12 décembre 2017

Les vents noirs - Arnaud de la Grange

Voici ma 4ème et dernière lecture en prévision de la soirée du Comité des lecteurs de la bibliothèque Libre Cour programmée le 5 décembre. Le thème de ces lectures partagées était "Les nouvelles plumes de la rentrée". Premier roman donc pour Arnaud de la Grange avec ces Vents noirs qui nous conduisent aux confins de la Sibérie et du désert du Taklamakan, à l'ouest du désert de Gobi, sur les traces d'un mystérieux archéologue, à la fin de la Première Guerre Mondiale. Un texte sur la violence et la guerre, sur les cicatrices que cette dernière laisse dans le cœur des hommes, sur les rêves et l'espoir, sur l'avenir et le passé, sur l'amour et la mort, sur la mémoire enfin, qui ne laisse personne en paix. Une belle épopée aux côtés des cosaques.

Les Vents noirs de Arnaud de la Grange.
Éditions JC Lattès, 23 août 2017, 300 pages.

Présentation de l'éditeur :

1920. Entre la Sibérie et le désert du Taklamakan, paysages grandioses dont la démesure fait écho à celle des passions humaines, un homme part sur les traces d'un autre.

Le lieutenant Verken a gagné l'Asie pour fuir son passé. Il a pour mission d'arrêter Émile Thelliot, un archéologue que l'ambition a mené aux portes de la folie. Au fil de la traque, son hostilité se transforme en fascination pour le rêve sans limites de ce maître de l'orientalisme. Leur quête est-elle si différente ? Quel est le prix à payer pour leur soif d'absolu ?


Ma lecture : 

J'ai quitté la Sibérie de Sylvain Tesson pour rejoindre celle de Arnaud de la Grange. J'ai laissé derrière moi la quiétude et la solitude des bords du lac Baïkal pour rejoindre la violence de la guerre qui fait rage entre les armées blanche et rouge de la Russie d'après la révolution d'octobre de 1917. Au milieu de cette fureur guerrière, se trouvent des soldats français venus soutenir l'armée blanche. C'est le cas de Verken à qui l'on confie la mission de rechercher Emile Thelliot, un archéologue que le désir farouche d'être le premier à faire des découvertes essentielles conduit sur des chemins ensanglantés.

Le livre contient de nombreux récits de chevauchées à travers la Sibérie puis les déserts, de combats violents dans des territoires immenses et grandioses où les armées peuvent cheminer de longs jours sans croiser quiconque. J'ai aimé accompagner Verken dans ses combats et dans sa quête identitaire. J'ai aimé ses rencontres fraternelles avec les cosaques. Certains des lecteurs du Comité de lecture s'en sont lassés, moi c'est ce que m'a donné envie de poursuivre ma route. A l'inverse, quand d'autres lecteurs se sont passionnés pour le personnage de Thelliot et le pouvoir d'attraction qu'il exerce sur Verken, j'avoue que cette relation lointaine (puisque les deux personnages ne se "rencontrent" qu'à la toute fin du livre) ne m'a absolument pas intéressée. Je n'ai pas perçu la plus value de l'archéologue dans ce récit. Il m'a semblé que le combat que menait Verken contre ses démons était suffisant.


Désert du Taklamakan - Source: nationalgeographic.com.es


La sale guerre, en Europe, a laissé des traces chez les soldats : ils ne pouvaient pas revenir chez eux comme si de rien n'était. Ils ont été transformés, blessés, traumatisés... On prend conscience avec le destin de Verken à quel point le retour à la vie "normale" était impossible. L'ancien lieutenant a bien compris que rien ne pourrait le ramener à son passé : il a cherché une autre voie, à travers la Sibérie, et à la recherche d'une figure paternelle à jamais perdue. Dans ce roman, Arnaud de la Grange fait sentir à son lecteur combien il peut être difficile, voire impossible, un jour, de faire demi-tour. On ne sait pas bien ici, pour Verken comme pour Thelliot, à quel moment l'Histoire bascule : ont-ils eu un moment la possibilité de tout arrêter et de faire demi-tour, de rentrer ? A chaque étape de leur parcours, le lecteur se dit qu'il est encore temps de choisir la vie, l'amour et la lumière, la vérité... Mais l'un comme l'autre continuent à chevaucher toujours plus loin, rendant tout retour impossible. Et nous laissant avec cette ultime question : pourquoi ?

L'auteur nous fait découvrir avec fougue un univers inconnu, celui des extrêmes et des grands espaces. Comme une grande épopée, on traverse les terres à cheval ou à dos de chameau, en train blindé ou en radeau : j'ai été passionnée par cet aspect du récit. On ressent l'engouement de l'auteur pour ces contrées si stupéfiantes, ces territoires des extrêmes. Ce récit ne sera pourtant pas un coup de cœur car je n'ai pas été intéressée par ce Thelliot dont l'aventure a même apporté de la confusion à ma lecture. Cela n'en reste pas moins un très bon premier roman dont on parle peu dans la blogosphère, mais que je vous invite vivement à découvrir.



 
8ème titre                                                                  



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