Le Chevalier d'Eon… ce nom ne m'était pas inconnu, même si je ne me souviens pas des circonstances qui me l'ont fait connaître. Les bibliothécaires de Libre Cour ont signalé cette série de 2 tomes d'un joli cœur. Je me suis donc laissée tentée, d'autant que le dessin et les couleurs m'attiraient.
Cela fait bien longtemps que je n'ai pas lu de BD (je ne suis pas fan, mais c'est aussi une lecture détente, de celles qui pointent leur nez avec les journées qui raccourcissent…), et plus encore que je n'en ai pas chroniqué. Il est temps d'y remédier.
Me voici donc propulsée à la cour flamboyante et colorée de Louis XV. En compagnie de ce Chevalier d'Eon à l'identité sexuelle ambiguë, je découvre le dessous, les dessous aussi, de l'histoire de l'Europe au XVIIIème siècle.
Le chevalier d'Eon - Tomes 1&2 - Agnès Maupré
Éditions Ankama, janvier 2014 & mai 2014, 96 & 128 pages.
Présentation de l'éditeur :
Esprit fin, fine lame, le chevalier d'Eon est une icône de l'ambiguïté sexuelle et l'un des grands mystères de notre Histoire. Les polémiques sur son sexe sont l'un des plus croustillants potins du XVIIIe siècle. Mais son histoire n'a de glamour que le commencement. Il a bien été l'espion androgyne aussi à l'aise en jupe qu'en uniforme de capitaine des Dragons, sillonnant la Russie et l'Angleterre pour le compte de Louis XV, mais son dévouement pour ce roi capricieux et peu sûr de lui, lui vaudra plus d'ennuis que de bonnes fortunes…
Ma lecture :
Comme toujours dans les BD, c'est le dessin et la couleur qui m'attirent. Je croise ensuite les doigts pour que le texte et le récit soient à la hauteur. Là, je me suis aussi remise au jugement des bibliothécaires ! J'ai lu les 2 tomes dans la foulée, ce qui m'a permis d'apprécier pleinement le récit (je déteste être interrompue dans ma lecture… surtout lorsqu'il faut attendre 1 an et la parution du tome suivant !). J'ai trouvé ces 2 albums bien différents finalement : ce qui commençait comme une farce et s'est poursuivi comme une opportunité, se termine avec le second tome comme un drame personnel pour le fameux Chevalier d'Eon.
En effet, le tome 1 débute lors d'un bal à la cour de Louis XV où le Chevalier d'Eon se travestit en femme. Est-ce par défit ou en raison d'un penchant naturel, on ne sait pas ce qui le pousse à revêtir une robe. Quoiqu'il en soit, au début de l'album, le lecteur penche pour la farce. Mais très vite, les circonstances poussent le Chevalier d'Eon à sa métamorphoser à nouveau, et ce pour raison politique. Envoyé en Russie, il doit convaincre l'impératrice Elizabeth I de Russie de s'allier à la France et de tourner le dos aux anglais.
Son art du travestissement lui donnera l'opportunité de servir son pays et d'être reconnu auprès des plus grands. On assiste donc dans le 1er album à l'ascension du Chevalier, qui prend une assurance et une place sans pareil à la cour.
Sauf que cette ambiguïté sexuelle, si elle fait parler et sourire au début, finit par lasser et attirer les mauvais esprits. La carrière fulgurante du Chevalier d'Eon fait des jaloux. Mais son plus grand tort, c'est celui d'être ami avec la reine tout en laissant planer l'incertitude sur son identité véritable. Inquiet, le roi finira par l'éloigner, tout en lui conservant sa confiance politique. Mais à la mort de Louis XV, les appuis s'envoleront bien vite et le Chevalier d'Eon finira sa vie isolé et sans le sous, avec obligation de rester femme.
Ce que j'ai aimé dans ce scénario, c'est la représentation de cette incertitude que le Chevalier d'Eon ne parvient pas à clarifier. On pourrait s'attendre à ce qu'il éclaire ses pairs et qu'il cherche à réaffirmer son identité. C'est ce qu'il fera un temps, en s'engageant comme capitaine des Dragons. Mais son histoire le rattrape rapidement et jamais il ne refusera de porter le jupon. Cette indécision est très troublante. Le Chevalier d'Eon reste ainsi oscillant entre deux sexes, alors même que l'auteure nous le montre souvent lassé de cette fausse identité féminine.
J'ai apprécié le 1er tome car il pose toutes ces incertitudes, ces subtilités. Il s'inscrit dans l'Histoire de France et de l'Europe, et cet aspect m'a également beaucoup intéressée. Le 2ème tome m'est paru un peu plus long. Il perd le charme de la surprise et se contente du récit historique (ce qui est néanmoins passionnant). Quant à la fin, elle m'a paru un peu abrupte. Mais si j'ai moins aimé le second album, l'ensemble de l'histoire m'a beaucoup plu.
Pour ce qui concerne le dessin : j'adore. Et tout particulièrement la couleur. Agnès Maupré, scénariste, illustratrice et coloriste de ces albums, nous plonge dans un tourbillon de couleurs, de tissus flamboyants, et ça, je suis fan. C'est, selon moi, l'une des grandes réussites de cette série. Le trait, dynamique, plein de vivacité, traduit également avec beaucoup de talent l'énergie des personnages.
Le cocktail dessin, couleurs et récit historique me plaît : je ne doute pas de retrouver bientôt Agnès Maupré, avec sans doute Milady de Winter… et, dans un autre style, Le journal d'Aurore ne me déplairait pas non plus. Une belle découverte. Merci aux bibliothécaires !
En effet, le tome 1 débute lors d'un bal à la cour de Louis XV où le Chevalier d'Eon se travestit en femme. Est-ce par défit ou en raison d'un penchant naturel, on ne sait pas ce qui le pousse à revêtir une robe. Quoiqu'il en soit, au début de l'album, le lecteur penche pour la farce. Mais très vite, les circonstances poussent le Chevalier d'Eon à sa métamorphoser à nouveau, et ce pour raison politique. Envoyé en Russie, il doit convaincre l'impératrice Elizabeth I de Russie de s'allier à la France et de tourner le dos aux anglais.
Son art du travestissement lui donnera l'opportunité de servir son pays et d'être reconnu auprès des plus grands. On assiste donc dans le 1er album à l'ascension du Chevalier, qui prend une assurance et une place sans pareil à la cour.
Sauf que cette ambiguïté sexuelle, si elle fait parler et sourire au début, finit par lasser et attirer les mauvais esprits. La carrière fulgurante du Chevalier d'Eon fait des jaloux. Mais son plus grand tort, c'est celui d'être ami avec la reine tout en laissant planer l'incertitude sur son identité véritable. Inquiet, le roi finira par l'éloigner, tout en lui conservant sa confiance politique. Mais à la mort de Louis XV, les appuis s'envoleront bien vite et le Chevalier d'Eon finira sa vie isolé et sans le sous, avec obligation de rester femme.
Ce que j'ai aimé dans ce scénario, c'est la représentation de cette incertitude que le Chevalier d'Eon ne parvient pas à clarifier. On pourrait s'attendre à ce qu'il éclaire ses pairs et qu'il cherche à réaffirmer son identité. C'est ce qu'il fera un temps, en s'engageant comme capitaine des Dragons. Mais son histoire le rattrape rapidement et jamais il ne refusera de porter le jupon. Cette indécision est très troublante. Le Chevalier d'Eon reste ainsi oscillant entre deux sexes, alors même que l'auteure nous le montre souvent lassé de cette fausse identité féminine.
J'ai apprécié le 1er tome car il pose toutes ces incertitudes, ces subtilités. Il s'inscrit dans l'Histoire de France et de l'Europe, et cet aspect m'a également beaucoup intéressée. Le 2ème tome m'est paru un peu plus long. Il perd le charme de la surprise et se contente du récit historique (ce qui est néanmoins passionnant). Quant à la fin, elle m'a paru un peu abrupte. Mais si j'ai moins aimé le second album, l'ensemble de l'histoire m'a beaucoup plu.
Pour ce qui concerne le dessin : j'adore. Et tout particulièrement la couleur. Agnès Maupré, scénariste, illustratrice et coloriste de ces albums, nous plonge dans un tourbillon de couleurs, de tissus flamboyants, et ça, je suis fan. C'est, selon moi, l'une des grandes réussites de cette série. Le trait, dynamique, plein de vivacité, traduit également avec beaucoup de talent l'énergie des personnages.
Le cocktail dessin, couleurs et récit historique me plaît : je ne doute pas de retrouver bientôt Agnès Maupré, avec sans doute Milady de Winter… et, dans un autre style, Le journal d'Aurore ne me déplairait pas non plus. Une belle découverte. Merci aux bibliothécaires !
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