Une couverture comme je les adore, souriante, pimpante, joyeuse pour un récit tout aussi vif et coloré. C'est une plongée dans le Brésil des années 1940 à 1960, à la rencontre de femmes de caractère qui découvrent la liberté et aspirent à prendre leur vie en main. Un petit côté Desperate Housewives pour ces mères de famille cantonnées à la maison et que la société n'autorise pas encore à sortir du foyer pour autre chose que pour les courses ou les enfants. Avec le sourire et l'optimisme en plus. Un premier roman réussi, dynamique et plein de fraîcheur, sous le soleil de Rio. Une plume que l'on quitte avec regret tant elle transmet de bonne humeur, même si les faits sont souvent graves et douloureux, comme pouvait l'être la vie des femmes à cette époque.
Les mille talents d'Euridice Gusmão - Martha Batalha.
Editions Denoël, Janvier 2017, 249 pages.
Présentation de l'éditeur :
L’histoire d’Eurídice Gusmão, ça pourrait être la vôtre, ou la mienne. Celle de toutes les femmes à qui on explique qu’elles ne doivent pas trop penser. Et qui choisissent de faire autrement…
«Responsable de l’augmentation de 100 % du noyau familial en moins de deux ans, Eurídice décida de se désinvestir de l’aspect physique de ses devoirs matrimoniaux. Comme il était impossible de faire entendre raison à Antenor, elle se fit comprendre par les kilos qu’elle accumula. C’est vrai, les kilos parlent, les kilos crient, et exigent – Ne me touche plus jamais.
Eurídice faisait durer le café du matin jusqu’au petit déjeuner de dix heures, le déjeuner jusqu’au goûter de quatre heures, et le dîner jusqu’au souper de neuf heures. Eurídice gagna trois mentons. Constatant qu’elle avait atteint la ligne, cette ligne à partir de laquelle son mari ne s’approcherait plus d’elle, elle adopta à nouveau un rythme alimentaire sain.»
«Responsable de l’augmentation de 100 % du noyau familial en moins de deux ans, Eurídice décida de se désinvestir de l’aspect physique de ses devoirs matrimoniaux. Comme il était impossible de faire entendre raison à Antenor, elle se fit comprendre par les kilos qu’elle accumula. C’est vrai, les kilos parlent, les kilos crient, et exigent – Ne me touche plus jamais.
Eurídice faisait durer le café du matin jusqu’au petit déjeuner de dix heures, le déjeuner jusqu’au goûter de quatre heures, et le dîner jusqu’au souper de neuf heures. Eurídice gagna trois mentons. Constatant qu’elle avait atteint la ligne, cette ligne à partir de laquelle son mari ne s’approcherait plus d’elle, elle adopta à nouveau un rythme alimentaire sain.»
Ma lecture :
Comment ne pas succomber à une pareille accroche ?!
Tout est là dans ces quelques phrases : la vivacité de la plume de Martha Batalha, le sourire que ses mots font naître sur nos lèvres, les images qu'elle parvient à créer dans notre esprit, et l'envie d'en découvrir plus. Ces quelques phrases reprises en quatrième de couverture proviennent de la page 14 du roman. Les découvrant si rapidement dans le récit, j'ai eu un moment de frayeur, craignant d'avoir déjà passé le meilleur. Mais rassurez-vous, le reste est aussi enthousiasmant !
"Il se dit qu'il lui fallait des poires. Il descendit du tramway, choisit ses fruits et regarda Euridice plus longtemps que nécessaire pour rendre la monnaie qu'elle lui tendait. Rien chez cette fille n'invitait aux arrière-pensées. Elle portait un chignon, un tablier par dessus sa robe grise, pas la moindre trace de maquillage sur son visage et des yeux qui ne s'intéressaient qu'aux pièces échangées. Constatant qu'Euridice ne lui rendait rien d'autre que la monnaie, il fut véritablement intéressé." (Les mille talents d'Euridice Gusmão, Martha Batalha, Editions Denoël, Janvier 2017, page 106)
Avant l'histoire elle-même, c'est la langue de Martha Batalha, presque parlée, qui accroche le lecteur. Le rythme, les images, l'humour tout en finesse que l'auteure diffuse dans ces pages nous donnent un vrai plaisir à la lecture.
L'histoire, elle, nous invite à partager les rêves de deux sœurs, Euridice et son aînée Guida. Euridice d'abord qui nous réserve de nombreuses surprises. Mariée à Antenor, elle s'applique à se conformer au rôle que la société attend d'elle, celui d'une femme au foyer dont la vie est toute entière tournée vers la tenue de la maison, le bonheur de ses enfants et la tranquillité de son mari. Cela me rappelle des extraits de guides de la parfaite femme au foyer des années 1950 où les auteurs invitaient les épouses à tout organiser pour accueillir leur homme de retour du travail dans une maison propre, rangée, avec un repas mitonné, des enfants propres et coiffés, les chaussons et le journal déposés près du fauteuil.
Guide de la parfaite femme au foyer - 1950's |
Seulement, Euridice avait d'autres aspirations. Elle était de celles qui avaient la soif d'apprendre et la malchance d'avoir des capacités dans un milieu où une femme n'est pas sensée trop réfléchir. Euridice expérimente alors de nombreuses activités, en cachette de son mari, jusqu'au moment où celui-ci découvre ses écarts et la remet dans le droit chemin. Guida avait aussi des rêves mais s'est confronté au manque de courage d'hommes qui ne souhaitent pas sortir du schéma familial établi par leurs familles et la société, au manque de courage de maris qui ne veulent pas s'opposer à leurs mères.
Un premier roman savoureux, enjoué, souriant, ensoleillé. A découvrir sans hésiter.
D'autres avis chez Histoire d'en lire, Ramettes, ou Mallysbooks.
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