Auteur : Eric Pessan
Titre :Muette
Broché : 224 pages
Editeur : Albin Michel
Collection : Littérature générale
Edition : 21 août 2013
Un magnifique récit sur l'adolescence.
Un magnifique récit sur l'adolescence.
Présentation de l'éditeur :
« La nuit, déjà, et Muette écoute vibrer les insectes, glissée
jusqu’au nez dans son sac de couchage. Elle a chaud mais ne peut se
résoudre à se découvrir. Dehors, dans le grand monde, des gens courent à
sa recherche, elle n’a plus de doute à ce sujet. Elle y est. Elle a
grand ouvert les portes de sa vie. »
Par sa maîtrise de la langue au plus près des émotions, des impulsions et des souvenirs d’une jeune fugueuse, Eric Pessan, l’auteur d’Incident de personne, compose un roman envoûtant et d’une rare justesse pour évoquer la mue mystérieuse de l’adolescence.
Par sa maîtrise de la langue au plus près des émotions, des impulsions et des souvenirs d’une jeune fugueuse, Eric Pessan, l’auteur d’Incident de personne, compose un roman envoûtant et d’une rare justesse pour évoquer la mue mystérieuse de l’adolescence.
Ma lecture :
Second titre d'Eric Pessan lu pour la prochaine rencontre de notre Comité de lecteurs, et nouvelle plongée au cœur de l'adolescence. Je ne sais pas si ce thème est récurrent dans la bibliographie de l'auteur, mais il est le sujet de ces deux derniers livres.
Dans ce récit, nous suivons Muette dans sa fugue. L'écriture d'Eric Pessan est fine et précise et nous entraîne après Muette dans la campagne environnante, on ne sait pas bien où entre Tours et l'océan, le long de la Loire et de la ligne TGV.
Muette, lycéenne, s'enfuit de chez elle, un foyer à trois, où père et mère se concentrent sur leur petite personne et accusent Muette de tous leurs maux. Muette leur permet de se défouler et de déverser l'aigreur qu'ils ont accumulée dans leur petite existence minable. Muette, née trop tôt, pas attendue, a brisé tous leurs rêves. Personne ne l'écoute, n'y prête attention. Elle est pourtant toujours là pour encaisser les remarques déplaisantes et les critiques gratuites.
Un foyer assez banal pourrait-on dire, où la vie n'est pas vraiment celle que l'on a rêvée, où les parents triment sans rapporter assez d'argent à la maison pour vivre confortablement, où maman court toujours, entre le travail, les obligations de la maison et les devoirs à faire réviser. Et dans cette tornade quotidienne, des enfants, Muette en l’occurrence, qui servent d'exutoire et absorbent cette tension permanente.
Il semble qu'il y ai pourtant de bons moments, mais Muette les effacent bien vite de sa mémoire, pour se concentrer sur les douleurs. Car comme tout adolescent, Muette se complait dans la souffrance et le malheur, dans sa posture de martyr. Les écouteurs vissés dans les oreilles, Muette ressasse.
Mais à l'inverse de la plupart des adolescents, Muette est seule, à la maison comme en dehors, au lycée. Muette ne partage pas avec ses parents ces petits moments de bonheurs qui permettent malgré tout de supporter cet état de sensibilité extrême propre à l'adolescence. Et puis Muette semble avoir vécu des moments douloureux, sur lesquels l'auteur ne s'attarde pas mais qui semble porter toute sa détresse.
Muette, un prénom terrible. Condamnée dès la naissance à ne pas pouvoir s'exprimer. Prénom de cette grand-mère que la mère n'a pu enterrer pour cause d'accouchement prématuré. Quelle quantité de non-dits dans ce récits. Quelle fatigue et quelle lassitude. Ces histoires de famille que l'on tait mais que l'on se transmet bien malgré soi. Ces phrases prononcées quand on pense être seul.
C'est avec ce bagage que Muette s'enfuit dans la campagne à quelques kilomètres de chez elle. Dans cette vieille grange abandonnée, elle devient animal parmi les animaux. Elle retrouve ces sensations instinctives qui la rapproche de tous les animaux qui vivent autour d'elle. Ce récit est également un véritable hymne à la nature, celle qui nous entoure immédiatement et que l'Homme saccage progressivement.
Ce livre est un concentré d'émotions et de sensations. La fin m'a pourtant laissée un peu sceptique, je ne suis pas sûre de l'avoir comprise. A moins que cela ne soit un peu court. Un beau roman sur l'adolescence néanmoins : je suis curieuse de savoir d'où l'auteur tient tout ce matériaux sur cette étape vers l'âge adulte, et sur les adolescentes tout particulièrement !
Deux ouvrages, avec "Et les lumières dansaient dans le ciel", qui m'ont donné envie d'en lire plus.
D'autres avis chez Hélène, Yv, Mimi ou Carnets de lecture.
Dans ce récit, nous suivons Muette dans sa fugue. L'écriture d'Eric Pessan est fine et précise et nous entraîne après Muette dans la campagne environnante, on ne sait pas bien où entre Tours et l'océan, le long de la Loire et de la ligne TGV.
La Loire |
Muette, lycéenne, s'enfuit de chez elle, un foyer à trois, où père et mère se concentrent sur leur petite personne et accusent Muette de tous leurs maux. Muette leur permet de se défouler et de déverser l'aigreur qu'ils ont accumulée dans leur petite existence minable. Muette, née trop tôt, pas attendue, a brisé tous leurs rêves. Personne ne l'écoute, n'y prête attention. Elle est pourtant toujours là pour encaisser les remarques déplaisantes et les critiques gratuites.
Un foyer assez banal pourrait-on dire, où la vie n'est pas vraiment celle que l'on a rêvée, où les parents triment sans rapporter assez d'argent à la maison pour vivre confortablement, où maman court toujours, entre le travail, les obligations de la maison et les devoirs à faire réviser. Et dans cette tornade quotidienne, des enfants, Muette en l’occurrence, qui servent d'exutoire et absorbent cette tension permanente.
Il semble qu'il y ai pourtant de bons moments, mais Muette les effacent bien vite de sa mémoire, pour se concentrer sur les douleurs. Car comme tout adolescent, Muette se complait dans la souffrance et le malheur, dans sa posture de martyr. Les écouteurs vissés dans les oreilles, Muette ressasse.
"Elle colle son oreille contre la gorge de sa mère pour mieux l'entendre chantonner de l'intérieur. La mélodie est une vibration de basses, Muette se relâche, se détend, jure à sa mère qu'elle l'aimera toujours et sa mère jure en retour qu'elle la protégera toute sa vie, elles sont bien [...]"
(Muette - Eric Pessan - Albin Michel - page 91)
Mais à l'inverse de la plupart des adolescents, Muette est seule, à la maison comme en dehors, au lycée. Muette ne partage pas avec ses parents ces petits moments de bonheurs qui permettent malgré tout de supporter cet état de sensibilité extrême propre à l'adolescence. Et puis Muette semble avoir vécu des moments douloureux, sur lesquels l'auteur ne s'attarde pas mais qui semble porter toute sa détresse.
Muette, un prénom terrible. Condamnée dès la naissance à ne pas pouvoir s'exprimer. Prénom de cette grand-mère que la mère n'a pu enterrer pour cause d'accouchement prématuré. Quelle quantité de non-dits dans ce récits. Quelle fatigue et quelle lassitude. Ces histoires de famille que l'on tait mais que l'on se transmet bien malgré soi. Ces phrases prononcées quand on pense être seul.
La Muta - Raphael - 1507-1508 |
C'est avec ce bagage que Muette s'enfuit dans la campagne à quelques kilomètres de chez elle. Dans cette vieille grange abandonnée, elle devient animal parmi les animaux. Elle retrouve ces sensations instinctives qui la rapproche de tous les animaux qui vivent autour d'elle. Ce récit est également un véritable hymne à la nature, celle qui nous entoure immédiatement et que l'Homme saccage progressivement.
"Enfant, Muette pensait que le brouillard masquait un monde imparfaitement assemblée. La nuit, elle croyait que le monde n'existait plus, [...] qu'il se désagrégeait, s'effilochait, et que de grandes machines le reformaient chaque matin juste avant son réveil."
(Muette - Eric Pessan - Albin Michel - page 118)
Ce livre est un concentré d'émotions et de sensations. La fin m'a pourtant laissée un peu sceptique, je ne suis pas sûre de l'avoir comprise. A moins que cela ne soit un peu court. Un beau roman sur l'adolescence néanmoins : je suis curieuse de savoir d'où l'auteur tient tout ce matériaux sur cette étape vers l'âge adulte, et sur les adolescentes tout particulièrement !
Deux ouvrages, avec "Et les lumières dansaient dans le ciel", qui m'ont donné envie d'en lire plus.
D'autres avis chez Hélène, Yv, Mimi ou Carnets de lecture.
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Seconde lecture de l'auteur retenu par le Comité de lecteur pour sa prochaine rencontre, ce mardi.
Ah ce moment si délicat de l'adolescence, tous les mêmes et pourtant si différents...
RépondreSupprimerEt ces histoires de familles, si uniques, si banales aussi, car on en a tous, des plus ou moins enfouies, avouables...
Merci pour cette découverte!