Un mois… rien que ça… C'est le temps qu'il m'aura fallu pour venir à bout que ce Père Goriot. Je n'ai jamais été une lectrice de classiques et il me faut toujours un bon temps d'adaptation pour retrouver une lecture fluide. Sauf que des classiques, j'en ai toute une collection dans ma bibliothèque : des acquisitions du temps où n'imaginais pas la lecture comme un moyen de détente et de plaisir (et où je ne lisais que des essais et des romans classiques qui me tombaient des mains…) mais aussi des bouts des bibliothèques de mes parents et grands-parents ayant atterris dans mes cartons au gré des déménagements. Alors grâce au défi proposé par Antigone, Objectif PAL, j'ai sélectionné 3 titres classiques dans la listes des livres que je compte bien sortir de ma PAL cette année. J'ai donc commencé avec Le père Goriot qui, une fois la question de langue évacuée, s'est avéré être un très beau récit plein d'émotions.
Le père Goriot de Honoré de Balzac.
Éditions du Livre de Poche, 336 pages.
Présentation de l'éditeur :
La maison Vauquer est une pension parisienne où se côtoient des résidents que tout oppose, et pourtant inexorablement liés : Rastignac, un jeune étudiant en droit, le Père Goriot, un ancien fabriquant de vermicelles, ou encore le mystérieux Vautrin.
Tous ont leurs secrets et leurs faiblesses : Rastignac, obsédé par la haute société, délaisse ses études pour tenter de s’y faire intégrer ; Vautrin cache un passé douloureux ; le Père Goriot s’est ruiné pour ses filles ingrates.
La maison Vauquer s’apparente alors à une peinture de cette époque, un cliché de personnages aussi différents qu’unis, criants de vérité, acteurs d’une comédie humaine.
Ma lecture :
Qui n'a jamais lu Balzac ?! A part moi, peu de monde sans doute. Beaucoup l'ont sans doute croisé au cours de leurs études… Moi non. Et comme beaucoup encore, les lectures imposées m'ont toujours rebutée. Enfin, jusqu'à ma découverte des Clubs et Comités de lecteurs ! Toujours est-il que même si je l'avais lu, je ne m'en souviendrais sûrement pas.
C'est avec un peu d'appréhension que je me suis plongée dans ce texte. Je lis peu de classiques et suis donc peu coutumière de cette langue et de ces longues descriptions. Le rythme est lent. Balzac prend le temps de nous présenter ses personnages et les diverses situations. J'ai mis un peu de temps à m'ajuster à cette lecture. Et j'ai fini par me laisser happer par les relations entre les hôtes de la pension Vauquer. Si les relations semblent un peu tendues entre chacun des résidents, une chose les réunit cependant : leur situation économique fragile. Certains aspirent à trouver la richesse, d'autres l'ont perdue. Elle les fait tous beaucoup parler. Et le premier à en faire les frais est le Père Goriot, méprisé par la plupart des résidents. Discret, il s'épanche peu sur son histoire et ses relations, laissant libre cour à l'imagination et à la médisance.
Seul le jeune Rastignac verra en lui un peu plus loin des apparences et s'attachera au bonhomme. Le jeune Eugène de Rastignac, fraîchement débarqué de province, se laisse séduire par les lumières de la haute société et de la richesse. Délaissant ses études, il se rapproche de Madame de Beauséant, une lointaine cousine, avec l'espoir d'être intronisé dans ce milieu qui le fait rêver. Au mépris de son humanité et de la bienveillance dont il sait faire preuve pour autrui. Entre l'altruisme et la réussite sociale, il lui faudra très certainement choisir.
J'ai beaucoup aimé les personnages du Père Goriot et d'Eugène de Rastignac. La manière qu'a Balzac de les dépeindre, avec beaucoup de nuance et de sensibilité nous les rend attachants. La tendresse dont fait preuve Rastignac pour le père Goriot, son attachement presque filial, le préserve de céder entièrement à son goût pour la réussite facile, le paraître et le clinquant (le bling-bling dirions-nous aujourd'hui). Mais la présence du vieil homme n'est pas éternelle. Et l'on découvre très vite le cynisme de chacun des personnages, plus préoccupés par leur position dans le Monde que par l'être humain et sa sensibilité. Ce roman est chargé de l'immoralité de chacun des personnages, qui va croissante et bouleverse le lecteur. Le cynisme est parfois éhonté, violent. Il sait aussi se montrer plus subtil...
Ce roman est une belle galerie de portraits, pas toujours très honorables au demeurant. Il est un récit d'apprentissage où le jeune Rastignac fait son entrée dans La Comédie humaine où nous pourrons encore le suivre au cours d'une petite dizaine d'ouvrages.
J'ai mis le temps (il m'a fallu un petit mois pour en venir à bout), mais j'ai apprécié ma lecture : la langue, le rythme comme l'histoire et les portraits. J'ai deux autres romans de Balzac dans ma PAL… Le cousin Pons et Eugénie Grandet. Peut-être tenterai-je de sortir l'un des deux de ma PAL au cours de l'année.
"Un homme qui se vante de ne jamais changer d'opinion est un homme qui se charge d'aller toujours en ligne droite, un niais qui croit à l'infaillibilité. Il n'y a pas de principes, il n'y a que des événements ; il n'y a pas de lois, il n'y a que des circonstances : l'homme supérieur épouse les événements et les circonstances pour les conduire. S'il y avait des principes et des lois fixes, les peuples n'en changeraient pas comme nous changeons de chemises."
"Il y a des femmes qui aiment l'homme déjà choisi par une autre, comme il y a de pauvres bourgeoises qui en prenant nos chapeaux, espèrent avoir nos manières. Vous aurez des succès. À Paris le succès est tout, c'est la clef du pouvoir. Si les femmes vous trouvent de l'esprit, du talent, les hommes le croiront, si vous ne les détrompez pas. Vous pourrez alors tout vouloir, vous aurez le pied partout. Vous saurez ce qu'est le monde, une réunion de dupes et de fripons. Ne soyez ni parmi les uns ni parmi les autres. Je vous donne mon nom comme un fil d'Ariane pour entrer dans ce labyrinthe "
Ma lecture de janvier |
1er classique 2019 |
il faudrait que je le relise maintenant que j'ai visité le musée Balzac!
RépondreSupprimerJ'adore lire Balzac de temps en temps. Et celui-ci est un de ceux que je préfère.
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