C'est la couverture qui, comme souvent, m'a tapée dans l'œil. Puis le titre, à la façon de ceux des contes. Comme j'avais déjà lu plusieurs billets à son sujet au moment de sa sortie, et que je me souvenais avoir été tentée, je n'ai donc pas hésité. Et j'ai plongé dans l'histoire dynamique et burlesque d'une famille roumaine, condamnée par la malhonnête ambition d'un jeune bourgeois, déclenchant une malédiction sur plusieurs générations.
La malédiction du bandit moustachu de Irina Teodorescu.
Éditions Actes Sud, mars 2016. 169 pages.
Éditions Actes Sud, mars 2016. 169 pages.
Présentation de l'éditeur :
Dans une contrée lointaine, à l'aube du XXe siècle, le jeune et ambitieux Gheorghe Marinescu a dépouillé et occis un brigand redresseur de torts. Ce qu'il y a gagné : un trésor, certes, mais surtout une malédiction destinée à s'abattre sur sa descendance jusqu'en l'an 2000. Et pour commencer, il n'aura guère le temps de profiter de sa fulgurante fortune...
De la foutraque lignée ainsi condamnée, cet irrésistible roman raconte les aléas, les passions et les morts plus ou moins violentes à un rythme trépidant, dans une langue à l'inventive fantaisie qui mêle sans complexe mélancolie balkanique et truculence rabelaisienne.
De la foutraque lignée ainsi condamnée, cet irrésistible roman raconte les aléas, les passions et les morts plus ou moins violentes à un rythme trépidant, dans une langue à l'inventive fantaisie qui mêle sans complexe mélancolie balkanique et truculence rabelaisienne.
Ma lecture :
"L'homme affiche une longue moustache, si longue qu'il la trempe souvent dans la sauce de son plat préféré - une bouillie d'haricots blancs - traditionnel chez les paysans dans cette contrée lointaine. A son appétit, on voit que l'homme est bon : il raffole tellement de son mets qu'il porte constamment, accrochées à sa longue moustache, des croutes de haricots blancs séchées. Son haleine fétide mélangée a l'effluve de la sauce avariée n'inspire guère l'amitié, alors l'homme est seul et agit seul ; mais sa tâche est honnête : il prend aux riches pour donner aux pauvres." (La malédiction du bandit moustachu, Irina Teodorescu - Ed. Actes Sud - mars 2016 - page 11)
Ce premier roman de Irina Teodorescu commence très fort. La jeune roumaine, née à Bucarest en 1979, nous projette avec énergie dans une petite ville roumaine du début du XXème siècle, chez Gheorghe Marinescu, petit bourgeois ambitieux. Dès la première page, le lecteur se trouve introduit dans la longue généalogie des Marinescu, dont il sent qu'ils sont tout sauf des bourgeois "classiques". De Gheorghe à Ioan, en passant par Maria la Cadette, Maria la Cochonne, Ion, Sergueï, Ion-Aussi, Margot la Vipère ou Ada-Maria, le lecteur pressent dès la première page et l'arbre généalogique, l'emprise de la lignée familiale et de la malédiction qui pèse sur les épaules des Marinescu, génération après génération. Dès le début, le décor est posé : on se trouve dans une sorte de conte des Balkans, un peu ténébreux, où l'atmosphère devient vite pesante, lourde, où les personnages, obscurs, sont vils et manipulateurs. La malédiction est à l'œuvre.
Irina Teodorescu |
Le début du roman va très vite : à tel point qu'on peut se demander comment l'auteure parviendra à tenir 170 pages. Les générations se succèdent, les morts aussi. Puis le rythme ralenti un peu, avec quelques personnages qui veulent se donner les moyens de déjouer le sort. Cela commence avec Maria la Cochonne, qui s'engage dans un pèlerinage en terre sainte pour essayer de sauver les générations futures. L'auteure poursuit avec des personnages tous plus méprisables les uns que les autres. Sergueï et sa femme parviendront à donner un peu de couleurs à cette triste famille.
Si, au début, le style et l'ambiance sont plaisants, décalés, j'ai fini par me lasser de cette histoire de famille où les méchants se succèdent à vive allure. Les portraits que l'auteur peint de ces personnages sont très réussis, mais le nombre fait que l'on se perd parfois et que, surtout, on s'ennuie de la construction du récit. Il m'a même semblé, à la fin, que l'auteur s'essoufflait : le rythme redevient plus soutenu, les personnages se succèdent plus rapidement, pour en arriver au dernier, Ioan Marinescu, qui s'éteindra, enfant, en même temps, peut-on supposer, que la malédiction. Si l'enchaînement des morts brutales en début de récit permettent d'entrer rapidement dans ce conte, celles des dernières pages donnent plutôt l'impression d'une difficulté à terminer le récit.
En conclusion, j'ai aimé : la construction en forme de conte un peu loufoque, l'atmosphère pesante et surréaliste du récit, plombée par la malédiction qui pèse sur la famille, les portraits des personnages, l'humour (grinçant) qui transparaît dans ce récit, le portrait de famille..., mais j'ai été déçue par : quelques longueurs qui m'ont parfois ennuyée, un manque de rebondissements (peut-être le récit chronologique y est-il pour quelque chose), la succession des personnages qui m'a parfois perdue (merci pour l'arbre généalogique !) et l'impression que la fin a été un peu précipitée.
Un premier roman qui ne me laissera pas beaucoup de souvenirs je pense, mais qui me donne envie de relire cette auteure, pour confirmer, dans un sens ou dans l'autre.
Le lien est rajouté. Merci pour ta participation à mon challenge.
RépondreSupprimerJe pense que je peux oublier ce livre...
Bon dimanche.
Une auteure qu'il faudra que je découvre, mais peut-être pas avec ce titre.
RépondreSupprimerMerci pour ta participation au Défi Premier roman! Je viens de la relayer.
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