Editeur : Les éditions du sonneur
Collection : La petite collection
Edith Wharton, romancière américaine de la fin du XVIIIème siècle,
début du XIXème, est un auteur à la mode sur la blogosphère. A tout le
moins, c'est grâce à vos billets que je l'ai découverte.
Le HS Marianne - Le Magazine littéraire de cet été nous la propose
dans la catégorie Classiques - étrangers (cf mon défi lecture de l'été).
Enfin, c'est Argali qui m'a offert ce petit livre qui me donne l'occasion de
découvrir La petite collection des Editions du sonneur. Il s'agit ici d'un article paru en octobre 1903 dans la North American Review.
Présentation de l'éditeur :
« Peu de vices sont plus difficiles à éradiquer que ceux qui sont
généralement considérés comme des vertus. Le premier d’entre eux est
celui de la lecture. »
Dans ce texte paru en 1903 dans une revue littéraire américaine, la romancière Edith Wharton (1862-1937) dénonce l’obligation sociale de la lecture, nuisible à la littérature et fatale à l’écrivain.
Dans ce texte paru en 1903 dans une revue littéraire américaine, la romancière Edith Wharton (1862-1937) dénonce l’obligation sociale de la lecture, nuisible à la littérature et fatale à l’écrivain.
Ma lecture :
Mais que peut bien raconter une romancière prolifique sur ce thème
?! Certes, elle n'en est qu'au début de sa carrière et n'a pas encore
écrit les ouvrages qui feront sa réputation.
Mais ne serait-ce pas un peu "cracher dans la soupe" ?
Loin de là !!
Ce petit texte est un vrai bijou. Très court et
très dense. Des réflexions et analyses très justes sur la lecture par
obligation, par devoir. Rapidement, Edith Wharton affirme sa
posture : elle prend le contre-pied de ce qui est habituellement
admis en "société" et associe la lecture à un vice. Quelle drôle d'idée ! me direz-vous.
Mais en la lisant, on se prend à partager beaucoup de ses points de
vue. Le premier témoignage de ce vice serait la lecture de "mauvais"
textes, de "mauvais" auteurs. Vient ensuite le lecteur
"par obligation", "par devoir". Celui qui lit, non par passion, mais parce que "cela se fait". Là où Edith Wharton témoigne de l'indulgence au "piètre"
lecteur qui s'assume comme tel, elle s'en prend avec virulence au "lecteur mécanique" qui est selon elle, la véritable nuisance de la littérature et des auteurs (des
"bons" auteurs, cela va de soi). Elle ne nie pas la nécessité de rapprocher les auteurs de supermarché des lecteurs du dimanche. Ces écrivains ont leur public, et tout est bien ainsi.
Là où elle devient plus corrosive, c'est lorsqu'elle s'en prend à ce
lecteur "mécanique", celui qui ne sait pas rester à sa place, celui qui
se lance des défis de lecteur, qui se
construit des programmes, tient une comptabilité de ses lectures, celui qui veut tout lire, ou lire ce dont tout le monde parle, et surtout, celui qui se pique
de faire des critiques sur chacune de ses lectures
(en se contentant finalement de redire ce qui est déjà contenu dans le
livre, sans rien apporter de nouveau, sans construire de
réflexion).
A côté du lecteur "mécanique" cohabite le lecteur "intuitif", celui qui lit sans y penser, à tout moment, celui qui trouve toujours le temps de lire, qui lit ce qu'il veut en
faisant fi de l'avis des sociétés de littérature, celui qui se laisse entraîner par un livre, vers un autre...
Bref, impossible, dans la position où nous sommes toutes et tous, de
ne pas s'interroger sur sa propre pratique de la lecture. Beaucoup de
réflexion sont concentrées dans ce petit ouvrage. Si la
qualité d'un auteur se juge à la réflexion que son texte peut faire
naître chez son lecteur, alors on peut dire que Mme Wharton est un
auteur de référence ! Et si cette part de réflexion qu'elle
a fait naître chez moi peut me laisser croire que je ne suis pas une
si "mauvaise" lectrice que cela, alors j'en serais rassurée...
Et vous, quel(le) lecteur(trice) êtes-vous ?
Un piètre lecteur qui s'assume, un lecteur intuitif ou bien un
lecteur "mécanique", de ceux qui assassinent la littérature (et la
critique...) ?
Je vous laisse seul juge. De mon côté, je pense assumer pleinement
ma posture de lectrice et je ne me considère pas dotée d'un tel pouvoir à
faire trembler les "vrais" auteurs ! Quels sont-ils
d'ailleurs, ces auteurs "de qualité" ? Là-dessus, Edith Wharton ne
nous éclaire pas beaucoup...
Ce texte m'a d'ailleurs rappelé une remarque du sociologue Pierre Bourdieu qui disait écrire pour ceux qui ne sont pas en mesure de le comprendre et n'être lu que par ceux qui ne
voulaient pas le comprendre... A méditer également.
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Une nouvelle lecture à inscrire aux challenges de George et de Opaline.
Vous pouvez d'ailleurs lire la critique de George sur son blog, Les livres de George et
moi, et voir ce qu'on pensé les "vrais" critiques littéraires de ce texte sur le site de l'éditeur Les éditions du sonneur.
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