J'ai découvert Jeanne Benameur il y a 2 ans, grâce au challenge proposé par Noukette, fine connaisseuse de l'auteure. Ma première lecture, Les demeurées, m'avait profondément touchée. Jeanne Benameur a un réel talent pour décrire des émotions, des sentiments et autres impressions. Ici, c'était la relation exceptionnelle entre une mère et sa fille. Ma seconde lecture, Otages intimes, m'avait également touchée par cette science de l'humain, la subtilité avec laquelle elle décrit les tourments de ses personnages. Je n'ai donc pas hésité une seconde en découvrant ce dernier texte sur la table de ma librairie. De nouveau, l'auteure nous conduit avec la légèreté d'un souffle sur une plume, dans un moment de la vie d'une famille, le fils, le père et la grand-mère, marquée par le départ sans bruit de la mère, l'épouse, la belle-fille.
L'enfant qui - Jeanne Benameur.
Editions Actes Sud, mai 2017, 120 pages.
Présentation de l'éditeur :
Trois trajectoires, trois personnages mis en mouvement par la disparition d’une femme, à la fois énigme et clé.
L’enfant marche dans la forêt, adossé à l’absence de sa mère. Il apprend peu à peu à porter son héritage de mystère et de liberté. Avec un chien pour guide, il découvre des lieux inconnus. À chaque lieu, une expérience nouvelle. Jusqu’à la maison de l’à-pic.
Le père, menuisier du village, délaisse le chemin familier du Café à la maison vide. En quête d’une autre forme d’affranchissement, il cherche à délivrer son corps des rets du désir et de la mémoire.
Et puis il y a la grand-mère, qui fait la tournée des fermes voisines, dont le parcours encercle et embrasse le passé comme les possibles.
Porté par la puissance de l’imaginaire, L’Enfant qui raconte l’invention de soi, et se déploie, sensuel et concret, en osmose avec le paysage et les élans des corps, pour mieux tutoyer l’envol.
L’enfant marche dans la forêt, adossé à l’absence de sa mère. Il apprend peu à peu à porter son héritage de mystère et de liberté. Avec un chien pour guide, il découvre des lieux inconnus. À chaque lieu, une expérience nouvelle. Jusqu’à la maison de l’à-pic.
Le père, menuisier du village, délaisse le chemin familier du Café à la maison vide. En quête d’une autre forme d’affranchissement, il cherche à délivrer son corps des rets du désir et de la mémoire.
Et puis il y a la grand-mère, qui fait la tournée des fermes voisines, dont le parcours encercle et embrasse le passé comme les possibles.
Porté par la puissance de l’imaginaire, L’Enfant qui raconte l’invention de soi, et se déploie, sensuel et concret, en osmose avec le paysage et les élans des corps, pour mieux tutoyer l’envol.
Ma lecture :
Un texte de Jeanne Benameur se savoure comme une friandise. Il est d'abord une poésie. Plus qu'un roman, c'est une plongée sensuelle au cœur d'une peinture. Ici, trois personnages sont représentés : le fils, son père et sa grand-mère. Ils forment une famille, vivent dans la même maison, mais paraissent pourtant bien seuls. Isolés les uns des autres. Renfermés sur eux-mêmes, dans leurs pensées et leurs regrets. Celle qui plane entre eux et au-dessus d'eux, c'est la mère, l'épouse, cette femme singulière, qui vient d'ailleurs et porte sa différence de manière flamboyante. La mère a disparu et depuis le temps s'est arrêté. On ne sait si elle est morte ou si elle a repris la route, mais il faudra que ceux qui restent apprennent à vivre avec l'absence et le manque.
C'est de cette reconstruction dont nous parle Jeanne Benameur, de cette nécessité de faire son deuil pour pouvoir continuer à vivre. Elle décrit avec émotion et sensualité ce lien de chair et indestructible existant entre la mère et son fils, entre l'amante et son époux, et qui subsiste bien au-delà de l'absence. Jeanne Benameur y ajoute avec subtilité une dose de magie, un côté surnaturel qui nous transporte un peu plus encore dans l'univers de la poésie.
Il faut ouvrir son esprit pour aborder ce texte, laisser de côté ses a priori et sa rationalité toute cartésienne. Il faut se laisser transporter par la langue et l'écriture de l'auteure. Ne pas chercher à tout comprendre, à tout expliquer, mais se laisser envahir par la poésie des mots. Plus que le récit, c'est la langue qui transmet des émotions, des sensations et des images qu'il faut accueillir avec tendresse pour partager entièrement ces moments douloureux que traversent les trois membres abandonnés de cette famille.
"Tu dis des mots dans une langue que tu ne connais pas. La langue sauvage de ta mère dans ta bouche. Tu égrènes des sons dans la forêt. Les forêts sont faites pour ça. Les forêts portent sur leurs branches les mots de ceux qui ont erré et les plaintes qu'aucun être humain ne peut entendre. Les forêts oublient les mots et la neige les recouvre quand elle enrobe chaque branche. Cela fait les feuilles neuves du printemps. Les mots oubliés ont perdu leur sens. Ceux qui les ont dit sont morts ou égarés. Parfois ils restent toute leur vie dans les forêts et plus personne ne sait ce qu'ils sont devenus." (L'enfant qui, Jeanne Benameur, Actes Sud, Mai 2017, page 66)
Comme toujours, ce texte de Jeanne Benameur est court. Mais sa puissance d'évocation est telle que nous ressortons de cette lecture le cœur rempli d'émotions et la tête pleine d'évocations poétiques. Une lecture apaisante qui nous conduit à l'essentiel.
Un très beau texte à mettre entre toutes les mains !
Il me tarde de le lire.....
RépondreSupprimerUne vraie perle !
SupprimerJ'ai lu 2-3 livres de Jeanne mais je n'y ai pas adhéré. Il parait que je ne comprends rien à sa poésie...
RépondreSupprimerIl faut effectivement se laisser porter...
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