Première proposition de lecture pour le prochain rendez-vous du club de lecture chez Lise & moi avec le dernier livre de Thierry Vila. Je ne connaissais pas cet auteur, j'ai donc abordé ma lecture sans a priori. Direction les grands océans, sur un monumental bateau chargé de prospection pétrolière. Nous plongeons pour plusieurs mois dans ce huis clos iodé où la jeune Lil Servinsky, docteur en mission, se trouve confrontée à l'incompréhension et l'intolérance de ses compagnons de route. Un voyage éprouvant, pour la jeune femme comme pour le lecteur.
Le cri de Thierry Vila.
Éditions Grasset, août 2016. 272 pages.
Éditions Grasset, août 2016. 272 pages.
Présentation de l'éditeur :
Au moment où ce récit commence, Lil Servinsky, métisse anglo-rwandaise de trente-cinq ans, médecin, embarque pour la première fois à bord du Septentrion, un navire renifleur de pétrole. La jeune femme a fait de l’errance sur les océans son seul territoire. Mais sa relation très particulière au monde fera bien vite naître et croître des haines incontrôlables dans cet univers essentiellement masculin et clos sur lui-même.
Ma lecture :
Dans ce récit Thierry Vila nous invite à rencontrer Lil Servinsky, jeune médecin qu'une blessure d'enfance a conduite à quitter la terre ferme pour enchaîner les missions sur différents navires où elle occupe le poste de Docteur. Seulement Lil est un être blessé, dans son cœur et dans sa chair, qui s'est construit une carapace qui la tient isolée des autres spécimens de son espèce. Lil est brillante mais différente et solitaire. Et comme partout ailleurs sur terre comme en mer, la différence perturbe, dérange les plus ordinaires des hommes. Sur un navire, aussi gros soit-il, les critiques sont attisées par la nécessité de créer l'unité autour du rejet du bouc émissaire. Certains prendront son parti, partageant avec elle cette vision particulière du monde et son besoin d'isolement et de contemplation. Mais cela ne durera qu'un temps : le temps pour certains de partir, pour d'autres de se laisser convaincre, et pour les faibles, le temps de baisser les yeux.
Le récit est fort et perturbant, autant que peut l'être cette Lil que l'on ne comprend pas, dont on ne saisit pas l'histoire passée ni les comportements actuels. Même si l'auteur ne nous parle que d'elle, on ne la comprend jamais... enfin, moi, je ne l'ai jamais comprise. Sa façon de s'exprimer, quand elle parle, de penser, le reste du temps. La jeune femme est restée très hermétique et intouchable. Le comportement de ses compagnons de voyage est, malheureusement, plus compréhensible : c'est celui de la violence, de la bestialité, de l'intolérance et du rejet de la différence qui peut conduire aux pires actes de barbarie. Pour y répondre, quand le silence ne suffit plus, Lil s'exprime dans un cri tout aussi incongru et violent, qui déstabilise plus encore les observateurs.
Et la tension monte, jusqu'au dérapage qui nous propulse vers un dénouement terrifiant. Une catastrophe que l'on sent venir mais dont on ne sait comment elle se traduira.
Après cela, difficile de dire que je n'ai pas été enthousiasmée par ce roman...
Et pourtant. La façon qu'a Thierry Vila de nous parler de Lil est déstabilisante. Ses pensées, ses paroles et ses actes sont restés incompréhensibles pour moi. C'était peut-être la volonté de l'auteur, pour nous faire partager le sentiment des hommes du bord à l'égard de Lil. Incompréhension, agacement, exaspération parfois. Comme je n'aime pas ne pas comprendre ce que je lis, cela m'a un peu agacée. J'ai fini par lire certains passages plus rapidement, sans essayer d'en saisir pleinement le sens. Et cela aurait pu me suffire... si seulement j'avais compris la fin ! Je déteste rester sur un sentiment d'incertitude, mais c'est pourtant ce que nous offre l'auteur.
"Je ne sais pas penser ou sentir en dehors de la géométrie. C'est comme ça, je n'y peux rien. Ca a commencé très tôt, à l'école avec les bords et les surfaces. Pour moi, le complément géométrique de l'arbre, c'est l'herbe. Une ligne verticale, l'arbre-maison qui traverse de part en part le plan et les lignes innombrables, la liberté de l'herbe. L'herbe empêche le malheur. Tout est comme ça : opposé, en tension, et je suis toujours au milieu, toujours au milieu, portée par le flot. La ligne d'existence serait quelque part, entre l'arbre et l'herbe. Ici, peut-être..." (Le cri - Thierry Vila - Ed. Grasset - août 2016 - pages 114-115)
J'ai hâte d'échanger sur cette lecture déroutante avec les membres du club de lecture. Je suis curieuse de savoir de quel côté elles auront penché : l'exaspération face au trouble entretenu par l'auteur, ou l'enthousiasme pour l'atmosphère qu'il aura su créer dans ce récit.
Pour ma part, je reste un peu au milieu du gué.
6ème lecture - 1 % ! |
Tant pis, je ne le note pas.
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