« Je me suis rappelé le jour où nous avions dîné tous ensemble et où mon père avait allumé son cigare à la fin du repas. Ma mère nous a rejoints au salon et a pensé à haute voix : « On est là tous les quatre… les choses qu’on a vécues… » Silencieux, le regard perdu, tous deux souriaient à demi. Oui, la famille avait survécu. »
C’était avant Bardot et les starlettes, avant que Spielberg, Coppola ou Jarmusch ne débarquent sur la Croisette, avant les batailles pour la palme et les très riches heures du Festival de Cannes.
C’était à la fin du XIXème siècle, dans une ferme en Lorraine. Un certain Auguste Jacob, mon grand-père, décidait de monter à Paris. Ainsi commençait l’histoire des miens - mon histoire. Avec ses heures de gloire -mon père André, héros de la Première guerre ; le cousin François, Compagnon de la Libération et prix Nobel- et ses heures sombres -l’Occupation, l’exode, un dramatique secret.
En racontant l’ascension d’un modeste paysan qui aura fondé, contre vents et marées, guerres et déportation, une dynastie, j’ai voulu raconter un peu plus qu’une affaire de famille. Une histoire française prise dans la tourmente du siècle et les tourments intimes.
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Cette lecture date aussi un peu puisqu'elle faisait partie de la liste des 6 livres proposés dans le cadre de la sélection "récits autobiographiques" proposée en mai par la bibliothèque Libre Cour au Comité des lecteurs. Mais là encore, j'ai tardé à rédigé un billet, même si les premières lignes datent du 24 mai... Sauf que cette fois-ci, je n'étais pas allée très loin, et que mon carnet de lectures ne contient aucunes traces de ce livre...
Peut-être était-ce un signe, car en effet, c'est le récit qui m'a le moins convaincu. Je ne suis pas parvenue à ressentir une quelconque empathie pour cette famille et pour le petit garçon qu'était Gilles au début du récit. Le ton est froid, distant... et entre Didier Eribon et Roukiata Ouedraogo, difficile de ce sentir concerné par ce nouveau récit autobiographique ! Les seuls moments où j'ai été touchée sont ceux où l'auteur évoque son épouse.
J'ai par ailleurs été gênée par cet a priori faisant de la trajectoire de Gilles Jacob celle d'une ascension sociale exemplaire. Car en effet, l'auteur ne passe pas directement de la grande précarité à la présidence du festival de Cannes internationalement connu. On perçoit tout au long du livre combien le capital culturel et économique de sa famille ont pu être des leviers et des atouts tant dans sa carrière qu'aux moments tragiques de la Seconde Guerre Mondiale. Tous les enfants à ce moment n'ont pas eu la possibilité d'être pris en charge par un réseau de résistants et de poursuivre leur scolarité dans un établissement religieux. Tous n'ont pas eu ensuite l'opportunité de s'inscrire à la Libération au fameux lycée Louis Le Grand. Cela n'enlève rien aux souffrances vécues par cette famille, dont le père est fait prisonnier en Allemagne pendant la guerre et la mère doit subvenir aux besoins de ses enfants et veiller à leur sécurité.
Cependant, ce capital familial, dont l'auteur ne semble pas avoir conscience, contribue me semble-t-il, à la mise à distance du lecteur. Les parties de tennis à proximité de la propriété familiale normande de la famille m'ont paru un peu cliché. Toutes les familles n'ont pas non plus leur prix Nobel... Mais peut-être est-ce de la réserve ou de la timidité venant de quelqu'un qui m'a semblé finalement, à la lecture de ce livre, comme étant modeste et accessible.
Je n'en dirai pas plus car ma lecture date, mais j'en ai gardé une impression mitigée.
L'échelle des Jacob - Gilles Jacob
Editions Grasset - 252 pages - octobre 2020
Peu de lectures de ce récit, et donc peu d'avis : je retiendrai celui de CinéChronicle.
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