Sorj (Georges) Chalandon, journaliste et écrivain, est le fils d'un partisan de l'Algérie française. Enfant, il reçoit une éducation quasi
para-militaire. Ce livre, Sorj Chalandon commence à l'écrire au décès de son père. Et c'est semble-t-il de son histoire dont il est question ici. L'histoire d'un fils et de son père mythomane qui entraîne toute sa famille dans son délire. Quand son père décède en
2014, Sorj Chalandon ne sait toujours pas quelle aura été sa profession.
Dans ce roman, puisque c'en est un, Émile a 13 ans et tente par tous les moyens de séduire ce père si exigent et dont la carrière est tellement impressionnante.
Profession du père de Sorj Chalandon.
Éditions Grasset, 19 Août 2015. 320 pages.
Présentation de l'éditeur :
Mon père a été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Un jour, il m’a dit que le Général l’avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m’a annoncé qu’il allait tuer de Gaulle. Et il m’a demandé de l’aider.
Je n’avais pas le choix.
C’était un ordre.
J’étais fier.
Mais j’avais peur aussi…
À 13 ans, c’est drôlement lourd un pistolet.
Mon père a été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Un jour, il m’a dit que le Général l’avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m’a annoncé qu’il allait tuer de Gaulle. Et il m’a demandé de l’aider.
Je n’avais pas le choix.
C’était un ordre.
J’étais fier.
Mais j’avais peur aussi…
À 13 ans, c’est drôlement lourd un pistolet.
Ma lecture :
Que ces 320 pages ont été vite englouties ! Quel récit marquant, et déconcertant. Violent à la fois.
Comment cet homme a-t-il pu en arriver là ? La mythomanie est une prédisposition à altérer la vérité, à mentir, imaginer des histoires. Poussée à l'extrême, cette tendance conduit à s'inventer une vie, voire à des comportements criminels visant à protéger cette vie imaginaire.
J'ai eu l'occasion de croiser une personne souffrant de cette "pathologie". Dans quelle mesure, je ne saurais le dire. Quels qu'aient été les hameçons que nous pouvions lui lancer, cette personne y mordait toujours. Photographe, pilote de rallye, champion de natation, ayant eu des responsabilités professionnelles exceptionnelles... C'était "divertissant"... et navrant à la fois, générant un sentiment de pitié de notre part.
Mais à la lecture de ce livre, j'ai été terrifiée à l'idée que cette personne aussi avait des enfants. Quelle(s) histoire(s) pouvait-elle leur raconter ? Qu'écrivent-ils dans la case "profession du père" ?
Pour revenir au récit de Sorj Chalandon, c'est Émile qui nous raconte son histoire, celle d'un jeune adolescent de 13 ans qui idéalise ce père ayant exercé tous les métiers possibles et inimaginables, qui a les relations les plus haut placées, et qui impose une autorité sans faille au sein de sa famille. Émile et sa mère, sous l'emprise de cet homme malade.
Émile est le narrateur, emporté dans cette folie qu'il ne perçoit jamais. Une folie à laquelle il participe parfois aussi, certain de servir la bonne cause. Espérant trouver grâce aux yeux de ce père violent. Cette histoire nous est rapportée à travers le regard de cet enfant, puis de l'homme qu'il deviendra. Et cette façon qu'à Émile de percevoir le monde qui l'entoure est perturbante. D'abord bouleversante quand ce jeune garçon lutte désespérément pour satisfaire les exigences de son père et ne reçoit que mépris et violence. Puis inquiétante, ensuite, quand l'enfant se met à suivre les traces de son père et à se lancer pleinement dans les délires de celui-ci. Douloureuse enfin, quand, petit à petit, l'adulte qu'il devient finit par soupçonner l'immense mensonge qu'a été son existence. Sans, probablement, en perçoive toute l'ampleur.
Le plus célèbre des menteurs... |
Puis vient forcément la question : comment tout cela est-il possible ?
Et manquent les explications... celles du père qui restera fidèle à lui-même jusqu'à sa mort, de la mère qui sera fidèle à son mari jusqu'à la fin, du fils qui ne se révolte pas...
Voici un livre perturbant, dans une écriture accessible mais précise, juste, qui ne se laisse jamais aller au pathos, qui garde distance et respect.
C'est le premier livre que je lis de cet auteur aux nombreuses reconnaissances. Mais ce n'est très probablement pas le dernier.
Très bien dit : une écriture accessible mais précise. J'adore les romans de Sorj Chalandon ! Il faut en lire d'autres, ils sont tellement mais tellement... excellents !
RépondreSupprimerJ'y compte bien !! Merci du conseil.
SupprimerJe n'ai pas été intéressée par les mêmes choses que toi dans cette lecture. Mon billet bientôt.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé comme tous ceux de l'auteur que j'ai lus, mais avec quelques réserves, un peu long parfois.
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