cours de sa vie.
Graham Swift dépeint avec sensualité et subtilité une aristocratie déclinante, qui porte les stigmates de la Première Guerre – les fils ont disparu, les voitures ont remplacé les chevaux, la domesticité s’est réduite… Il parvient à insuffler à ce court roman une rare intensité, et célèbre le plaisir de la lecture et l’art de l’écriture.
Angleterre, 30 mars 1924. Comme chaque année, les aristocrates donnent congé à leurs domestiques pour qu’ils aillent rendre visite à leur mère le temps d’un dimanche. Jane, la jeune femme de chambre des Niven, est orpheline et se trouve donc désœuvrée. Va-t-elle passer la journée à lire ? Va-t-elle parcourir la campagne à bicyclette en cette magnifique journée ? Jusqu’à ce que Paul Sheringham, un jeune homme de bonne famille et son amant de longue date, lui propose de le retrouver dans sa demeure désertée. Tous deux goûtent pour la dernière fois à leurs rendez-vous secrets, car Paul doit épouser la riche héritière Emma Hobday. Pour la première – et dernière – fois, Jane découvre la chambre de son amant ainsi que le reste de la maison. Elle la parcourt, nue, tandis que Paul part rejoindre sa fiancée. Ce dimanche des mères 1924 changera à jamais le cours de sa vie.
Graham Swift dépeint avec sensualité et subtilité une aristocratie déclinante, qui porte les stigmates de la Première Guerre – les fils ont disparu, les voitures ont remplacé les chevaux, la domesticité s’est réduite… Il parvient à insuffler à ce court roman une rare intensité, et célèbre le plaisir de la lecture et l’art de l’écriture.
Ma lecture :
C'est avec son dernier titre que je découvre Graham Swift, auteur anglais de l'après-guerre, reconnu par la critique dès le début des années 1980 et dont certains ouvrages ont depuis fait l'objet d'adaptations cinématographiques.
Avec ce roman, Graham Swift nous invite à partager une journée de printemps, au cœur de la campagne anglaise de l'après première guerre mondiale, dans une société de classes où les grandes familles font l'honneur à leur domesticité d'une journée annuelle pour aller rendre visite à leurs mères. Sauf qu'en 1924, l'évolution du monde a commencé à brouiller les codes ; l'aristocratie ne peut plus s'offrir une armée de serviteurs, ceux-ci ne se comptent plus désormais que sur les doigts d'une main. Les garçons de ces grandes familles sont partis, eux aussi, à la guerre et certains n'en sont pas revenus.
L'univers décrit par Graham Swift m'a un peu fait penser à celui de Jane Austen qui mêle avec bonheur le récit sentimental et la critique sociale du début du XVIIIème siècle dans lequel les mariages ne peuvent déroger aux prescriptions sociales. Contrairement à Jane Austen cependant, si le récit est lumineux, plane l'ombre plus pesante de la bienséance. Paul et Jane sont amants, pour la dernière fois en ce dimanche 30 mars 1924, dernière fois avant le mariage de Paul avec Emma, une jeune fille de sa condition. Tous deux savaient dès le début que leur histoire ne pourrait s'affranchir des conventions et qu'elle devrait prendre fin avec le mariage de Paul. A tel point qu'il semble, à la lecture de cette journée, qu'aucun des deux n'ai jamais réellement aboli la distance qui les sépare socialement. Même si l'on perçoit l'attachement qui les lie, le respect également, Paul et Jane n'en restent pas moins dans deux mondes éloignés, et le resteront même après leur liaison.
Durant les 140 pages de ce court roman, nous partageons avec Jane la découverte d'un monde qui n'est pas le sien, dans cette grande demeure qu'elle pénètre pour la première fois, en l'honneur de sa dernière rencontre intime avec Paul. Jane observera son amant évoluer dans son univers, s'habiller sans entrain mais avec méthode, puis, au départ de celui-ci, elle partira à l'aventure dans la maison, nue, ultime transgression aux conventions, découvrant les pièces les unes après les autres.
Si cette journée est pour Jane et Paul la fin d'une saison et d'une histoire, elle sera également pour Jane le début d'une autre vie, celle qui fera d'elle une écrivaine. Son patron témoigne une tendresse pour sa passion de la lecture, lui offrant ainsi le loisir de partir à la découverte de ces livres "pour garçons" qui la plongent dans de nouveaux univers et qui feront naître sa fibre d'auteure. A travers ces deux passions que sont les livres et son amour pour Paul, Jane frôle un monde qui ne lui était normalement pas accessible, et prend ainsi son envol pour une nouvelle vie, indépendante et libre.
"L'utilité des bibliothèques, se disait-elle parfois, tenait moins au fait qu'elles contenaient des livres, qu'à celui qu'elles préservaient cette atmosphère sacrée de "prière de ne pas déranger" d'un sanctuaire masculin. Par conséquent, peu de choses pouvaient être plus choquantes qu'une femme nue pénétrant en ces lieux. Quelle idée farfelue !" (Le dimanche des mères, Graham Swift, Ed. Gallimard, page 77)
Un beau récit, lumineux malgré quelques moments plus sombres, dont un dénouement qui m'a un peu déçue, une histoire pleine de tendresse et de sensibilité. Une belle découverte qui me donne envie de lire d'autres textes de Graham Swift, notamment ceux qui laissent poindre une touche de magie, comme, semble-t-il, Le Pays des eaux.
Je vous invite à lire les critiques de Mots pour mots, Mimi pinson, Sylire (qui est restée un peu sur sa faim...) ou encore Alex de Mot à mots.
Très beau court récit, magnifique écriture, beau portrait de femme, j'ai beaucoup aimé également
RépondreSupprimerUne lecture que j'avais beaucoup appréciée. Merci pour le lien.
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