Auteur : Pascale Gautier
Titre : Les vieilles
Poche : 215 pages
Editeur : Gallimard - Folio
Sortie février 2012
Une jolie comédie douce-amère
Présentation de l'éditeur :
Il
y en a une qui prie, une autre qui est en prison, une autre encore qui
parle à son chat, et certaines qui regardent les voisines de haut en
buvant leur thé infect. Leurs maris ont tous disparu. Elles sont
vieilles, certes, mais savent qu'elles pourraient bien rester en vie une
ou deux décennies encore, dans ce pays où il n'est plus rare de devenir
centenaire. Alors elles passent leur temps chez le coiffeur, à boire et
à jouer au Scrabble, à essayer de comprendre comment fonctionne un
téléphone, à commenter les faits divers, à critiquer leur progéniture
qui ne vient pas assez, à s'offusquer de l'évolution des mœurs... Elles
savent que le monde bouge, et qu'elles devraient changer leurs
habitudes, mais comment faire, à leur âge ? Aussi, l'arrivée de Nicole,
une «jeunesse» qui entame tout juste sa retraite, et l'annonce d'une
catastrophe imminente, vont perturber leur quotidien. Ce nouveau roman
de Pascale Gautier est irrésistible par sa fraîcheur, sa volonté de
prendre avec humour le contre-pied de certaines idées reçues sur la
vieillesse.
Ma lecture :
Voici
un petit texte que j'ai découvert sur vos blogs. Le petit sourire
malicieux de cette charmante grand-mère en couverture a fini de me
décider.
Après ma lecture laborieuse de "La malédiction des colombes", j'avais besoin d'un petit livre sympatique et vite lu. C'est ainsi que j'espérais ce texte, et c'est ainsi qu'il fut.
"Les vieilles" est d'abord un petit livre plein d'humour,
mais c'est aussi une description très sensible des caractères de ces
petites vieilles qui n'espèrent plus rien désormais qu'une mort douce.
Et ces petites mamies ne sont forcément de gentilles petites vieilles :
leurs enfants et petits-enfants les fatiguent avec leurs conseils et
leur soi-disante bienveillancee, certaines leur en veulent de leur
imposer leur bru pendant que les autres ne veulent pas rendre les clés
de la voiture (certes, elles n'y voient plus très clair mais elles
roulent doucement...) ; certaines veulent encore séduire et cherchent à
prendre du bon temps avec les petits jeunes de passage ; d'autres
parlent avec leur mari disparu et venu faire une petite visite dans le
jardin ; et certaines encore attendent la fin...
Dans
ce livre, il y a Lucette, que l'on surprend toujours au téléphone avec
Maguy, la soeur de Mauricette... sauf que Lucette ne semble pas bien
sûre de savoir qui est Mauricette, pas plus que Maguy d'ailleurs... Mais
enfin, elle finit par faire la conversation. Elle a de la chance
Lucette, son fils pense à elle. Chaque fois qu'il vient la voir, ce qui
lui arrive quand même parfois, il lui ramène un nouveau téléphone.
"Elle est assise près du téléphone. Elle attend et oublie qu'elle attend. Elle pense à son fils qui n'est jamais là mais qui l'appelle tous les jours. Il lui a annoncé ce matin qu'il venait de lui acheter un nouveau téléphone en pharmacie. Un spécial pour vieille ! Avec des touches encore plus grosses que celui qu'elle a sur la commode. Et sur chaque touche on peut mettre la photo de celui qu'on appelle. Il va lui installer ça ! En plus des autres téléphones. Ce sera géant." [Les vieilles - Pascale Gautier - Folio - page 136]
Il
y a Madame Rouby, qui en a toujours voulu à son mari de devoir toujours
lui obéir... et qui lui en veut encore plus aujourd'hui qu'il est mort
avant elle et la laisse comme ça, toute seule ! Il y a Madame Rousse qui
écoute sa télé toute la journée et en fait profiter tout le quartier.
Il y a Madame Chiffe qui prie pour tout le monde et pour chacun, les
vivants comme les morts. Il y a... tellement ! Elles sont tellement
nombreuses toutes ces vieilles à habiter Trou !
" - Vous les avez vues ?- Vu qui ? Les vieilles ?- Oui ! Le plus grand rassemblement de vieilles de la région ! Elles sont là tous les après-midi. On dirait les hirondelles, quand elles se préparent à partir et qu'il y en a des centaines sur les fils électriques. C'est effarant ! Hélas ! Contrairement aux hirondelles, elles ne s'envolent jamais..." [Les vieilles - Pascale Gautier - Folio - page 82]
Mais
ce texte n'est pas uniquement drôle et léger. De par son sujet
globalement, mais également par les portraits de vieilles qui sont
dressés avec tant de sollicitude. On ressent la lassitude, l'agacement,
la révolte, l'ennui, les regrets, la colère, la sérénité, parfois un peu
de folie... Tous ces personnages évoquent des choses pour nous,
lecteurs. Et c'est ce qui fait la saveur de ce livre.
"Avec Gilbert, c'était autre chose. Ils n'ont pas eu besoin des mots. Ils étaient ensemble, et cela a rempli les journées, les semaines, les années. Elle n'a pas vu le temps passer. Il faut longer le nouveau cimetière pour arriver à la pompe à essence du Super-U. Comme elle ne voit pas grand-chose, elle met du temps à comprendre que tout est surpeuplé. Il y a un embouteillage ! Que de voitures, que de corbillards ! Elle en est tout estomaquée et, de surprise, cale." [Les vieilles - Pascale Gautier - Folio - page 166]
Une jolie comédie douce amère.
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Une lecture à inscrire au défi "Une plume au féminin" proposé par Opaline - Biblimaginaire.
Depuis quelques temps, ce livre me fait de l'oeil... Je le note !
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