Il arrive rarement que je lise des ouvrages pour le boulot. Il est encore plus rare que j'en parle ici. Sauf que depuis que mon poste a un peu évolué, je me trouve à lire des choses qui m'intéressent plus et que j'ai envie de partager avec vous.
Les blogs que je lis étant bien souvent l’œuvre de personnes qui travaillent dans le milieu de l'enseignement, ou en lien avec des enfants, la plupart d'entre vous étant eux-mêmes parents, il me semblait intéressant de partager les réflexions de Laurent Ott sur le dur "métier" de parent.
Éducateur spécialisé, enseignant, animateur, formateur et docteur en philosophie, l'auteur est un militant engagé dans les innovations éducatives et pédagogiques.
Etre parent, c'est pas un métier ! de Laurent Ott.
Éditions Faber, octobre 2008. 128 pages.
Les parents sont souvent dans le doute. Ils se retrouvent isolés,
fragilisés et assaillis de questions et de responsabilités. Ils
s'interrogent, se remettent en cause, sont fréquemment en détresse. Ils
ont besoin de comprendre ce qui leur arrive.
Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que la parentalité a changé et qu'il est de plus en plus difficile d'être parent. Pourtant ce n'est pas ce dernier que l'on entend mais des spécialistes qui parlent à d'autres spécialistes.
Je crois indispensable de s'adresser aujourd'hui aux parents sur des questions fondamentales. Il s'agit de donner corps aux idées et aux interrogations que tout un chacun est amené un jour ou l'autre à se poser sur le sens de cette expérience dont on parle tout le temps sans en parler vraiment.
Avec ce livre, j'espère proposer une aide véritable à une époque où il n'est plus possible de se contenter de reproduire des modèles mais où il est nécessaire que chaque parent s'engage et définisse sa propre pensée.
Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que la parentalité a changé et qu'il est de plus en plus difficile d'être parent. Pourtant ce n'est pas ce dernier que l'on entend mais des spécialistes qui parlent à d'autres spécialistes.
Je crois indispensable de s'adresser aujourd'hui aux parents sur des questions fondamentales. Il s'agit de donner corps aux idées et aux interrogations que tout un chacun est amené un jour ou l'autre à se poser sur le sens de cette expérience dont on parle tout le temps sans en parler vraiment.
Avec ce livre, j'espère proposer une aide véritable à une époque où il n'est plus possible de se contenter de reproduire des modèles mais où il est nécessaire que chaque parent s'engage et définisse sa propre pensée.
Ma lecture :
A travers ce livre, je cherchais à comprendre ce que pouvaient vivre les parents aujourd'hui, quelles pouvaient être leurs besoins, leurs attentes. Il s'agissait pour moi de trouver des clefs pour travailler avec les parents, les familles.
N'étant plus habituée aux lectures universitaires, j'ai eu l'agréable surprise de découvrir un texte fluide, facile à lire, avec des renvois à l'expérience de l'auteur, qui peut très bien être celle de tout un chacun. Être parent, ce n'est pas un métier, ça ne s'apprend pas, ça s'expérimente et ça se vit. "C'est une tâche ouverte, à géométrie variable, inachevée, qui offre plein de possibles."
Et c'est ce rôle qui est décrit dans ce court essai pédagogique, dans un rapport du parent à l'enfant mais aussi, et surtout, à l'institution, que ce soit l'école bien sûr, mais également les collectivités, le milieu médical... Et en ce sens, beaucoup de choses sont à faire évoluer, tant l'Institution met le parent à distance, même quand elle propose d'associer et de faire participer. Il s'agit de quitter cette perception du parent alibi, démissionnaire et/ou laxiste, pour en faire un véritable partenaire de l'éducation de nos enfants. Envisager la co-éducation dans le sens de la formule où "il faut tout un village pour élever un enfant". Les parents à eux seuls ne peuvent pas tout, contrairement à ce que la société aujourd'hui tend à leur renvoyer.
"De nombreux parents perdent leur propre autorité à tenter à tenter de soutenir celle défaillante des institutions. Combien de pères, combien de mères vivent l'enfer à la maison car ils se sentent tenus de contraindre leurs enfants à faire des devoirs qui ne sont pas à leur portée ou à accomplir des punitions, dans la vertu desquelles eux-mêmes ne croient plus ? Il y a transfert de la faillite d'autorité des institutions vers les parents auquel ces derniers feraient bien de résister s'ils ne veulent pas aussi perdre la leur."
A ce stade, les parents deviennent le bras "armé" de l'institution, esclaves de ses règles et de la contrainte institutionnelle qu'elle exerce. Mais est-ce bien le rôle du parent ?
"Et si être parent c'était avant tout faire connaître le monde, l'environnement, la vie ? Si c'était accompagner un enfant dans la découverte de choses belles, dans la construction de sa personnalité propre ? Si être parent c'était témoigner de ce que doit être la vie d'homme et de femme ? Vie pleine, entière, citoyenne et sexuée. Si être parent c'était montrer en actes comment on peut prendre part à la vie sociale, culturelle et politique de sa ville et de son quartier ?"
Encore faut-il que les parents se sentent légitimes, et fiers, de transmettre des choses à leurs enfants. Encore faut-il qu'ils osent prendre part à cette vie sociale, culturelle et politique et affirmer leur singularité qui peut faire la fierté de leurs enfants. L'institution est-elle capable de reconnaître chacun dans sa différence, dans sa culture et selon ses idées politiques. Les parents ont bien d'autres choses à transmettre que les programmes scolaires ou tout autres outils de distinction sociale et culturelle.
"Des parents intégrés dans leur quartier, qui sortent, ont des amis qui viennent et vont aussi souvent les voir ; des parents qui ont une passion, une occupation, et qui peuvent y intégrer à un moment donné leur enfant ; des parents qui ont des projets et les mettent en œuvre, c'est bien plus important que des parents organisateurs de loisirs ou G.O. de leurs enfants."
A la fin du livre, Laurent Ott nous questionne sur ce que l'on entend par la réussite de notre enfant. Ce terme de réussite est aujourd'hui à la mode avec la multiplication des plans d'actions pour la réussite des enfants, le développement des programme de réussite éducative... Mais finalement,
"Que souhaitons-nous EXACTEMENT quand nous voulons que nos enfants réussissent dans la vie ? Que souhaitons-nous quand nous voulons qu'ils fassent partie des meilleurs ? Quel est réellement notre but ? Quel sens cela peut-il bien avoir ? Faut-il que nos enfants deviennent des personnes équilibrées et épanouies, éventuellement drôles et créatives ? Et dans ce cas, la réussite scolaire et sociale est-elle vraiment l'unique voie pour y parvenir."
Beaucoup de questionnements salutaires dans ce livre, car si nous pouvons ne pas partager l'ensemble des points de vue de l'auteur, ils nous invitent à reconnaître que les choses ne fonctionnent pas comme elles le devraient, laissant de plus en plus d'enfants et de jeunes en marge du système éducatif classique. Comme le parent, l'institution, quelle qu'elle soit, doit expérimenter, tester de nouvelles options. Elle doit également redonner au parent toute sa place, et strictement sa place de parent et de citoyen, sans vouloir en faire un instituteur ou un répétiteur. Les parents ont tellement de choses à apporter à leurs enfants, d'expérience, d'estime de soi... pour ne pas les cantonner dans un rôle qui n'est pas le leur, mais celui de l'institution.
Ce livre ne donne pas de méthodes miracles pour travailler avec les parents, les familles. Mais il change le regard que le professionnel peut porter sur ce partenaire incontournable de l'éducation des enfants. Il change aussi l'image que le parent peut avoir de lui-même (et sur les autres) dans une société qui lui rejette toute la responsabilité et qui se remet bien peu en cause elle-même.
Un livre qui ouvre avec facilité et bienveillance la voie vers le questionnement et l'évolution des pratiques. A conseiller à tous les professionnels qui ne craignent pas d'être un peu bousculés, ni de s'approcher des parents.
Un sujet qui m'intéresse.
RépondreSupprimerParent, on l'est aussi à l'instinct ou au feeling en fonction des situations et des cadres et limites de chacun... C'est différent lorsqu'on élève des enfants qui ne sont pas les nôtres...
RépondreSupprimerEn effet, et les choses sont différentes selon que l'on est soit même un parent ou/et que l'on travaille avec/pour les parents.
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