10 mars 2018

La méprise - Vladimir Nabokov

Ouf ! 5ème sortie de PAL, et deuxième lecture commune avec Lire & Merveilles. Mais douloureuse lecture. J'espère que la prochaine sera moins ardue. Après L'obscure clarté de l'air, de David Vann, La méprise de Nabokov n'est pas non plus une lecture qui se laisse apprivoiser facilement. Comme pour le David Vann, j'ai mille fois été tentée de refermer le livre au cours des premières pages. Au cours du premier tiers en fait... Et ça fait bien long. L'auteur, ou plutôt le narrateur, se perd en digressions et considérations diverses qui m'ont prodigieusement lassée. Après 4-5 pages, le livre me tombait des mains, rendant la lecture encore plus longue et ennuyeuse. Mais, lecture commune oblige, je m'y suis accrochée pour finir par goûter vraiment mon plaisir.

La méprise de Vladimir Nabokov.
Éditions Gallimard, 03 octobre 1991, 256 pages.


Présentation de l'éditeur :

« La méprise, dans un esprit de parenté absolu avec le reste de mes livres, n'a aucun commentaire social à faire, ni aucun message à accrocher entre ses dents. Ce livre n'exalte pas l'organe spirituel de l'homme et n'indique pas à l'humanité quelle est la porte de sortie. Il contient bien moins "d'idées" que tous ces plantureux et vulgaires romans que l'on acclame si hystériquement dans la petite allée des rumeurs entre les balivernes et les huées. [...]
Hermann et Humbert sont identiques comme deux dragons peints par le même artiste à différentes périodes de sa vie peuvent se ressembler. Tous deux sont des vauriens névrosés ; cependant il existe une verte allée du Paradis où Humbert a le droit de se promener à la nuit tombée une fois dans l'année ; mais l'Enfer ne mettra jamais Hermann en liberté surveillée. »
Vladimir Nabokov.


Ma lecture :

Je n'avais jamais lu Nabokov avant ce titre qui trône dans ma bibliothèque depuis... certainement une éternité. Je ne me souviens pas de la raison de mon achat.

Dans ce livre écrit en russe et paru en 1934, le narrateur, Hermann, écrivain mégalomane et menteur invétéré, nous raconte sa rencontre impromptue avec Félix, son double, physiquement. Si, dans les premiers chapitres, Hermann semble être un homme d'affaires classique du début du XXème siècle, progressivement il se révèle beaucoup plus complexe et d'un caractère moins limpide.
"Si je n'étais parfaitement sûr de mon talent d'écrivain et de ma merveilleuse habileté à exprimer les idées avec une grâce et une vivacité suprêmes... Ainsi, plus ou moins, avais-je pensé commencer mon récit."

Ce sont là les deux premières phrases du livre, qui témoignent bien du caractère hautement égocentrique du narrateur. Si la première partie du roman m'a à ce point agacée, c'est que je me demandais toujours qui parlait ainsi ? L'auteur ou le narrateur, ce fameux Hermann ? Tant que j'ai pu penser que Nabokov pouvait témoigner d'autant de suffisance, j'ai été exaspérée par ma lecture.

Puis progressivement, on se laisse entraîner dans le délire du narrateur dont on ne sait pas très bien quel est son métier, d'où il tire son train de vie, ce qu'il attend de Félix, le vagabond rencontré au début du récit. D'abord bouleversé par la similitude des traits entre lui et l'inconnu, Hermann semble lié à cet homme dont il semble se sentir responsable. Puis il agit de manière toujours plus étrange et on ne comprend plus très bien ce qu'il cherche dans cette relation avec Félix.

Les choses virent ensuite au drame et Hermann révèle ses motivations bien plus troubles. Tout ce que le lecteur pouvait tenir pour acquis devient suspect et rien n'est plus ce qu'il semble. Suffisant, prétentieux, Hermann est certain de pouvoir réaliser le crime parfait, tel un véritable artiste à l'image, en négatif, de Sherlock Holmes. Finalement, on plonge dans cette histoire déconcertante comme dans un polar, avalant les pages pour découvrir de quelle manière ce brave Hermann va bien pouvoir s'en sortir.

En conclusion, je dirais, comme pour le David Vann, passez outre la première impression (qui sera peut-être meilleure pour vous qu'elle ne l'a été pour moi) et laissez vous happer par l'esprit tortueux de Hermann.

Quelques avis chez La bouche à oreilles, Tête de lecture, ou encore Contre-critique.



   





4 commentaires:

  1. Des histories toujours un peu torturées, avec cet auteur.

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    1. Je serai bien tentée d'en lire un autre quand même... La défense Loujine par exemple. Quand j'aurai l'esprit libre ;-)

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  2. Je crois avoir tout lu de Nabokov et sa période russe était ma préférée (j'ai failli faire un mémoire sur lui je ne suis pas psychopathe hein ;)). C'est amusant dans ta citation ce nom de Humbert (il est aussi dans Lolita)... J'avais oublié l'histoire de ce roman... ce n'est sans doute pas le plus marquant.

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    1. Oui, je ne sais plus bien comment il a atterri dans ma PAL... Surtout que ce n'est pas si vieux que ça je pense (quelques années quand même) : je pense que je pensais me plonger sérieusement dans un challenge Classiques... Mieux vaut tard que jamais !

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