Madrid 2110. Lorsque le commissaire Lizard disparaît, la réplicante Bruna Husky, détective privée, se lance éperdument à sa recherche. Elle découvre à la télévision qu'il est l'un des treize otages qui seront exécutés, un par un, par des terroristes très jeunes et dont les revendications sont bien accueillies pas ceux qui souffrent dans un monde où l'air et l'eau doivent s'acheter. Bruna, qui compte de façon obsessionnelle le nombre de jours qui la séparent de son obsolescence programmée de réplicante, se met à compter aussi le nombre de jours avant que Lizard soit décapité.
Dans son enquête elle découvre une colonie qui refuse la technologie ainsi qu'une structure du pouvoir qui remonte au XIVème siècle et pourrait dominer les technologies dont elle est elle-même issue. Dans ce monde secoué de convulsions multiples, les crispations populistes s'exaspèrent et une guerre civile devient inévitable. Tous se méfient de tous et ne restent que les liens anciens de l'amitié avec Yannis, le vieil archiviste dépressif, la farouche Gaby, les extraterrestres tendres et le boubi Bartolo, vorace et affectueux.
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Cinquième lecture pour le club de lecteurs de la bibliothèque sur le thème des auteurs espagnols contemporains. Le nom de Rosa Montero ne m'était pas inconnu, mais finalement, il ne me semble pas avoir jamais lu l'un de ses livres. Direction Madrid, en 2110.
Autant le dire tout de suite, je ne suis pas fan de science fiction. Autant j'apprécie le mystère, la Fantasy, les histoires de sorciers et de lutins (dans la mesure où elles s'inscrivent dans un contexte assez quotidien malgré tout), autant les récits de robots, de guerres interplanétaires, d'humanoïdes et de cyborgs... ne m'intéressent guère. Et c'est tout l'intérêt des clubs de lecteurs de nous sortir des sentiers battus.
Sauf que là, la magie n'a pas opéré… J'aime pouvoir me repérer dans les histoires, faire des liens avec mon quotidien, avoir de l'empathie pour les personnages, ou au moins qu'ils fassent naître des émotions, y compris la colère ou l'exaspération. Mais dans le roman de Rosa Montero j'ai été submergée par les références à un monde de science fiction : les humanoïdes nés on ne sait trop comment à 25 ans et avec une date de péremption relativement courte, des planètes amies et ennemies qui gravitent autour de la terre, des humains à 90% bionique ou cyborg...
Un cœur métallique vous faisait-il moins humain qu'une jambe en titane ?
Heureusement, on y rencontre aussi des vrais humains attachants, comme le vieil archiviste Yannis, la petite peste russe, Gaby, ou la sœur de Lizard, membre de la Communauté des Nouveaux Anciens qui vit en autarcie, libérée des chaînes technologiques. On peut aussi imaginer à travers ce roman ce que pourrait être le monde de nos arrières petits enfants si nous n'y changeons rien : un monde d'une extrême violence, où l'on doit payer pour vivre dans des zones où l'air est propre, où l'on doit acheter des cartes jetons pour accéder à l'eau et où le prix de cette denrée précieuse peut doubler en 24 heures. Un monde où la nourriture se consomme exclusivement en sachets, composés de poulpes au goût de poulet, chocolat ou banane… Un monde bien peu enthousiasmant, où des bandes terroristes s'activant pour un libre accès à l'eau et à un air pur, sont combattues par les puissants de ce monde qui veulent conserver leur droit à tout posséder, y compris un corps quasi totalement artificiel. Finalement, après avoir lu le Trump de Alain Badiou, on se dit que n'en sommes pas très loin de ce monde où les riches peuvent se confiner dans leur manoir en bord de mer posé sur quelques hectares de terrain tandis que les plus pauvres restent entassés dans quelques m² d'un logement insalubre...
Ce genre de récit et de réflexion aurait pu me plaire, mais le côté science fiction omniprésent ne m'a pas permis de me sentir vraiment concernée par cette histoire. J'en suis quand même venue à bout, parce que le confinement m'en a donné le temps. Mais il est certain que je l'aurai abandonné en cours de route si j'avais dû le rendre dans des temps raisonnables à la bibliothèque. J'ai néanmoins bien fait de m'accrocher car la fin m'est parue plus fluide et plus… terrestre, ou terrienne.
Ce roman est semble-t-il le troisième d'une série d'aventure de Bruna Husky, humanoïde détective aux états d'âme très humains. Il se lit très bien sans avoir lu les romans précédents. Pour ma part, je ne ferai pas ma curieuse et en resterai là avec les enquêtes de Bruna et de son amant le commissaire Lizard.
Sans amour, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue.
Vous trouverez des avis enthousiastes chez Stelphique, En lisant en voyageant ou chez Delphine Olympe.
Le temps de la haine - Rosa Montero
Editions Métailié - septembre 2019 - 356 pages
4ème lecture pour le Comité - avril 2020 |
J'ai beaucoup aimé, mais je crois que j'aurais moins accroché si je n'avais pas d'abord lu le 1er opus, qui plante soigneusement le personnage de Bruna et le contexte..
RépondreSupprimerEn même temps, la SF, c'est pas trop mon truc. Surtout quand il y a trop de robots, de planètes et d'extra-terrestres ;-)
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