06 août 2018

No pasaran, le jeu - Christian Lehmann

Petite incursion dans l'univers des ados avec ce titre à la quatrième de couverture très alléchante. Je n'ai pas l'habitude de lire ce type d'ouvrages, mais celui-ci, destiné à l'un de mes neveux, trônait sur la table chez mes parents. Le titre m'a intriguée, la quatrième de couverture m'a séduite, et la maison d'édition, l'Ecole des Loisirs, m'a convaincue. Je l'ai donc subtilisé le temps d'une semaine, avant l'arrivée de mes neveux pour les vacances. Grand bien m'en a pris, je pense. J'ai adoré ma lecture, et englouti le livre le temps d'une soirée. Mais j'ai aussi pu alerter mes parents sur le contenu du livre et sur l'âge indicatif (13 ans) : il m'a semblé que mon neveu était peut-être encore un peu jeune (12 ans) pour ce genre de récits...

No pasaran, le jeu - Christian Lehmann.
Éditions Ecole des Loisirs, septembre 1996, 230 pages.


Présentation de l'éditeur :

Éric et Thierry n’avaient jamais prêté attention à cet insigne sur la veste en cuir de leur copain Andreas. Une vieille décoration militaire parmi beaucoup d’autres. Jusqu’au jour où, dans une boutique de jeux vidéo à Londres, le vendeur, un vieil homme, avait pointé l’index vers l’insigne. Il était devenu livide, s’était mis à crier. Puis il leur avait donné le jeu, leur avait ordonné d’y jouer. Dans la boîte, une simple disquette. Et pourtant, ce qu’ils voyaient sur leur écran d’ordinateur dépassait de loin tout ce qu’ils auraient pu imaginer. – Choisissez votre mode de jeu, avait demandé la voix. L’Expérience ultime n’est pas seulement un jeu vidéo, mais plutôt un passeport vers l’enfer, qui les renvoie dans le passé, sur le Chemin des Dames en 1917, à Guernica sous les bombes en 1937 ou à Paris pendant les rafles de juillet 1942…


Ma lecture :

L'ouverture de ce récit m'a fait penser à "L'ombre du vent", de Carlos Ruiz Zafon. Ici, c'est dans une boutique poussiéreuse de jeux vidéos que trois jeunes adolescents se retrouvent, à l'occasion d'un voyage scolaire à Londres. Le vieux qui les accueille est loin d'être à l'image du geek à la pointe de l'actualité numérique. Il ne connaît rien des dernières sorties dans l'univers de jeu vidéo. Mais reconnaissant un insigne sur le revers de la veste d'un des trois jeunes, il leur fait cadeau d'un jeu sans pochette, tenant sur une malheureuse disquette...

Mais, surprise, le jeu est digne des plus puissants du marché. C'est d'abord ce qui surprendra les trois jeunes ados : comment un tel son et de tels effets vidéo peuvent-ils être contenu sur un support aussi archaïque ? La seconde surprise, et de loin la plus grande, c'est le jeu lui-même, qui comme le livre de Zafon, conduit nos trois héros au cœur de l'Histoire.

No pasaran, le jeu - Christian Lehmann - Antoine Carrion

Ce livre date de 1996 (on compte encore en francs !) mais est terriblement d'actualité : je ne pensais pas que l'addiction aux jeux vidéos étaient déjà d'actualité en 1996... surtout avec des jeux de guerre. Nos trois jeunes garçons passent leur temps libre sur leurs ordinateurs plongés dans leurs jeux, plus ou moins sanglants selon les tempéraments de chacun. Andreas est le plus mordu et le plus violent des trois. On perçoit vite qu'il prend plaisir à toute cette violence, dans les jeux comme dans la réalité. Sauf qu'avec cette Expérience Ultime, les jeunes garçons vont être plongés dans une réalité parallèle qui les conduits sur les principaux champs de bataille européens du XXème siècle : la Première guerre mondiale, l'Espagne, la Seconde guerre mondiale, et jusqu'à la Yougoslavie. Et c'est l'horreur des champs de bataille qu'ils vont découvrir, la réalité des populations, des femmes et des enfants, la souffrance et les peurs... De quoi leur passer le goût du jeu... enfin, théoriquement.

J'ai beaucoup aimé cette histoire, sa façon d'aborder l'addiction aux jeux vidéos, le parallèle fait avec la réalité des guerres. C'est aussi le récit de la haine et du racisme, de la violence ordinaire que l'on croise parfois dans certaines familles. Il se lit d'une seule traite. Mais j'attire votre attention sur la sensibilité des jeunes lecteurs qui pourraient avoir ce livre entre les mains. Destiné à mon neveu, âgé de 12 ans, il m'a semblé que certains passages étaient trop durs, trop violents, pour lui. Je ne sais pas où en sont les collégiens du programme d'Histoire, ce qu'ils connaissent des réalités de la guerre, mais je ne pense pas que tous soient armés pour être confrontés à certains passages de ce livre. Même si ceux-ci restent édulcorés, ils peuvent être parfois très réalistes. Mon neveu n'ayant pas non plus la pratique des jeux vidéos violents (enfin, je pense...), il m'a semblé plus pertinent de le garder de côté pour le moment, et attendre encore 1 an ou 2.

No pasaran, le jeu - Christian Lehmann - Antoine Carrion


Ce récit pourra ensuite être support à discussion sur la réalité des guerres et leur traduction virtuelle dans les jeux vidéos, sur le racisme et la haine de l'autre. Il peut aussi alerter les parents sur la pratique du jeu par leurs enfants. Si vous êtes séduits par ce premier titre, sachez qu'il y en a deux autres à suivre. Il existe également une BD, pour une autre manière d'aborder l'histoire.

Pour d'autres avis, allez voir dans la Bibliothèque Fahrenheit, ou sur le Blogonoisettes.


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