19 janvier 2019

Ce qui reste en forêt - Colin Niel

J'ai lu ce roman il y a quelque temps déjà mais le billet était resté dans mes brouillons. Généralement, je ne m'aventure pas à écrire un commentaire si longtemps après ma lecture, ne faisant que très moyennement confiance à ma mémoire. C'est d'ailleurs pour cela que je suis venue au blog : pour me souvenir au moins des titres et des auteurs… et éventuellement du récit.
Cette fois-ci pourtant, je ne crains pas la faiblesse de ma mémoire : j'étais tellement plongée dans ma lecture que j'en garde un souvenir vivace. A part peut-être pour le dénouement… mais cela ne vous dérangera pas puisque je ne vous en aurais de toute façon pas parlé.
J'ai découvert Colin Niel grâce au Club des lecteurs de ma librairie préférée, avec Seules les bêtes, mon livre coup de cœur de 2017. Après la venue de l'auteur à ladite librairie, chez Lise&moi si vous voulez tout savoir, j'ai voulu découvrir la série des enquête du capitaine Anato en Guyane, dont il parle si bien.
Grand bien m'en a pris : j'ai adoré le polar et l'évocation de la Guyane et d'une réalité qui nous paraît bien lointaine vue de métropole.

Ce qui reste en forêt - Colin Niel.
Editions Actes Sud - Babel noir, juin 2015, 496 pages.

Présentation de l'éditeur :

Un homme a disparu. Aux abords de la station scientifique de Japigny, en pleine forêt amazonienne, les équipes de la gendarmerie parties à sa recherche ont la stupeur de trouver un cadavre dont le légiste ne va pas tarder à révéler qu'il a les poumons remplis d'eau. Qui a noyé Serge Feuerstein ? Alors que les soupçons se portent très vite sur les orpailleurs dont le chantier clandestin est installé non loin, le lieutenant Girbal ne peut s'empêcher d'établir un lien entre la découverte énigmatique en Guyane d'une dépouille d'albatros, oiseau des terres australes, et le décès du naturaliste. Sous le choc de la révélation de l'existence d'un frère inconnu, le capitaine Anato est quant à lui plus que jamais déchiré entre les conflits d'ordre personnel et les turbulences d'une enquête qui répand le chaos.
Avec ce roman choral, Colin Niel orchestre un récit saisissant dans une campagne où le monde n’arrive que par rêves interposés. Sur le causse, cette immense île plate où tiennent quelques naufragés, il y a bien des endroits où dissimuler une femme, vivante ou morte, et plus d’une misère dans le cœur des hommes.


Ma lecture :

La Guyane tient la vedette dans ce récit : elle est le personnage principal du roman. C'est parce qu'elle est ce qu'elle est, parce que l'Amazonie est tellement présente, que le récit a cette force envoutante.

"Ce qui reste en forêt" est le deuxième récit des enquêtes du capitaine Anato en Amazonie française. Il fait suite au premier : "Les hamacs de carton" et précède "Obia" et "Sous le ciel effondré", paru en octobre 2018.

Colin Niel sait tenir son lecteur en haleine, et le passionner pour un univers totalement inconnu de lui.
Il y a d'abord l'enquête, qui débute dans la forêt amazonienne, dans la station scientifique de Japigny, au cœur des rivalités et ambitions professionnelles. Un scientifique de la station a disparu. Les gendarmes partis à sa recherche s'enfoncent dans la forêt, moite et étouffante. Ils finissent par le retrouver, mort, au fond d'un gouffre, après avoir été aidés par le bruit de coups portés sur le tronc d'un arbre. Qui les aura guidés ? Pourquoi cette personne ne s'est-elle pas montrée ? Les pistes sont nombreuses, l'enquête est dense, et l'auteur prend plaisir à y mêler l'histoire de ses personnages : Anato particulièrement, qui va à la recherche de ses racines tribales.


Amazonie - Guyane (DOM)


Puis s'invite la Guyane, sa magnifique forêt, un univers oppressant, saturé de chaleur et d'humidité, une histoire et un quotidien stigmatisé par les chantiers d'orpaillage illégaux qui sont une véritable tragédie pour le territoire et ses habitants. Colin Niel connaît bien la Guyane pour y avoir vécu et travaillé comme en tant que chef de mission pour la création du parc amazonien de Guyane. Le portrait qu'il nous dresse de ce département d'outre-mer est loin d'être exotique ou idyllique. Il montre de manière très réaliste la violence de ce territoire où la misère est dramatique. Pauvreté de ces français d'outre-mer, mais également des Garimpeiros brésiliens qui entrent illégalement sur le territoire pour y dénicher les précieuses pépites qui pourraient faire d'eux des hommes riches et heureux. Sauf que, comme partout, quelques voyous ou criminels exploitent cette misère, et en font une tragédie, tant humaine qu'écologique. L'auteur montre sans angélisme la catastrophe humaine et écologique qui se déroule dans ce petit coin de France au bout du monde, à l'abris des regards.

Si j'ai adoré lire ce polar et l'enquête d'Anato, j'ai aussi, et surtout, été passionnée par la découverte culturelle et ethnologique d'une Guyane que je ne connais pas du tout. J'ai bien fait de réparer mon oubli et de terminer enfin ce billet, car je m'étais promis de lire Obia. Or aujourd'hui que sort Sous le ciel effondré, je réalise que je n'en ai pour le moment rien fait. Vu les nombreux prix reçus par l'auteur pour ce troisième opus de la série Anato, je me dis que j'ai bien tort ! Heureusement, il est toujours bien en vue à la librairie, et est aussi disponible à la bibliothèque.

"Pour un non initié, ce qui frappait en premier lieu lorsqu’il pénétrait dans la jungle équatoriale, c’était son apparente vacuité. Jamais il ne croisait les serpents, mygales géantes et autres fauves qui alimentent les fantasmes citadins. La faune restait discrète, ne se dévoilant que sous conditions."



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