C'est le comité de lecture adultes de la bibliothèque qui m'a permis de découvrir ce premier roman d'Emmanuelle Favier, jeune auteure qui s'est d'abord illustrée dans les domaines de la poésie et du théâtre. La poésie et la beauté de la langue sont très certainement ce qui caractérise d'abord ce très beau roman. L'histoire ensuite, avec la découverte de cette coutume particulière aux pays des Balkans que sont les "vierges jurées" ou "vierges sous serment", qui nous entraîne dans des univers culturels inconnus, à la limite de mondes fantastiques. Un premier roman très réussi et une auteure à suivre.
Le courage qu'il faut aux rivières de Emmanuelle Favier.
Éditions Albin Michel, 23 août 2017, 217 pages.
Présentation de l'éditeur :
Elles ont fait le serment de renoncer à leur condition de femme. En contrepartie, elles ont acquis les droits que la tradition réserve depuis toujours aux hommes : travailler, posséder, décider. Manushe est l'une de ces « vierges jurées » : dans le village des Balkans où elle vit, elle est respectée par toute la communauté. Mais l'arrivée d'Adrian, un être au passé énigmatique et au regard fascinant, va brutalement la rappeler à sa féminité et au péril du désir.
Baignant dans un climat aussi concret que poétique, ce premier roman envoutant et singulier d'Emmanuelle Favier a la force du mythe et l'impalpable ambiguïté du réel.
Baignant dans un climat aussi concret que poétique, ce premier roman envoutant et singulier d'Emmanuelle Favier a la force du mythe et l'impalpable ambiguïté du réel.
Ma lecture :
Il y a tout ce que j'aime dans ce roman : le côté historique et ethnologique, la découverte de personnages et de caractères entiers, d'un pays exotique au sens premier du terme, c'est-à-dire si différent du nôtre, une description pleine de sensibilité de la nature et des paysages, de la ville également, ainsi qu'un côté enchanteur, en lien avec la nature, que j'apprécie toujours. Le récit est par ailleurs servi par le talent de conteuse et de poète de l'auteur qui donne une dimension captivante à cette histoire si singulière.
Emmanuelle Favier nous parle d'abord des femmes et de leur place dans la société, qui ne sera jamais totalement celle des hommes, même lorsqu'elles font le serment d'en devenir un. Manushe est la première de ces "vierges jurées" que nous croisons dans ce roman, solide et intégrée, mais que son statut rend plus fragile que les autres à la venue de l'inconnu, en la personne de Adrian. Après Manushe, qui est devenue homme par "choix" (si on peut assimiler le refus de la soumission à un véritable choix), nous rencontrons une femme qu'un père a transformé en homme, pour ne pas avoir à afficher à la communauté qu'il n'avait pas eu de fils. Puis, au milieu de ces coutumes venues d'autres siècles, nous partageons le combat d'une jeune fille qui lutte pour exister en tant que femme et se construire une histoire familiale dans un pays à ce point marqué par des traditions qui laissent si peu de place aux femmes.
Ces trois portraits mêlent une réalité ancrée dans un présent très contemporain et le poids des traditions qui faisant douter à chaque instant de cette même contemporanéité. Associé au fait que le pays dont il est question n'est jamais expressément cité et que la nature est discrètement sublimée, ce sentiment d'incertitude se patine de merveilleux.
"Le lynx regardait Adrian. Seule trace d'affolement dans sa fixité, les oreilles bougeaient, captant à toute vitesse des signaux qui échappaient à l'homme. Les fines flèches noires à l'extrémité de leurs triangles veloutés étaient deux antennes à la précision meurtrière. Une patte moussue en suspension au-dessus de la roche, les muscles prêts à onduler dans une détente nette, le lynx évaluait le danger, l'opportunité d'attaquer ou de fuir." (Le courage qu'il faut aux rivières, Emmanuelle Favier, Ed. Albin Michel)
Bref. Je pense que vous l'aurez compris : j'ai été charmée par ce premier roman et vous le conseille vivement.
Pour finir de vous convaincre, allez voir du côté de chez Mots pour mots, Les lectures de Lailai, Jostein, ou encore chez Léa Touch Book, moins séduite que les blogueuses précédemment citées.
Je ne connais pas, mais d'après ce que tu en dis ce roman pourrait me plaire !
RépondreSupprimerMerci pour ta participation à mon challenge et rendez-vous demain pour la nouvelle contrainte.
Merci pour cette participation au Défi Premier roman! Je viens de la relayer. Il est par ailleurs sur ma pile à lire, et je vais sans doute le lire tout bientôt.
RépondreSupprimerUn beau récit qui ne mérite pas de s'éterniser dans une PAL ;-).
SupprimerBonne lecture/
Un roman qui me fait de plus en plus de l'oeil.
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