07 octobre 2015

Les eaux troubles du mojito - Philippe Delerm

Depuis ma rencontre littéraire avec Philippe Delerm grâce à la lecture de Paris l'instant, magnifique texte illustré par les photographies de sa femme, Martine Delerm, je cherche à retrouver cette douceur, ce plaisir, cette poésie née de l'alliance réussie entre les textes de Monsieur et les photos de Madame.
J'ai lu depuis Ma grand-mère avait les mêmes et Je vais passer pour un vieux con... et chaque fois j'ai été déçue de ne pas retrouver cet instant de poésie, cette douceur qui m'avait fait beaucoup aimer ma première rencontre avec l'auteur. Sans doute les photos y étaient pour beaucoup, si simples, presque banales, offrant une vision décalée de la capitale.
En cette rentrée littéraire, je tente à nouveau ma chance...

Les eaux troubles du mojito de Philippe Delerm.
Éditions Seuil, août 2015. 110 pages.


Présentation de l'éditeur :

Elles sont nombreuses, les belles raisons d’habiter sur terre. On les connaît, on sait qu’elles existent. Mais elles n’apparaissent jamais aussi fortes et claires que lorsque Philippe Delerm nous les donne à lire.
Goûter aux plaisirs ambigus du mojito, se faire surprendre par une averse et aimer ça, contempler un enfant qui apprend à lire en bougeant imperceptiblement les lèvres, prolonger un après-midi sur la plage...
« Est-ce qu’on est plus heureux ? Oui, sûrement, peut-être. On a le temps de se poser la question. Sisyphe arrête de rouler sa pierre. Et puis on a le temps de la dissiper, comme ce petit nuage qui cachait le soleil et va finir par s’effacer, on aura encore une belle soirée. »

Ma lecture :
"Ils ont couru, se sont baignés, ont sorti les raquettes, le ballon, des magazines. Les hommes ont fait la sieste, le visage dans l'ombre du parasol. La femme âgée a surtout regardé les autres, un sourire de partage au coin des lèvres, tendant la joue à des baisers mouillés, empressés et distraits. Maintenant la fraîcheur tombe. Ils se blottissent dos à dos, il reste encore des abricots. Des silences s'installent. C'était un beau dimanche, oui. Attendre que les derniers bouchons aient disparu avant le pont de Nantes. Attendre, reculer demain. Attendre que les joies dispersées laissent la place à l'idée du bonheur, qui donne le frisson. Juste la nuit qui vient, enfiler un pull." (Les eaux troubles du mojito, Philippe Delerm, Ed. Seuil, page 18)

Si j'avais eu un sentiment de déception à la lecture de Ma grand-mère avait les mêmes et Je vais passer pour un vieux con..., j'ai retrouvé dans ces nouveaux textes quelques plaisirs et instants qui m'ont touchés. Certains me parlent, évoquent une réalité et un passé pour moi, comme le texte dont est extrait le passage ci-dessus, La deuxième étoile, qui évoque ces moments suspendus hors du quotidien, ces moments de vacances volés en fin de semaine, avant le retour dans les embouteillages du dimanche soir. Ici, Philippe Delerm parle des escapades des nantais au bord de la mer, plus loin, dans Les réponses de Monsieur Hulot, il nous conduit du côté de Saint-Marc-sur-Mer, station balnéaire de Saint-Nazaire et lieu de tournage d'un film de Jacques Tati, Les vacances de Monsieur Hulot.

Plage de Monsieur Hulot - Saint-Marc-sur-Mer (44)
 
Dans ce livre, Philippe Delerm nous parle des vacances, de la plage, sur la côte atlantique, des ambiances familiales et bon enfant. On regarde les avions passer, tirant leur banderole publicitaire, allongés au soleil, sur la plage. Mais on croise aussi des regards, des sourires, dans le métro ou sur un trottoir. On se prend de pitié pour Assurancetourix. On se souvient d'une averse, que l'on prend le temps d'écouter, sous un arbre à Cahors pour ce qui me concerne.

D'autres textes ne m'évoquaient rien, ou peu de choses, parce que ce ne sont pas pour moi des souvenirs. Ces textes sont très personnels et je pense que si l'on ne partage pas avec l'auteur ces instants passés, ils ne nous toucheront pas. Peut-être est-ce pour cela que j'avais aimé Paris l'instant, pour cette plongée dans une ville que j'avais appris à regarder différemment et où j'avais aimé vivre. C'est ce qui se passe ici, avec ces souvenirs de vacances sur la côte atlantique.

Un livre poétique et doux, qui me donne envie de retrouver l'auteur, surtout dans l'un des livres qu'il partage avec sa femme.


Papiers de soi - Martine Delerm (Éditions du Seuil)


Pour découvrir d'autres avis, je vous invite à lire les billets de Jérôme, de Carnet de lecture, ou de la Lecturienne.











4 commentaires:

  1. Non, décidément, il ne me tente pas.

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  2. Pas très tenté, j'ai l'impression que P. Delerm tourne en rond

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    1. Un sentiment que je partage : il y a du bon et du plus banal... Mais un format qui se répète.

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  3. Je connais très peu Delerm, mais je ne suis pas sûr qu'il soit dans mon style. Je ne suis pas souvent sensible à la poésie des mots. Toutefois, l'expérience est à tenter...
    Bonne fin de semaine.

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