Titre : Le fils de Jean-Jacques
ou la faute à Rousseau
Broché : 222 pages
Editeur : Ginkgo
Collection : Lettres d'ailleurs
Sortie 22 mars 2012
Une belle découverte
Novembre
1746. Une sage-femme dépose à l'hospice des Enfants-Trouvés un
nouveau-né âgé de deux jours. Il est le fils d'un certain Jean-Jacques
qui s'apprête à conquérir Paris.
L'abandon d'enfant est, à cette époque, une pratique relativement courante et ledit Jean-Jacques abandonnera successivement quatre autres nourrissons. Pourtant, son fils aîné, Baptiste, restera sa mauvaise conscience. Au soir de sa vie, il tentera en vain d'en retrouver la trace grâce à une carte à jouer déposée dans ses langes...
En imaginant la vie du seul enfant que Rousseau aurait pu retrouver, Isabelle Marsay croise les destins du père et du fils, donnant à voir le quotidien d'une époque paradoxale : siècle des Lumières, ultimes heures de la féodalité, décor naturel d'une histoire presque authentique : celle d'un homme qui abandonne ses enfants puis écrit des traités d'éducation qui feront date jusqu'à nos jours.
Interrogeant la conscience et les contradictions de Rousseau, dont la faute sera révélée au grand jour par Voltaire, Isabelle Marsay nous offre un roman surprenant, avec des personnages hauts en couleurs, de l'amour, de la haine, de la cupidité et de la générosité, sous-tendu par cette question : comment le pédagogue de L'Émile a-t-il pu abandonner cinq enfants ? Faut-il condamner notre philosophe, le plaindre ou s'abstenir de le juger ?
L'abandon d'enfant est, à cette époque, une pratique relativement courante et ledit Jean-Jacques abandonnera successivement quatre autres nourrissons. Pourtant, son fils aîné, Baptiste, restera sa mauvaise conscience. Au soir de sa vie, il tentera en vain d'en retrouver la trace grâce à une carte à jouer déposée dans ses langes...
En imaginant la vie du seul enfant que Rousseau aurait pu retrouver, Isabelle Marsay croise les destins du père et du fils, donnant à voir le quotidien d'une époque paradoxale : siècle des Lumières, ultimes heures de la féodalité, décor naturel d'une histoire presque authentique : celle d'un homme qui abandonne ses enfants puis écrit des traités d'éducation qui feront date jusqu'à nos jours.
Interrogeant la conscience et les contradictions de Rousseau, dont la faute sera révélée au grand jour par Voltaire, Isabelle Marsay nous offre un roman surprenant, avec des personnages hauts en couleurs, de l'amour, de la haine, de la cupidité et de la générosité, sous-tendu par cette question : comment le pédagogue de L'Émile a-t-il pu abandonner cinq enfants ? Faut-il condamner notre philosophe, le plaindre ou s'abstenir de le juger ?
Ma lecture :
Pour
être honnête, je suis un peu venue à ce titre par dépit. N'étant plus
très assidue au challenge que je vous ai proposé en l'honneur du
tricentenaire de la naissance de Rousseau : 300 ans, Jean-Jacques Rousseau, j'ai
ici trouvé un biais pour vous parler de l'auteur sans le lire...
J'aurai pu m'en passer, mais l'assiduité de Bina sur ce challenge
m'invite à rester à la hauteur.
Je me suis donc lancée dans cette lecture suggérée par Opaline notamment et qui figure dans ma liste Wanted. Et ce fut une sublime découverte !!!!
Dans ce livre, Isabelle Marsay met en perspective les textes de Jean-Jacques Rousseau avec la vie imaginée de Baptiste, le fils aîné du célèbre auteur de l'Emile, abandonné aux Enfants-Trouvés
au cours de l'hiver 1746. Cette alternance avec les textes de Rousseau
permet de garder à l'esprit la vie qui fut la sienne, son état d'esprit
et sa philosophie.
La
vie de Baptiste telle que l'a imaginée Isabelle Marsay entre en
parfaite résonnance avec la pensée de Jean-Jacques Rousseau : on peut
d'ailleurs supposer que si cet enfant avait été élevé par son père, il
aurait développé la même sensibilité à la nature et aux êtres. Pourtant,
son sort aurait été tout autre.
Dès
les premières pages, on perçoit l'issue de cette histoire. Dès le début
on comprend la douleur de ses vies abandonnées au sort le plus
misérable. Si Baptiste échappe à la mort, on sait que toute sa vie il
restera un Enfant-Trouvé. On espère pour lui un Bonheur entier, mais on
ressent, au fond de soi, que ce ne serait pas la vie, la vraie, si cette
origine n'avait aucune conséquence. On sent que le mauvais sort finira
par le rattraper. Que la vie, la vraie, n'est pas un conte de fées.
Malgré tout, cette histoire est magnifique. L'écriture d'Isabelle Marsay y est pour beaucoup. Le texte est tout simplement admirable : la langue est précise, très riche,
pleine de douceur et de violence à la fois. Les textes de Rousseau,
positionnés à chaque début de chapitre, viennent rappeler le contexte du
roman. Ils créent un malaise et permettent de rendre perceptible les
regrets, le remords du philosophe. Ces abandons (parce que Jean-Jacques
Rousseau aura ainsi abandonné ses cinq enfants, contre la volonté de sa
compagne) n'ont cessé de hanter l'auteur. Peut-être encore plus pour
l'aîné, qu'il était le seul à éventuellement pouvoir retrouver un jour.
Ce roman décrit avec force détails une réalité de cette seconde partie du XVIIIème siècle, celle des Enfants-Trouvés. Une réalité très douloureuse comme en témoigne le tableau ci-dessous. Il s'agit d'un roman historiquement très précis et très documenté. Il dessine avec beaucoup de réalisme
la bonté de ces religieux qui accueillent les enfants, celle du curé de
campagne qui veille sur ces ouailles, de ce médecin de campagne
soucieux de la santé des plus humbles. Les personnages de Roland et de
Jeanne sont magnifiques. Mais le roman rend également terriblement
vivante la misère, la noirceur, celle du temps, de la
terre, des âmes et des consciences, cette âpreté du quotidien, cette
urgence qui peut rendre tout un chacun violent, rustre, négligeant et
intéressé. Les conditions de vie dans ces hospices des enfants-trouvés,
de ces pauvres nourrissons trop nombreux pour le nombre de nourrices
disponibles. Le tableau dépeint par Isabelle Marsay contraste d'ailleurs
avec cette quête du bonheur poursuivie par Jean-Jacques Rousseau. Deux
mondes qui s'ignorent totalement.
Un
très beau récit qui permet de découvrir une facette de la vie et de la
pensée de Jean-Jacques Rousseau tout en percevant son état d'esprit
perturbé et blessé. Un très beau livre qui me donne envie de retrouver
Isabelle Marsay dans d'autres lectures.
**********
Une lecture que j'inscris donc pour ce mois de janvier du challenge 300 ans - Jean-Jacques Rousseau et qui me permet d'honorer de belle façon le challenge de Opaline - La plume au féminin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire