La vie d’Émilienne, c’est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d’un chemin sinueux. C’est là qu’elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu’à ce que l’adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s’appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance. Une bête au Paradis est le roman d’une lignée de femmes possédées par leur terre. Un huis clos fiévreux hanté par la folie, le désir et la liberté.
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Le talent n'attend pas le nombre des années : cet adage me semble tout à fait approprié pour parler de Cécile Coulon. Cette jeune romancière de 30 ans a déjà publié 7 romans et reçu de nombreux prix littéraires, dont le prix littéraire du Monde pour son dernier roman, Une bête au paradis, paru en août 2019.
"Au centre de la cour, un arbre centenaire, aux branches assez hautes pour y pendre un homme ou un pneu, arrose de son ombre le sol, si bien qu'en automne, lorsque Blanche sort de la maison pour faire le tour du domaine, la quantité de feuilles mortes et la profondeur du rouge qui les habille lui donnent l'impression d'avancer sur une terre qui aurait saigné toute la nuit."
J'ai découvert cette auteure avec Trois saisons d'orage, son précédent roman, paru en 2017. J'avais adoré plonger dans son univers à la fois sombre et envoutant, lumineux et mystérieux. J'ai retrouvé cette même ambiance, plus forte et plus poétique encore avec cette bête au Paradis. J'adore l'écriture de Cécile Coulon, tellement fluide, précise et qui fait naître tant d'images, d'odeurs et de sensations. L'histoire de cette ferme au bout du chemin s'écoule à peu à l'écart du monde, avec cette famille née dans la douleur et la perte, viscéralement attachée à la terre. C'est l'histoire de deux femmes de caractère qui savent que la vie est dure et qui avancent avec conviction, protégeant les leurs et la ferme.
Comme dans Trois saisons d'orage, j'ai été emportée dans cet univers qui ne laisse que peu de place à la faiblesse, par cette nature puissante et omniprésente. Elle dépeint également avec beaucoup de justesse et d'empathie ces deux femmes que sont Blanche et sa grand-mère, Emilienne. Des femmes qui veulent se construire un monde d'amour et de bienveillance, qui savent soigner les blessures des hommes qui les entourent, mais qui savent aussi que la vie ne peut se réduire à cela et qui économisent leurs forces pour faire vivre la ferme.
"La fenêtre ouvrait son œil sur la cour. Les branches étendaient leurs ombres longues jusque devant la grange, le chien étirait ses pattes, se protégeait de la chaleur en changeant de place, suivant la danse du soleil à travers les feuilles. A midi, Emilienne le trouverait étendu sur les marches, au frais ; elle ne le gronderait pas, peut-être qu'elle le caresserait, ça lui arrivait, parfois, de lui passer la main sur le dos, de tapoter le haut de son crâne, entre les deux oreilles. L'animal plissait les yeux et se rendormait aussitôt."
La nature, les émotions contenues, qui parfois débordent au-delà de toute raison, et la ville aussi. Encore un thème que l'on retrouve dans le précédent roman de Cécile Coulon. Cette ville lointaine mais qui déploie ses tentacules jusque dans les confins de la campagne. Cette ville qui attire, mais qui charrie aussi la violence, la destruction des espaces naturels, la recherche du profit, la manipulation et qui apporte la haine. Si, au début du roman, on espère un rapprochement paisible entre la ville et la campagne, comme Marianne et Etienne, les parents de Blanche et Gabriel, on perçoit très vite que la passion entre ces deux extrêmes peut générer une violence inouïe.
J'aime beaucoup les thèmes développés par l'auteure et j'aime son écriture. J'ai su des les premières lignes que ce récit ne me lâcherai pas. Le suspens et la tension qui monte au fil des chapitres. Dans ce livre aussi le lecteur sent que l'orage gronde, la tension est palpable : jusqu'à la dernière page on se demandera de quel côté penchera le dénouement. Je n'en dirai pas plus : juste qu'on n'est pas déçu. Le récit tient ses promesses jusqu'à la dernière page. Un roman envoutant et puissant. Qui devrait laisser une marque encore très longtemps, une impression forte encore dans quelques années, comme cela fut le cas pour Trois saisons d'orage.
Une bête au paradis - Cécile Coulon
Editions l'iconoclaste - août 2019 - 350 pages
D'autres avis chez Kitty la mouette, Tant qu'il y aura des livres, Mots pour mots ou encore chez Mumu dans le boccage.
8ème titre lu de la RL 2019 |
Je viens de lire et j'ai bien aimé.
RépondreSupprimerPlus on avance dans la lecture et plus on veut savoir ce qui s'est réellement passé.