C'est la première fois que mon choix de lecture est orienté par les avis de la communauté de La BD de la semaine. Je ne sais plus quels billets m'ont le plus inspirée, mais quand j'ai vu à la bibliothèque cette couverture que j'avais déjà repérée plusieurs fois, je n'ai pas hésité.
Et quel bonheur ! La douceur qui émane de la couverture est à la hauteur des émotions qui se dégagent de cette lecture. Tout n'est pas que paix et quiétude dans cet album, mais malgré tout l'attachement entre Anne Sullivan et Helen Keller, son élève sourde et aveugle est bien réel. Il est si fort qu'il permettra à l'une comme à l'autre de surmonter les handicaps que la vie à placé sur leurs chemins.
Je ne connaissais rien de ces deux personnages bien réels de la fin du XIXème début du XXème siècle. Je me suis passionnée pour ce récit et ces destins hors du commun.
Annie Sullivan & Helen Keller de Joseph Lambert.
Éditions çà et là / Cambourakis, octobre 2013, 96 pages.
Présentation de l'éditeur :
Née en 1880 dans l'Alabama, la petite Helen Keller devient aveugle et sourde à l'âge de dix-neuf mois, probablement des suites d'une méningite. Elle devient alors incapable de communiquer avec son entourage, si ce n'est avec quelques gestes maladroits. Sa vie va être bouleversée à l'âge de six ans quand ses parents engagent Annie Sullivan comme gouvernante. Annie Sullivan, alors âgée de 20 ans, vient de finir ses études à l'Institut pour aveugles : Perkins. Elle-même mal voyante, elle a appris à enseigner la langue des signes dans cette institution précurseur. Elle va prendre en charge l'éducation d'Helen Keller, et au fil des mois elle va réussir non seulement à établir un contact avec l'enfant, mais à lui apprendre le langage des signes, puis l'écriture. Les deux femmes resteront amies à vie. Helen Keller deviendra une figure de la société américaine, écrivain féministe, elle mènera également un combat politique, sera membre du parti socialiste américain et créera une fondation. Complémentaire des livres ou films existant à propos d'Helen Keller, cette bande dessinée est centrée sur l'histoire de cette extraordinaire rencontre et sur les nombreux obstacles contre lesquels va lutter Annie Sullivan dans une famille très conservatrice du Sud des États-Unis.
Une incroyable leçon d'humanité, magnifiquement dessinée par Jonathan Lambert.
Ma lecture :
Comment ne pas être conquis par ce magnifique album ?!
Pour le récit d'abord. Difficile d'imaginer comment, à plus d'un siècle de nos technologies modernes, une jeune fille sourde, aveugle et muette a pu apprendre à communiquer, à lire et à écrire. Essayons d'imaginer l'univers dans lequel évoluait cette enfant plongée dans un environnement sans bruit et sans images. Le noir et le silence perpétuel. Quelle angoisse pour cette petite fille devenue sourde et aveugle à l'âge de 19 mois. Quel bonheur de rencontrer alors des bras aimants et chaleureux ! C'est Annie Sullivan qui vient seconder les parents d'Helen pour tenter d'entrer en contact avec l'enfant. Les débuts sont douloureux : un combat physique dans lequel Annie ne lâche rien, convaincue que seule la discipline et l'exigence permettront à Helen de progresser et d'apprendre. Finalement, cette force de caractère lui permettra d'atteindre des résultats exceptionnels : Helen parviendra à communiquer avec son entourage, puis elle apprendra à lire et même à écrire.
Au-delà du destin remarquable de ces deux femmes, cet album témoigne également de l'indéfectible attachement qu'elles auront l'une pour l'autre, des difficultés qu'elles rencontreront, chacune de leur côté d'abord, puis ensemble, dans l'apprentissage. Jamais Annie Sullivan ne baissera les bras et son acharnement permettra à Helen de sortir de son isolement. De son côté, à partir du moment où elle commence à comprendre ce qui est attendu d'elle et quelles joies elle peut en tirer, Helen Keller ne s'arrêtera plus jamais d'apprendre.
Ce récit est enfin soutenu, et sublimé, par le dessin de Joseph Lambert. Car celui-ci ne se contente pas de nous montrer l'histoire de ces deux femmes, il nous fait ressentir au plus près ce qu'elles peuvent vivre. L'isolement d'Helen Keller, dans un monde sans lumière ni sons. La chaleur humaine qu'elle ressent grâce au toucher. L'apparition et la compréhension progressive des mots, de leur signification, des phrases et de toutes les portes qu'elles ouvrent. On ressent également avec "nos trippes" le combat acharné auquel se livre Annie Sullivan pour entrer en contact avec Helen. Le choix du dessin en gris et noir pour témoigner de l'univers de Helen est extraordinaire !
Au début de l'album, il n'existe aucun mot, aucune image dans l'environnement de Helen : seuls sont appréhendés par l'enfant les contacts avec l'extérieur. Puis progressivement apparaissent les gestes, qui signifient des objets du quotidien. Un langage par les signes pour désigner des choses. Et puis un jour, c'est le déclic : les signes traduisent des choses que l'on peut toucher par ailleurs et survient la compréhension que chaque chose, chaque objet de l'environnement peut être désigné, avec de plus en plus de précision. Quelle émotion de voir cette femme et la petite fille se rapprocher, se faire confiance et construire cette relation emplie de tendresse.
Le parcours ne sera pas aisé, ni pour Helen ni pour Annie, mais l'amitié qui en naîtra durera toute leur vie. Et cet album en est un magnifique témoignage. Second coup de cœur de cette année 2019 qui se révèle pleine de promesses !
J'avais beaucoup aimé cet album (même si le dessin moins) qui nous donne à voir et comprendre le monde d'Helen et son isolement, puis ses progrès, mais aussi celui d'Annie, son enfance, ses combats, les approches médicales et finalement, c'est tout un pan de la société d'alors qui nous est retranscrit.
RépondreSupprimerMerci pour la piqure de rappel, je crois que c'est un album que j'aurais plaisir à découvrir !
RépondreSupprimerEn effet, il y a de quoi être conquis. Merci pour cette piqûre de rappel ! :)
RépondreSupprimerJe lisais un roman quand j'étais jeune sur cette histoire, je l'aimais beaucoup. donc pourquoi pas ?
RépondreSupprimerJ'en garde un excellent souvenir. Surtout que je ne connaissais rien de l'incroyable histoire d'Helen Keller.
RépondreSupprimerJ'en garde aussi un beau souvenir... Quels destins .. Ces deux femmes m'ont beaucoup impressionnée!
RépondreSupprimerUne beau souvenir, un belle histoire même si le graphisme m'avait laissé de côté.
RépondreSupprimerIl est terrible ce RDV, il donne toujours envie de découvrir plein de pépites !
RépondreSupprimerJ'ai lu la version roman de cette histoire quand j'étais jeune et ma découverte de cette BD a été un gros coup de coeur tant tout m'est revenu et j'ai été bluffée par la manière de l'illustrateur de mettre en scène l'éveil d'Hellen.
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé moi aussi cette lecture, et je me souviens avoir été bluffée par les dessins de langue des signes (traduits par l'auteur pour la version française) ! L'histoire aussi était forte ! Un album dont je me rappelle des années après sa lecture...
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé aussi !
RépondreSupprimerJe connaissais l'histoire d'Helen Keller par les romans qui racontent son histoire et font un carton en jeunesse à la médiathèque, ce qui a eu tendance au fil du temps à provoquer une réaction épidermique chez moi. Mais tu as su me convaincre, et voir plus loin que le racoleur "sourde muette aveugle", notamment en parlant de sa carrière d'écrivain féministe que j'ignorais. Je vais aller voir ça de plus près, merci ;-)
RépondreSupprimerLe dessin me perturbe un peu mais le thème est alléchant.
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