26 novembre 2014

L'amour et les forêts - Eric Reinhardt


La détresse et la tyrannie au sein du couple.


Un livre qui ne m'aura pas marqué : un sujet très fort, mais un style prétentieux, trop ampoulé, une Bénédicte Ombredanne pour laquelle je n'ai ressenti aucune empathie. Je suis restée très à distance de sa souffrance. Dommage.




Présentation de l'éditeur :

À l'origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l'écrivain, l'entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari. La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte. Récit poignant d'une émancipation féminine, L'amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d'être libre se dresse contre l'avilissement. 

Ma lecture :

J'ai entamé la liste du Comité de Lecteurs avec ce titre dont on parle beaucoup, et dont les médias disent beaucoup de bien. Mais de mon côté, je vais avoir du mal à vous en parler. Si je ne l'ai pas détesté, si je l'ai lu avec entrain, je n'en retiendrai pas grand chose.

J'ai lu une description presque clinique du harcèlement au sein du couple, de la famille. Je n'ai éprouvé aucune empathie pour Bénédicte Ombredanne qui a fini par m'agacer par autant de soumission. On comprend bien ce dont l'auteur veut nous parler : qu'une telle situation peut exister partout, dans tous les milieux, qu'une femme peut subir une telle violence psychologique, même en étant a priori cultivée, se laisser enfermer dans ce quotidien dont elle ne s'échappera jamais. Je sais bien également comment on peut en arriver là, par une succession de petites humiliations qui finissent par détruire toute capacité de résistance. Le sujet est très fort, dérangeant, oppressant.

"Tu vois à quoi j'en suis réduite, m'inscrire sur un site de rencontres, chercher un type qui soit d'accord pour me prendre, à l'improviste, chez lui, un jeudi après-midi ! Tout ça pour me sentir vivante ! Pour recevoir de l'affection ! Parce que j'en ai marre de foutre en l'air mes plus belles années ! Parce que j'en ai marre de cette vie sans amour, marre, marre, marre, marre !" (L'amour et les forêts - Eric Reinhardt - Ed. Gallimard - Page 162)

Mais le traitement du sujet ne m'a pas paru à la hauteur : Bénédicte Ombredanne m'a semblée fade, orgueilleuse. Je ne comprends pas comment elle peut ne pas partager cette souffrance avec une amie ou une sœur, même si, on le comprend bien, son objectif est de donner le change. Comment a-t-elle pu franchir le pas de l'adultère et ne pas pouvoir rompre ses chaînes définitivement. Comment, surtout, a-t-elle pu laisser ses enfants lui échapper. Comment une mère peut-elle se résoudre à cet état de fait. Je n'ai pas trouvé qu'Eric Reinhardt parvenait à nous faire sentir et ressentir cet engrenage, cette opportunité ignorée. Je n'ai pas compris ce qui faisait hésiter Bénédicte Ombredanne, ni pourquoi elle était à ce point résignée. Je ne suis pas parvenue à me mettre à sa place. Et cette vision extérieure a fini par m'exaspérer.

Forêt péri urbaine de Strasbourg


Le style de l'auteur aussi explique peut-être cet agacement. Le texte est travaillé, trop sans doute. Le style devient lourd, et manque de spontanéité. Je me suis engluée dans cette lecture, lassée par certaines tournures qui me paraissaient orgueilleuses elles aussi. La description de la nature aurait pu être grandiose, comme elle semblait s'en donner l'ambition : mais je suis passée à côté. Eric Reinhardt en fait trop. Comme le rôle qu'il se donne dans ce livre et qui selon moi n'apporte rien, à part une mise à distance que je ne peux que regretter. L'auteur nous donne à voir la triste vie de Bénédicte Ombredanne à travers ses yeux, sa perception et sa connaissance à lui... C'est sans doute la raison pour laquelle je suis restée éloignée de cette souffrance.

"Il était un peu comme un boulet, souvent. Je me souviens qu'il flottait dans ses bottes, c'est un détail qui m'est resté. Il se plaignait en permanence d'être tenu à l'écart, on le soupçonnait de prendre son temps exprès pour vérifier qu'on partait bien sans l'attendre et puis s'en plaindre. Vous voyez le caractère tordu. Il avait peur de grimper dans les arbres. Il refusait d'enfreindre les interdits de ses parents en s'aventurant trop loin en dehors du village, comme il arrivait qu'on le fasse, avec ou finalement sans lui, à pied ou à vélo."(L'amour et les forêts - Eric Reinhardt - Ed. Gallimard - Page 286)

J'ai finalement trouvé ce livre prétentieux, pas suffisamment sincère. Je me suis demandée parfois de quel droit, de quelle place, cet homme se permettait-il de nous raconter cette histoire. Non parce qu'il ne serait pas légitime, en tant qu'homme, à parler de cette souffrance, mais plutôt parce que j'ai eu le sentiment que l'auteur utilisait la détresse de Bénédicte Ombredanne pour en faire un roman à succès et se mettre en scène. Ses états d'âmes en tant qu'auteur m'ont semblé ici déplacés.

C'est dommage parce que nous touchons là un sujet qui m'intéresse et qui fait naître beaucoup de questions.

Broché : 368 pages
Éditeur : Gallimard
Collection : Blanche
Édition : 21 août 2014

Pour avoir d'autres points de vue, je vous invite à aller lire les billets de Alex, de Caroline et de Sylire.

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Il s'agit de ma première lecture pour le Comité de Lecteurs de décembre, et de mon 9ème titre lu dans le cadre de cette rentrée littéraire 2014.



http://itzamna-librairie.blogspot.fr/2014/10/comite-de-lecteurs-decembre-2014.html   http://delivrer-des-livres.fr/challenge-1-2014-les-lectures-participants/





4 commentaires:

  1. Zut, j'étais particulièrement enthousiaste à l'idée de le découvrir...

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    1. Certains lecteurs ont cependant adoré... Tu ne risques rien à commencer, il se lit vite : j'irai lire ton avis ;-)

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  2. C'est vrai qu'on en parle pas mal...
    Bonne fin de semaine

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  3. Quel dommage ! Ce fut pour moi un coup de coeur.

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