16 octobre 2019

L'île aux remords - Quella-Guyot - Morice

C'est en musardant dans les rayonnages de la bibliothèque que je suis tombée sur cet album auquel je n'ai pas pu résister. J'ai tout de suite reconnu le dessin de l'illustrateur breton Sébastien Morice découvert avec Facteur pour femmes, un magnifique album réalisé lui aussi avec son compère Didier Quella-Guyot au scénario. J'avais été séduite par le dessin et les couleurs, par les tableaux de cette Bretagne pleine de chaleur, au cœur de la 1ère guerre mondiale, et par le récit original d'un facteur resté seul sur une île peuplée quasi uniquement de femmes dont les hommes sont au front.
En découvrant cet album, je m'étais sentie transportée immédiatement au cœur de cet univers breton plein de couleurs et de caractère. Si cet album joue encore avec l'insularité, c'est dans les Cévennes que l'histoire se déroule, en haut d'une colline coupée du reste du monde par de gigantesques inondations. Nous y retrouvons un père et son fils, Jean, que les tourments de l'Histoire se sont chargés de séparer.



Présentation de l'éditeur :

1958. Les Cévennes sont la proie d'inondations gigantesques. Jean, médecin de campagne, va porter secours à son père qui vit encore dans les collines. Mais cela fait 25 ans qu'il est parti brutalement, sans donner la moindre nouvelle, pour entrer dans l'armée coloniale. A mesure que l'eau monte, la colline devient une île où père et fils sont contraints de se parler et de faire le point sur une histoire familiale compliquée.
Aux froides certitudes de Jean, le père oppose un humanisme ancré dans la terre. Les certitudes de Jean risquent d'être emportées par la crue, et les a priori avec !


Carnet de lecture :

La première chose qui vous séduira dans cet album, c'est le dessin de Sébastien Morice. C'est ce qui m'avait attirée dans "Facteur pour femmes". On retrouve le coup de crayon assuré et franc, les cases se succèdent comme des tableaux, donnant au lecteur l'impression de parcourir une galerie d'exposition. Contrairement à ce précédent album, les couleurs sont plus douces, plus fondues, quand elles étaient alors très vives et franches. Les tons un peu sourds, sépia parfois, diffusent une impression de nostalgie. Les couleurs, poudrées, offrent beaucoup de douceur et d'émotions à ce récit.




Côté scénario, nous découvrons deux époques et deux récits qui s'entrecroisent : tout d'abord les crues mémorables qu'ont connues les Cévennes en 1958, puis l'histoire des bagnes de Guyane et d'Indochine, tel Poulo Condor, le plus grand bagne français. L'auteur nous fait découvrir ces deux moments et ces différents lieux, qu'il complète d'une histoire familiale très riche. Les personnages sont complexes et l'isolement de Jean et de son père sur ce petit bout de montagne les invite à se livrer et à s'apprivoiser un peu. La généalogie de la famille n'est pas si limpide qu'il n'y paraît et les secrets vont finir par se raconter. On découvre aussi des réflexions d'une autre époque sur les bagnes et les populations des "colonies" françaises.

On ne s'ennuie pas cet album : le scénario est riche et les illustrations envoutantes. Pas moyen de le lâcher avant de l'avoir terminé, même si on se plaît à s'attarder sur les dessins et à revenir en arrière. Une lecture très plaisante.


L'Ile aux remords
Scénario : Didier Quella-Guyot
Dessin et couleurs : Sébastien Morice
Éditions Grand Angle, octobre 2017, 78 pages.




Cette semaine chez Noukette







9 commentaires:

  1. J'avais beaucoup aimé, tant pour l'histoire que pour le dessin

    RépondreSupprimer
  2. Je suis fan de ce duo d'auteurs !

    RépondreSupprimer
  3. Ca a l'air très beau et ce que tu en dis donne très envie. Merci pour la découverte !

    RépondreSupprimer
  4. Il faut vraiment que je découvre cet album ! Ses thématiques me plaisent.
    Et comme toi, j'avais tellement aimé "Facteur pour femmes" !

    RépondreSupprimer
  5. J'avais adoré "Facteur pour femmes" tant pour les dessins que pour l'histoire. Je sais que j'ai déjà noté celui-ci quelque part, mais je renote !!

    RépondreSupprimer
  6. J'ai préféré Facteur pour femmes mais ça reste un très bon album.

    RépondreSupprimer
  7. C'est vrai que les dessins sont sublimes! J'espère la lire bientôt.

    RépondreSupprimer
  8. J'avais aimé "facteurs pour femmes". Je lirai certainement celui-ci si je mets la main dessus.

    RépondreSupprimer
  9. Cet album aurait mérité plus de pages. Par contre graphiquement, il est top !

    RépondreSupprimer