26 février 2014

Violette Nozière - Vilaine chérie

Scénario : Eddy Simon
Illustrations : Camille Benyamina 
Titre : Violette Nozière - Vilaine chérie

Broché :  96 pages
Editeur : Casterman
  1ère Edition : 15 janvier 2014

Beau à faire froid dans le dos...




Présentation de l'éditeur :

Paris, 1933. Elle a défrayé la chronique. On l'a surnommée l'ange noir. Elle s'appelait Violette...


Ma lecture :

"Faire que sa vie soit un roman.
Dès le lycée prendre un amant,
Et pour cela tuer père et mère
Comme l'aurait fait Violette Nozière."
(Tueuses - Juliette - Paroles Pierre Philippe - Musique Didier Goret)




Voilà tout ce que je connaissais de Violette Nozière, quelques paroles d'une chanson de Juliette, artiste que j'aime beaucoup.

En furetant sur vos blogs, celui de Mango particulièrement, j'ai aperçu à plusieurs reprises la couverture de cet album. Le dessins et ses couleurs m'ont séduite. Je me suis donc rendue chez mon libraire acheter cet album, ce qui reste l'un de mes rares achats BD.

C'est donc, comme toujours, la couverture qui m'a attirée. L'album est conforme à mes attentes sur ce point. Le dessin est précis, riche, détaillé. Les couleurs sont denses, vives ou sombres selon le moment du récit. Elles sont toujours légèrement passées, comme des photos un peu jaunies. L'atmosphère qui se dégage des planches est délicate et douce, en contraste avec la nature de Violette, impulsive, cynique et aimante à la fois.


Le récit est troublant. Il est difficile de comprendre Violette. Fille unique d'un couple aimant, Violette semble avoir grandit dans un environnement plutôt douillet. Bonne élève, elle était une enfant choyée par ses parents. Puis ses rêves d'adolescente ont fait d'elle une tueuse. On ne comprend pas très bien comment elle pu aller si loin tant elle semble attachée à ses parents, sa mère essentiellement. Violette est partagée entre ses rêves de grandeur et de mondanités et les sentiments qu'elle semble avoir, malgré tout, pour ses parents. Ses désirs seront les plus forts, et son besoin d'argent également. Comme les jeunes filles de son âge, Violette rêve d'amour et de châteaux. Mais contrairement à elles, elle ne fera pas la part de la réalité et de ses rêves. Le récit laisse planer une ombre sur les véritables intentions et sentiments de Violette. On a du mal à comprendre ce qu'elle perçoit réellement de la réalité et des drames qu'elle provoque. De son côté, l'amour indéfectible de la mère pour sa fille est particulièrement poignant. Un beau récit, qui présente cependant, il me semble, un parti-pris un peu en décalage avec ce que furent les débats à l'époque des faits.

Car en effet, la France de l'époque, 1934, est coupée en deux. Les uns, plutôt à gauche de l'échiquier politique, en font le symbole de la lutte contre la société et ses dérives ; les autres, à droite, en appellent à un retour à l'ordre moral et aux valeurs. Les surréalistes en font leur muse, l'Humanité la présente comme une victime du patriarcat. Car il y a un point essentiel qui n'est pas pleinement retranscrit dans ce récit, c'est, semble-t-il, le doute qui a prévalu au moment du procès quant à la possibilité d'un inceste subit par Violette Nozière par son père. Il est présenté par l'auteur comme un moyen de défense trouvé Violette mais non comme une éventualité réelle. Or il semble que cela fut la raison de la relative clémence des juges.



Pour conclure, je dirai que ce qui m'intrigue le plus, et que ne raconte pas cet album, c'est plutôt la vie de Violette après... Elle sera libérée en 1945 puis réhabilité le 13 mars 1963. Mariée en 1946, elle aura 5 enfants qui ignoreront tout de cette affaire jusqu'à son décès en 1966. Cette réhabilitation plus de 30 ans après les faits est chose exceptionnelle dans ce type d'affaire et témoigne bien des circonstances particulières de ce crime.

Dans le doute, je retiendrai cette phrase de l'écrivain Jean-Marie Fitère :"On frémit en songeant que si, en 1934, la peine de mort n'avait pas été abolie pour les femmes, Violette Nozière eût été exécutée, emportant avec elle ses prodigieuses capacités de repentir et de rachat."



Lire les avis chez Noukette, Choco et Moka.


Chez Mango


4 commentaires:

  1. "Beau à faire froid dans le dos." Tu le dis très justement !

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  2. C'est terrible, cette histoire! Je serais curieuse de voir comment la BD réussit à bien la traiter, avec de simples dessins et quelques textes forcément restreints!

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    1. Le scénario est nécessairement restrictif par rapport à la réalité des débats de l'époque. Il donne cependant envie d'en savoir plus et campe bien le décor. C'est une bonne approche.

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