31 janvier 2016

Mauvais genre - Chloé Cruchaudet

Ce 43ème Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême (auquel je n'ai pas assisté...) m'aura quand même donné l'occasion d'exhumer de mes étagères des titres qui m'y attendaient de longue date. Entendre parler de BD m'a donné envie de m'y plonger un peu, et m'a permis de faire de belles découvertes. J'ai acheté ce titre peu de temps après sa sortie, après avoir lu les nombreux billets très flatteurs à son sujet. C'est sans doute aussi l'occasion de montrer que les auteures féminins ont toute leur place dans ce "9ème art", si certains devaient en douter encore...


Mauvais genre de Chloé Cruchaudet.
Éditions Delcourt, 18 septembre 2013. 160 pages.


Présentation de l'éditeur :

Paul et Louise s'aiment, Paul et Louise se marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul, qui veut à tout prix échapper à l'enfer des tranchées, devient déserteur et retrouve Louise à Paris. Il est sain et sauf, mais condamné à rester caché dans une chambre d'hôtel. Pour mettre fin à sa clandestinité, Paul imagine alors une solution : changer d'identité. Désormais il se fera appeler Suzanne. Entre confusion des genres et traumatismes de guerre, le couple va alors connaître un destin hors norme.
Inspiré de faits réels, Mauvais Genre est l'étonnante histoire de Louise et de son mari travesti qui se sont aimés et déchirés dans le Paris des Années folles.


Ma lecture :

Dernière étape de mon petit rendez-vous personnel de cette fin de semaine à l'occasion de la 43ème édition du Festival d'Angoulême, avec la découverte de Mauvais Genre, album qui traîne depuis longtemps dans ma bibliothèque. Mauvais genre a d'ailleurs reçu en 2014 le prix du public Cultura du festival d'Angoulême.



Inspiré de l’histoire vraie de Paul Grappe et Louise Landy, racontée dans le livre La garçonne et l'assassin de Danièle Voldman et Fabrice Virgili, cet album met en scène une histoire d’amour au cœur de la Première Guerre Mondiale. Tout juste marié à Louise, Paul Grappe part faire son service militaire où il apprendra la déclaration de guerre. Il part donc au front, persuadé, comme les soldats bretons du Facteur pour femmes, de son retour à Paris pour l'automne. Seulement la guerre dure et la vie des soldats est particulièrement inhumaine. Après avoir vu un de ses compagnons perdre la tête, au sens propre comme au figuré, Paul finit par déserter. Confiné dans un appartement parisien, Paul va trouver le moyen de sortir sans être arrêté : se travestir en femme.

Si cette transformation pouvait paraître comme une excellente solution, elle finira par détruire le couple quand Paul se prendra au jeu de son nouveau personnage et deviendra le travesti le plus en vue du Bois de Boulogne. L'amnistie accordée aux déserteurs en 1925 n'y changera rien. Paul ne retrouvera pas celui qu'il était avant la guerre et les années qu'il vécut sous l'identité de Suzanne Langdard.

Mauvais genre - Chloé Cruchaudet


Une histoire bouleversante, d'autant plus quand on sait qu'elle est inspirée d'un fait réel, magnifiquement servie par le dessin plein d'humanité de Chloé Cruchaudet. Le noir et blanc est animé de touches de rouge qui mettent en lumière ce qui fait la féminité de Paul/Suzanne. Les retours sur les scènes de guerre particulièrement monstrueuses nourrissent la compassion que le lecteur ressent naturellement pour ce soldat ordinaire que la guerre a détruit. Il y a les gueules cassées qui reviendront à la fin des combats, détruits physiquement et psychiquement, et lui, qui a fuit la guerre et qui portera jusqu'à la fin de sa vie la culpabilité de ne pas avoir défendu sa patrie.

Le récit est dense, et c'est un autre point positif de cet album. Il mêle l'histoire de Paul et Louise à la grande Histoire de ce début de XXème siècle, histoire politique et sociale également avec ce petit aperçu des habitués du Bois de Boulogne. Sur ce point d'ailleurs, j'ai beaucoup aimé l'approche de l'auteure qui nous présentent ces hommes et femmes sans aucun jugement ni a priori.

Un résultat éloquent, un album très réussi.

Mauvais genre - Chloé Cruchaudet





1 commentaire:

  1. J'avais bien aimé le graphisme, moins l'histoire que j'avais trouvée trop superficielle.

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