Peu de temps après lu le dernier roman de Sylvain Coher, Nord nord ouest,
j'ai jeté mon dévolu sur ce récit. J'avais tout simplement a-do-ré
cette escapade en Manche, où trois jeunes gens embarquent à bord d'un
vieux rafiot, dans l'espoir de rejoindre l'Angleterre. La description de
la mer était une vraie réussite : comme ces vagues en pleine mer, le récit abordait des phases d'enthousiasme, d'euphorie presque, puis des moments de profonde angoisse, comme lorsqu'il fallait aborder cette première nuit en pleine mer. Un superbe récit sur la mer, l'amitié, l'espoir et la liberté.
Bref, après tant d'enthousiasme, j'ai sauté sur l'occasion de lire à nouveau Sylvain Coher, et de retrouver la Bretagne hors des sentiers touristiques.
Ils ont traversé la France en 2 CV pour atteindre la
côte atlantique où ils louent une maison délabrée
aux odeurs de poussière, de chats errants et de moisi.
Elia fuit un passé, redoute les souvenirs et cache une
valise. Celui qui partage son quotidien et ses angoisses
tient le journal de ses errances : les verres de
whisky, la falaise les soirs de tempête, les rencontres
dans les bistrots du port. Et tandis qu'Elia oppose une
rage autodestructrice aux fantômes qui pourraient la
submerger, tandis que son ventre s'arrondit au son
d'une chanson cubaine, le narrateur observe et aime
celle pour qui il est capable de tout, y compris du pire.
Pour évoquer une existence à la dérive et les cauchemars
inconsolables de la jeunesse, Sylvain Coher
allie l'empathie bienveillante à un humour malicieux,
âpre comme la réalité. Parfums, embruns et réminiscences
sculptent le décor étrange de ce road-movie
immobile à la troublante singularité, poétique et
habité.
Ma lecture :
Ce que j'aime chez Sylvain Coher, c'est sa capacité à décrire des atmosphères, des caractères troubles, des sentiments torturés, les angoisses de ses personnages. Comme dans Nord nord ouest, les héros ne sont pas des anges, leur passé les poursuit sans qu'on sache très bien de quoi il retourne. Dans Nord nord ouest, le lecteur finira par avoir la clé de compréhension... ce n'est pas le cas ici.
Comme dans Nord nord ouest, Sylvain Coher partage avec nous son goût pour la Bretagne et la mer. Pas celles des touristes et des plages de sable fin, mais la mer des marins, la Bretagne des embruns, celle des mois d'hiver et des tempêtes, celle des maisons vides et des balades le long des falaises sous la pluie et le vent.
Cette atmosphère m'a beaucoup plu, la poésie qui s'en dégage, de même que les personnages de ce roman. Par contre la construction de l'intrigue et le recours à ce narrateur si particulier m'ont décontenancée. La façon qu'à Elie de vivre sa grossesse m'a également gênée. Et puis surtout ce dénouement... le fait que le narrateur ne puisse avoir toute la connaissance de l'histoire, qu'il en soit exclu par Elie, laisse une part d'ombre trop importante. On peut supputer beaucoup de chose, j'ai d'ailleurs fait mon choix... mais j'en garde un sentiment de malaise assez détestable. C'est peut-être la réussite de ce roman. Mais j'ai du mal quand un auteur me laisse ainsi en plan ainsi au milieu du gué. Il y avait des incertitudes dans Nord nord ouest, mais qui ne m'ont pas gênées car il me semblait que l'essentiel était résolu.
Ce dénouement m'a déçue car j'avais beaucoup aimé l'ambiance du récit. Hors saison étant cependant son premier roman, je pense que je reviendrai vers cet auteur dont la lecture de Nord nord ouest m'avait réellement enthousiasmée.
Hors saison de Sylvain Coher.
Éditions Actes Sud, août 2011. 167 pages.
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Les avis sont partagés sur Babelio. Je vous invite à lire ceux de Charybde et Chopina (peu de billets sur ce titre me semble-t-il).
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